Je n'aimerais pas être à la place de notre chef de gouvernement. En effet, le voilà confronté à une tâche difficile : trouver des ministres désireux de suivre aveuglement la politique de restriction des dépenses publiques et de soutien sans contrepartie aux entreprises, alors que les élus de la majorité présidentielle sont de plus en plus nombreux à comprendre, et, surtout, à reconnaître enfin publiquement, que cette politique est dangereuse pour notre économie, et notre pays, et, de plus, profondément inégalitaire.
Donc, il est question, en quelques heures, de refonder une équipe ministérielle théoriquement socialiste, mais en fait néolibérale, œuvrant pour les marchés (pour les possédants de la planète... disons, à l'ancienne, « pour le capital »). Justement alors que le voile se lève et qu'un certain nombre de députés et de ministres se sont permis de faire savoir qu'ils n'étaient pas dupes de l'erreur politique et économique monumentale de cette stratégie de soumission à la finance internationale et aux grands groupes (et à la politique allemande conduite par Mme Merkel).
« Tous à plat ventre devant les marchés » pour les gouvernants qui n'ont pas de courage politique : cela se traduit par « Mordons ensemble la poussière » pour les pauvres, les personnes âgées, les malades, les familles, les classes moyennes... Vive les rentiers et les spéculateurs ! 30% d'augmentation des bénéfices, quand même, cette année, pour les actionnaires en France (cf "De qui se moque-t-on ?" de Corinne N). Les élus de gauche savent que leurs électeurs ne sont pas dupes...
Non seulement cette politique fait du mal aux citoyens, non seulement elle est injuste, mais, de plus, elle ne peut pas marcher ! Parce que si les citoyens sont saisis à la gorge, la première chose qu'ils font, c'est de diminuer leur consommation. Et, s'ils emploient un ou des salariés, ils ne peuvent que licencier. D'où baisse de la consommation, ralentissement de la machine économique, et donc des rentrées fiscales, et augmentation de cette sacro-sainte dette fictive...
Bon, mais je crois, cependant, que la situation de notre Premier Ministre n'est pas désespérée. D'ici demain, il aura trouvé quelque ministre écologiste pas vraiment de gauche, quelque radical qui va ravaler son ressentiment sur la réforme territoriale, etc.
Est-ce que cela fera le compte ? Je ne sais pas.
Aussi, ai-je une solution à lui proposer. Dans l'urgence d'une crise de cette ampleur, il faut resserrer les rangs et cesser de se cacher derrière son petit doigt : je suis sûre que l'on peut trouver des volontaires pour sauver la politique de restriction budgétaire si chère à notre Président et à son chef de gouvernement. Je propose un certain nombre de représentants du grand patronat, quelques haut fonctionnaires internationaux ayant prêché la bonne parole néolibérale sous couvert de soutien aux pays pauvres, et quelques anciens responsables d'une très grande banque d'affaire internationale (certains sont déjà pris, mais il en reste un bon nombre, j'imagine, prêts à donner de leur personne pour redresser le pays dans le bon sens, celui qui amène à la faillite et aux rachats des biens publics à bas prix par des investisseurs avisés et sans scrupules)...
Il va sans dire que tous ces postulants seront de droite.
Mais on est cohérent ou on ne l'est pas...