Je n'ai pas lu le dossier de dix pages la concernant dans un célèbre magazine féminin, bien malgré moi. En effet, comme la France entière, je me suis précipitée chez mon buraliste pour connaître les pensées de la femme du Président, mais comme c'était le lendemain de la sortie de cette édition d'importance je n'ai pas pu en trouver un seul exemplaire. Bon, je ne suis pas allée jusqu'à en commander un en cas de réédition : le ridicule ne tue pas mais il peut nous rendre idiot, je me protège donc de ce destin funeste...
Quel dommage, je ne saurai donc jamais comment Madame la princesse-consort a choisi le couturier qui l'habille désormais : un goût personnel pour les vêtements de luxe à tissu raide et montrant le genou, ou le résultat de complexes discussions concernant autant le protocole que la comm' politique et les ententes à un haut niveau... Je ne saurai pas comment Madame M. vit les voyages officiel ou son intégration à l’Élysée. Je ne partagerai pas non plus ses pensées ni ses sentiments sur cette nouvelle expérience : cependant, j'imagine sans mal que devenir compagne de Président c'est plus stimulant que faire la tournée des capitales européennes avec un groupe de récents retraités.
D'après ce que je comprends, cette charmante personne sourit beaucoup et a toujours l'air contente, donc je pense qu'elle ne va pas se plaindre de sa condition. Ça viendra plus tard, quand la chute dans les sondages de son cher et tendre la blessera et qu'elle viendra au secours de son époux en témoignant des qualités extraordinaires de celui-ci (oui, j'ai quand même su qu'elle avait employé ce terme...). Cela s'est déjà vu...
D'ailleurs, c'est un peu ça l'idée : Monsieur le Président a des choses pas très agréables à nous dire (suppression de l'ISF sur les transactions financières et augmentation de la CSG avec diminution du pouvoir d'achat des retraités, diminution des APL, casse des lois du travail etc. Et tout ça en trois mois... sans compter le déni de démocratie consistant à faire passer des lois par ordonnances ) et il choisit de ne pas nous les dire mais d'envoyer sa femme faire sa promo en parlant d'autre chose.
J'imagine les conseillers en communication qui savent que, de l'enthousiasme artificiel pro-Macron du deuxième tour, il ne reste que l'image positive de son couple, et qui décident de miser encore plus sur la story-telling Brigitte...
Le peuple veut du « people », il veut se mirer dans le miroir doré des grands de ce monde : un peu de l'aura brillante qui les entoure va rendre moins terne son quotidien et va opportunément le détourner des sujets qui fâchent.
Oui, certes, mais il ne faut pas prendre non plus les gens pour des cons. Plus on nous renvoie l'image de ce couple de puissants à la figure, plus on se dit que c'est nous qui avons donné le pouvoir à cet homme (enfin, pas moi...) pour nous protéger et bien s'occuper de nous, pas pour faire des cadeaux aux riches en prenant aux pauvres. On lui a donné le pouvoir et il parlait de transparence, ce n'était pas pour garder le verrou de Bercy, ni pour soi-disant négocier le texte des ordonnances concernant le travail avec les syndicats sans permettre à ceux-ci de lire les projets.
Bref, plus on voit les robes de Madame M, plus on se demande pourquoi, nous, on a de moins en moins d'argent pour s'en acheter, des robes, même bon marché.
Le succès de la pétition contre le statut de « première dame » devrait alerter Monsieur le Président et ses conseillers : la prise de conscience du peuple de l'entourloupe qu'on lui a faite est rapide et définitive.
On peut tromper longtemps un petit nombre de personnes, on peut tromper un grand nombre de personnes un certain temps, mais on ne peut pas tromper longtemps un grand nombre de personnes.
A fortiori tout un peuple.