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Directeur du CIEEG (Centre international d'études Édouard Glissant) au sein de l'Institut du Tout-Monde, des revues « La nouvelle anabase » et « Les Cahiers du Tout-Monde ». VOIR SITE PERSONNEL (fonctions-références-actualités) : www.loiccery.com

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Billet de blog 13 février 2025

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Disparition de « Classica », « L'Avant-Scène Opéra » et « Pianiste » : PÉTITION

Notre monde ne manque pas de scandales. Un de plus : la disparition, en un jour, de trois titres phares de la presse musicale spécialisée : « Classica », « L'Avant-Scène Opéra » et « Pianiste ». Sur l'autel du réalisme économique, et du sacrifice de la culture dans la presse française.

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Illustration 1

DISPARITION DE « CLASSICA », « PIANISTE » ET « L'AVANT-SCÈNE OPÉRA » EN UN JOUR ET LICENCIEMENT SEC DE TOUS LEURS JOURNALISTES : AINSI VA CE MONDE, À QUI IL EST TANT DE DIRE QUE NOUS REFUSONS CETTE LOGIQUE


MA PÉTITION SUR CHANGE.ORG : https://chng.it/gdJvNj6yL5


Pour ceux qui n'auraient pas compris dans quel monde nous nous vautrons et dans quelle logique de cynisme et de calcul capitaliste nous nous enfonçons chaque jour un peu plus : la nouvelle, en un seul jour de la disparition de trois titres phares de la presse musicale spécialisée, Classica, Pianiste et L'Avant-Scène Opéra. Tous trois du groupe Humensis racheté en décembre dernier par les Éditions Albin Michel, qui n'ont pas hésité, dans leur logique de réalisme commercial, à dissoudre tout simplement trois titres essentiels de la presse musicale française.

Trois articles pour en savoir plus : 

Le contexte, je pense que ni vous ni moi ne le découvrons, puisque c'est celui de la dissolution de la culture devant les calculs à court terme, préoccupations budgétaires et visées commerciales. C'est aussi celui que connaissent les institutions musicales en France, orchestres et festivals (à l'exemple du Festival Sinfonia en Périgord, qui vient d'annoncer sa fermeture), sacrifiés sur l'autel de restrictions budgétaires présentées comme indispensables (le « réalisme » des petits fonctionnaires zélés des régions n'a rien à envier aux calculs commerciaux de bas étage d'une maison d'édition à courtes vues). Là même où on avait admiré la capacité des secteurs de la culture, à résister après la crise du covid, ne voilà-t-il pas que maintenant c'est au tour du même secteur de connaître les affres des renoncements coupables des financiers, groupes de presse et autres thuriféraires de fric roi. À l'ère Trump 2, cette logique est bien celle d'un capitalisme sauvage qui ne prend en compte que le profit.


Aujourd'hui, mis à part les « clients », nous sommes tous des « usagers » : des services publics quand ils existent encore, et même de la culture, pourquoi pas. Que les « usagers » de la culture ne se croient pas à l'abri de la logique néo-libérale qui s'abat sur tous, sur chacun de nous et sur la société entière. Quand vous entendez dire que telle entreprise vient de délocaliser (sur le fondement des mêmes calculs) et de licencier des centaines d'ouvriers, ne vous croyez pas à l'abri. Aujourd'hui, des journalistes d'un immense talent, ceux des trois rédactions de ces magazines de qualité (je connais en particulier la rédaction de Classica, pour être un abonné régulier du magazine depuis bien des années) ont reçu leurs lettres de licenciements. Ainsi « remerciés », pour faire vivre cette musique auprès de tous, avec le talent, l’exigence et l’abnégation qui les caractérisent. Voilà donc le sort de ceux qui veulent continuer à faire vire la culture en France.


Il y a quelques mois de cela, les habitués de la SEULE émission consacrée à la musique classique et au jazz sur service public, « Mélodies nocturnes » de Michel Mompontet, se voyaient quant à eux signifier que dans le contexte de l’élection électorale américaine, il valait mieux se mettre « à l’heure américaine » que continuer de bénéficier de ce petit rendez-vous hebdomadaire où un journaliste recevait simplement des musiciens pour parler avec eux de leur art. Vous donc, spectateurs de cette émission, ou lecteurs de ces revues, n’êtes rien, ne signifiez rien, ne valez rien au regard de financiers, de gens qui ont un portefeuille à la place du cerveau.
L’alternative : laisser faire, ou se mobiliser (comme d’habitude). Se mobiliser pourquoi ? Eh bien simplement pour signifier à qui voudra l’entendre, que la presse musicale spécialisée est autre chose qu’une valeur marchande. Que le travail de rédactions de journalistes au service de la musique, de son actualité et de l’accroissement de son public, n’est pas une de ces « variables d’ajustement » dont on nous rabat les oreilles. Et ainsi, même si la mobilisation en question ne débouche sur rien (qui sait ?), au moins vous aurez fait valoir que lecteurs ou spectateurs, vous n’êtes pas dupes des logiques à courte vue selon lesquels aujourd’hui dans ce pays, la culture est laminée, méprisée. Et que vous ne vous laisserez plus prendre aux quelques alibis que le service public vous sert, à coups de Victoires de la Musique. De quelle musique ? Celle qu’on laisse mourir à coup de suppressions sèches de subventions destinées à faire vivre les orchestres et institutions en place, ou celle qu’on vous sert en mettant en avant des têtes de gondoles comme dans un supermarché ?


Voulez-vous, accepterez-vous que les rédactions de Classica, Pianiste et L’Avant-Scène Opéra elles aussi soient méprisées au nom d’une logique de profit ? Ou vous mobiliserez-vous, à votre niveau ? Refusons cette logique délétère et suicidaire pour un pays, quand l'esprit et l'art déserte la scène publique. Et dénonçons la suppression de tris magazine phares de la presse musicale spécialisée en France.


LE LIEN DE LA PÉTITION : https://chng.it/gdJvNj6yL5

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