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Billet de blog 21 mars 2023

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La légende György Cziffra

Il incarne pour certains la virtuosité. Mais György Cziffra fut bien plus qu'un virtuose, il fut un serviteur irremplaçable de la musique et du piano.

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Illustration 1

Dans l'histoire du piano au XXe siècle, la trajectoire du pianiste hongrois naturalisé français György Cziffra a tout de la légende : une vie inouïe qui aurait pu faire l'objet d'un film d'aventures, une vie traversée par les bouleversements et les horreurs du siècle, et sans aucun doute un héroïsme qui renforce l'aura d'un virtuose exceptionnel. En musique, et par ses enregistrements notamment de Liszt, Cziffra demeure l'une des figures marquantes du piano moderne. Il a époustouflé durablement ceux qui l'ont vu sur scène.

Pour commencer et savoir de quel « phénomène » on parle, ce concert du Théâtre des Champs-Élysées de mai 1961, avec successivement la Polonaise « héroïque » op. 53 du Chopin, l'Étude d'exécution transcendante N°10 et la Rhapsodie hongroise N°6 de Liszt : 

György Cziffra - Chopin & LIszt (Paris, 1961) © Vladivostok 1969

Un autre aperçu du « phénomène », ce court sujet établi par France Musique, « György Cziffra, virtuose malgré lui » : 

Mais ce que n'aurait certainement pas aimé György Cziffra, c'est justement qu'on parle de lui comme d'un simple « phénomène », lui que chercha sa vie durant, à échapper à cette image unilatérale du virtuose, et qu'on surnomma « le pianiste aux cinquante doigts ». Car sa relation à la musique dépassait de loin ces dons d'une technique et d'une dextérités demeurés légendaires. La musique sauva la vie de Cziffra, plusieurs fois au cours de sa biographie aux accents souvent tragiques. Cette trajectoire elle-même m'évoque celle de Martin Gray, l'auteur de l'inoubliable roman autobiographique « Au nom de tous les miens ». Quelques mots...

C'est dans un cirque (réellement) qu'enfant, György Cziffra (né en 1921), le petit tsigane de 5 ans, surdoué du piano, fait ses début d'enfant prodige. L'itinéraire classique, par la suite, d'une formation impeccable en Hongrie. Et puis l'arrivée de la guerre, le front de l'Est où il est soldat, puis prisonnier des Russes, puis après la guerre, condamné aux travaux forcés pour rébellion anti-communiste par le régime de Budapest. Pendant trois ans, sachant qu'il est un grand pianiste, on l'oblige à drainer de gros blocs de pierre, et il se fracture gravement le poignet droit. Durant une grande partie de sa carrière par la suite, et après de longues rééducations des mains, il portera un poignet en cuir au poignet droit.

Après sa réhabilitation par le régime, il s'enfuit vers Paris durant la répression de l'insurrection de Budapest en 1956. Accueilli comme réfugié politique en France, il prend la nationalité française et devient ce phénomène de concerts mémorables, de tournées éblouissantes et d'enregistrements qui marquent leur temps. Il est adulé par le monde de la musique, et pour démentir ceux qui crient au phénomène de foire, Cziffra va enregistrer des disques eux-mêmes légendaires où il élargit sensiblement son répertoire.

Son fils, du même prénom que lui, György Cziffra, devenu un brillant et prometteur chef d'orchestre, meurt tragiquement dans un incendie (encore un point commun avec Martin Gray). Le pianiste ne s'en remettra jamais, et sombre progressivement dans l'alcool. Avant une ultime renaissance, de nouveaux enregistrements mythiques et des hommages marquants. Il est emporté par un infarctus en 1994.

Pour en savoir plus sur ce destin hors normes, je conseille cette excellente série de février 2022 de France Musique, « György Cziffra, le pianiste aux 50 doigts » 

Et en guise de cd de chevet, je conseille, parmi les nombreux enregistrements qui émaillèrent la carrière de Cziffra, le coffret des « Œuvres pour piano » de Liszt, maintes fois réédité par Erato.

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