Non, il ne s'agit pas d'un nouveau film. Nous parlons bien de Pierre Lellouche et pas de Claude Lelouch, même si l'un et l'autre ont fait des vagues, de portée et d'ampleur toutefois fort différentes.
L'histoire se passe à Bruxelles et pas à Deauville, même s'il s'agit toujours d'un homme et une femme, le premier étant ici Secrétaire d'Etat français en charge des affaires européennes, la seconde Commissaire européen en charge des droits fondamentaux et de la citoyenneté.
Avec beaucoup de retard, Mme Reding a fini par enjoindre la France pour sa politique discriminatoire envers les roms et a menacé Paris d'entamer une procédure d'infraction à la législation de l'Union européenne (1).
Pour sa défense, le Secrétaire d'Etat a cru bon de s'enfoncer un peu plus dans l'apologie de la race des seigneurs, la France étant à ses yeux insoupçonnable du seul fait qu'elle est un « grand pays » et la « mère des droits de l'homme » (2). Tout est dit dans cette expression contraire à l'esprit communautaire : un petit pays ne vaut rien. Le sang bleu vaut tout.
Dans son emportement, Mme Reding a eu cette comparaison malheureuse entre les charters de roms et la déportation des juifs pendant la guerre, semblant avoir ignoré le dérapage précédent de l'archevêque de Toulouse au mois d'août avec pour conséquence son mea culpa (3). Or, il est clair que renvoyer chez eux des centaines de roms à raison de leur seule appartenance communautaire constitue bien une décision discriminatoire mais pas une condamnation à la déportation et encore moins à l'extermination.
Cette erreur l'a contrainte à faire part prématurément de ses regrets, ce qui est regrettable. En effet, son amende honorable est interprétée par Paris, qui lui ne regrette rien, comme un succès diplomatique et une mise au pas de Bruxelles : la force prime le droit, ce qui autorise Nicolas Sarkozy à poursuivre en toute impunité sa charge désinvolte cherchant à se débarrasser de ses roms en les livrant au Luxembourg, puisque Mme Reding n'est pas regardée à ses yeux comme l'une des vice-présidentes de la Commission européenne reconnue par tous mais comme la simple ressortissante d'un petit pays qui n'a que le droit de se taire et à qui on peut refiler tous les bébés dont on ne veut pas.
La France, merde des droits de l'homme (4)...
Lincunable, le 16 septembre 2010
________
http://www.mediapart.frhttp://blogs.mediapart.fr/blog/michbret/160910/bravo-madame-reding
http://www.euractiv.fr/roms-violentes-critiques-lellouche-union-europeenne-article
http://www.24heures.ch/actu/monde/renvoi-roms-deportation-juifs-tolle-2010-08-30
« les marins sont en mer dès l'aurore, en mer dès le matin, en mer dans la journée, ils ont la mer devant, ils ont la mer derrière, ils ont la mer de tous les côtés » (chanson populaire)