Il y a huit jours, le rappeur iranien Toomaj Salehi était condamné à mort pour "corruption sur terre" par la "justice" des mollahs iraniens. Des voix s'élevaient à gauche pour réclamer une plus grande clarté de la part de nos dirigeants de La France Insoumise dans leur réaction face à cette sanction qui touche un jeune homme d'un courage incroyable. Rappelons ici que c'est parce qu'il a soutenu sans faiblir le combat des femmes iraniennes qu'il a été emprisonné, sauvagement torturé et maintenant condamné à mort.
Dans le contexte où des voix se font entendre à juste titre pour dénoncer le sort cruel de la population gazaouie victime d'une barbarie sans nom de la part de l'armée israélienne grâce à la complicité des Etats-Unis, ce qui se passe en Iran ne doit pas enfermer notre gauche, celle en laquelle nous croyons et pour laquelle nous nous battons, dans un piège qui risque de se refermer sur elle.
Mes courriers envoyés en ce sens aux principaux responsables de La France Insoumise sont pour la plupart restés sans réponse (deux retours font exception). Ceux qui ont réagi sur les réseaux sociaux ont re-postés une affiche mélangeant la condamnation de Toomaj avec la lutte pour l'abolition de la peine de mort dans le monde. Certes, ce combat est honorable mais le sort de Toomaj ne doit pas être ramené à la question de la peine de mort.
Et puis, j'ai eu beau scruté les comptes de la plupart des principaux leaders de LFI, je n'y ai pas vu trace de réaction officielle. Je ne soupçonne aucun de nos amis d'avoir une quelconque sympathie pour ce régime iranien barbare et moyenâgeux. J'y vois plutôt une forme de gêne ou de crainte de porter de la confusion dans les différentes luttes qui se mènent en solidarité avec les palestiniens. Un peu comme si il était délicat de critiquer en ce moment les ennemis de nos ennemis.
Parallèlement, le fameux message de l'Ayatollah Khamenei qui soi disant soutiendrait les étudiants de Science-po et d'ailleurs, solidaires de la souffrance des palestiniens, circule de plus en plus dans les médias et est exploité comme il se doit par tous les tenants de la pensée pro-occidentale qui après avoir accusé les élus LFI d'être partisans du Hamas, n'hésitent pas à en faire maintenant des ambassadeurs des Mollahs iraniens.
Nous n'avons visiblement pas tiré les leçons de la polarisation stérile et délétère du débat sur la fameuse condamnation du Hamas, ou la qualification de terroriste ou non, de crime de guerre ou non. Un débat sémantique sans intérêt cultivé à toutes les sauces et qui a souvent empêché de dire l'essentiel, à savoir la cruauté de la répression israélienne à Gaza et dans les territoires de Cisjordanie.
Ne laissons pas nos adversaires profiter de ce qui pour moi est soit une faiblesse, soit un aveuglement mais qui ne devrait en aucun cas faire naître le doute.
Sympathisant de La France Insoumise et lucide sur toutes les attaques injustes et scandaleuses qu'elle subit de la part des médias et du monde politique dominant, je garde une vraie amertume du timide engagement des responsables LFI envers Tommaj.
Les choses sont pourtant limpides : que ce soit à Gaza, en Cisjordanie ou en Iran, la répression sanguinaire des puissants sur les fragiles doit être dénoncée, combattue avec la même intensité. Pour ne pas laisser part au doute !