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Billet de blog 27 février 2014

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Mon ennemie, c'est l'abstention...

Ah, comme je les comprends, les déçus de la politique, les trahis du parti, les épuisés du militantisme... Et comme je partage leurs rancœurs et leurs désillusions !

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Ah, comme je les comprends, les déçus de la politique, les trahis du parti, les épuisés du militantisme... Et comme je partage leurs rancœurs et leurs désillusions !

Mais comme je regrette aussi que cette colère ne leur serve pas à voter pour contribuer à arrêter la machine néolibérale folle qui nous conduit droit dans le mur !

Ils sont forts, ceux qui, durant des décennies, ont œuvré au développement de l'individualisme. Seul chez soi, on s'ennuie, on a la pensée qui tourne à vide. Alors on allume la télé ou on passe des heures devant un écran. Comme ça, on absorbe des quantités de publicités nous poussant à consommer, et on est soumis à une propagande qui vise à nous faire croire que le monde est dangereux, que notre pays s'est endetté auprès des banques et que ce sont les citoyens qui doivent payer, en impôts et en perte de lois sociales et de droit du travail. On nous fait croire, contre tout raisonnement logique et fait d'expérience (cf La Grèce), que la solution au problème de cette dette indue serait de casser les services publics et de tout donner au privé (le privé serait, soi-disant, plus rentable : mais rentable pour qui ? Surtout pour les actionnaires...).

Oui, ils sont forts, ceux qui savent, à un degré de sophistication extrême, manier le « Diviser pour régner ». Ils savent, ceux qui tiennent les médias, ne parler que des divisions du groupe à la gauche du PS. Ils savent instiller ce sentiment auquel les militants pro-traité européen avaient donné un slogan, nanti d'un joli prénom, TINA : « There is no alternative ».

L'absence d'alternative est un leurre. C'est par conditionnement que l'on en est convaincu, que ce soit au niveau de son travail ou au niveau politique. On a toujours le choix. Cela ne signifie pas qu'il ne faut pas réfléchir aux alternatives : une alternative, cela se construit, et il faut souvent mettre la main à la pâte, et prendre le temps nécessaire. Mais quand on se retrouve devant le faux choix suivant : se soumettre ou affronter un conflit dont on sortira perdant, c'est que celui qui est en face a pipé les dés et a réussi à nous convaincre que l'on a perdu la main.

Dans un vote, on a la main : on est des dizaines de millions à avoir la main.

Oh, certes, on peut effectivement trouver, partout, des candidats tenant des discours électoralistes dont ils savent bien qu'ils ne les appliqueront jamais, certains d'entre eux étant même carrément pourris. De même, il y a un certain nombre d' électeurs qui sont d'accord avec l'évolution néo-libérale du monde. Soit qu'ils en tirent des bénéfices réels, soit qu'ils adhèrent simplement au principe de la loi du plus fort sans véritable contre-pouvoir. Mais je crois bien, pourtant, que cela ne concerne pas la majorité des adultes en âge de voter. Cependant, un certain nombre d'entre ces opposants éventuels n'iront pas voter lors des prochaines élections parce qu'ils pensent faire ainsi acte d'opposition, et ne veulent pas, comme ils le disent parfois « cautionner un système » avec lequel ils ne sont pas d'accord.

Voter ne cautionne rien du tout. Voter c'est donner une voix de plus à ceux qui sont susceptibles de représenter le mieux (ou le moins mal) ce que l'on veut pour sa commune, son pays, ou l'Europe. Une voix, ce n'est pas grand-chose. Mais des millions de voix, cela fait beaucoup.

Si tous les abstentionnistes venaient exprimer par leurs voix leur désir de changement, cela s'entendrait. Et il y aurait beaucoup plus d'élus moins conformes au bipartisme à l'américaine qui est en train de s'installer en France.

Je l'ai dit ailleurs : ne pas voter, c'est donner une voix à son adversaire. C'est laisser le champ libre à ceux qui savent s'unir pour récolter des voix lors d'un combat électoral et utiliser, parfois sans aucun scrupule, des arguments et des méthodes propagandistes.

Alors, bien sûr, il y a des cas particuliers qui peuvent conduire à un véritable choix abstentionniste, ou du vote blanc, notamment au deuxième tour. Ce n'est pas de cela dont je parle. Ceux à qui je m'adresse sont ceux qui s'abstiennent par principe, ne réalisant pas que la multiplication de ces positions individuelles conduit le panel électoral à être constitué en majorité de ceux qui sont plutôt d'accord avec les systèmes politiques mis en place jusqu'à présent. Ceux à qui je m'adresse sont aussi ceux qui, comme moi, ont reçu dans leur boîte mail un courrier conseillant de s'abstenir et qui risquent de se laisser tenter par le mirage de la mutité volontaire électorale.

Sachez, amis tentés par l'abstention, ne pas vous laisser voler votre droit de vote : d'autres, plus conformistes, ou attirés par les sirènes fausses d'une droite qui polit son image au point de prétendre défendre le peuple, vont utiliser le leur. Ne laissez pas leur voix étouffer la votre, élisez des représentants qui vous ressemblent et vont, vraiment, vous représenter.

Sachez exprimer votre colère et votre refus. Au niveau des élections, le silence n'est pas d'or, à part pour les autres...

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