Loïc Céry
Directeur du CIEEG (Centre international d'études Édouard Glissant) et du pôle numérique à l'Institut du Tout-Monde, Directeur des revues « La nouvelle anabase » et « Les Cahiers du Tout-Monde ». VOIR SITE PERSONNEL (fonctions-références-actualités) : www.loiccery.com
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Billet de blog 25 septembre 2022

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Trios de Tchaïkovsy et Arensky par le Trio Wanderer

Les interprétations des trios op. 50 de Tchaïkovsky et N° 1 op. 32 d'Arensky par le Trio Wanderer sont parmi les plus somptueuses de la discographie existante.

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Illustration 1

Je pense qu'il est déjà entendu que le Trio Wanderer constitue depuis plusieurs années l'un des fleurons mondiaux des formations de musique de chambre françaises. Depuis sa formation en 1987, le Trio Wanderer s'est progressivement imposé par la qualité de ses interprétations et par ses enregistrements proprement phénoménaux en termes de relief et de profondeur, qui en font l'un des plus importants trios de l'histoire, au niveau du Beaux-Arts Trio ou du Trio Stern/Rose/Istomin. Adulés à la fois par la critique et par le public, les Wanderer font salles combles depuis des années et ne connaissent que des enregistrements multiprimés dans leur discographie pléthorique, où s'imposent notamment des Beethoven, Mendelssohn, Brahms, Schubert... proprement légendaires, déjà. Une reconnaissance qui s'étend bien plus loin qu'en France, puisqu'ils constituent peut-être la formation française aujourd'hui la mieux représentée et la plus demandée dans le monde.
On n'est jamais intimidé par un enregistrement du Trio Wanderer, qui se caractérise par une humilité notable devant les œuvres, un sens inné des atmosphères et une savante économie des énergies propres à chaque univers des compositeurs qu'ils pratiquent (un large répertoire). Parler de leur discographie place devant de vrais dilemmes, car chacun de leurs albums nécessiterait un focus, que la presse spécialisée a su relever d'ailleurs.
Je parlerai ici d'un enregistrement de 2013 du Trio Wanderer, le célèbre Trio op. 50 de Tchaïkovsky et le Trio N°1 op. 32 d'Arensky.

Illustration 2

Dans l'unique Trio en la mineur op. 50 de Tchaïkovsky, acmé d'un lyrisme instrumental déployé en hommage à Nikolaï Rubinstein, enveloppé du linceul de l'oraison funèbre (« À la mémoire d'un grand artiste »), les Wanderer parviennent comme aucune autre formation, à ménager l'extrême tension de cette partition fleuve marquée par les nombreuses variations du second mouvement. L'art de la tension en effet, dans l'énonciation de la somptueuse et poignante élégie du premier mouvement (« Pezzo elegiaco ») qui sera tant diffractée dans les variations de l'andante.

Piano Trio in A Minor, Op. 50: I. Pezzo elegiaco (Moderato assai) © Trio Wanderer - Topic


Également une inspiration d'éloges funèbres (œuvre dédiée à la mémoire du violoncelliste Karl Davydov) pour le Trio n° 1 op. 32 d'Anton Arensky (1861-1906), compositeur russe nettement moins connu, sauf justement pour ce trio demeuré célèbre pour son troisième mouvement, « Élégie » (adagio). Je ne supporte pas la réputation d'imitateur qu'on a faite à Arensky, dont l'influence de Tchaïkovsky, pour être réelle, ne confine pas pour autant, absolument pas, à l'imitation. Rimski-Korsakov l'a quant à lui méprisé, jugeant tout autant que lui-même aurait été copié par Arensky. Il faut vouer ce type de jugement à la recherche de positionnements qui sévissait parmi les compositeurs en vue dans la musique russe de la fin du XIXe siècle. Car il émane des compositions d'Arensky une inspiration bel et bien personnelle, une sensibilité romantique qui n'est pas redevable unilatéralement à ses modèles, loin de là. Il faut réécouter ce trio pour savoir rendre justice à Arensky, qui mériterait d'être beaucoup plus joué aujourd'hui.
La célèbre Élégie du Trio N° 1 op. 32 d'Anton Arensky par le Trio Wanderer : 

Trio Wanderer - Pianio trio nr 1 opus 32 Elegie (Arenky) (Live @ Bimhuis - Amsterdam) © vpro vrije geluiden

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