Loïc Céry
Directeur du CIEEG (Centre international d'études Édouard Glissant) et du pôle numérique à l'Institut du Tout-Monde, Directeur des revues « La nouvelle anabase » et « Les Cahiers du Tout-Monde ». VOIR SITE PERSONNEL (fonctions-références-actualités) : www.loiccery.com
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Billet de blog 30 oct. 2022

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Bruno Philippe au sommet des Suites pour violoncelle de Bach

Une version ascétique et prodigieuse des six Suites pour violoncelle de Bach, par Bruno Philippe, l'un des représentants de l'excellence de la jeune génération de musiciens français.

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Une merveille. « Encore », pourrait-on presque dire, un jeune instrumentiste français d'un talent infini. Bruno Philippe n'est pas un inconnu du paysage musical français, puisqu'il avait été nommé révélation instrumentale de l'année aux Victoires de la Musique en 2018. Mais aujourd'hui il franchit l'Éverest des violoncellistes, avec une version absolument remarquable des Six Suites pour violoncelle de Bach, chez Harmonia mundi (véritable club actuel des jeunes musiciens français de talent). Cd reçu il y a quelques mois et écouté avec ravissement : prodigieuse intelligence dans une approche aussi équilibrée que fervente, et aussi ascétique qu'expressive. Il ne vous reste plus qu'à écouter pour comprendre cette réconciliation d'antonymes.

Bach: Cello Suite No. 5 in C Minor, I. Prelude | Bruno Philippe © harmonia mundi music

Que se passe-t-il en France actuellement, pour que le monde de cette musique qu'on dit « classique » ruisselle à ce point de jeunes musiciens d'un si grand talent ? Pour un pays longtemps raillé pour sa vie musicale prétendument indigente et souvent comparé à son détriment à l'Allemagne, voilà une véritable avalanche incroyable de talents de tout premier ordre. Une chance considérable, mais pas le fruit du hasard : résultat avant tout d'un enseignement de très haute qualité des conservatoires régionaux et du CNSM. La France, en revanche, souffre d'une éducation musicale réduite à quasiment rien à l'école, et c'est cette disproportion que vient encore mettre en lumière, paradoxalement, ce ruissellement de talents de haut niveau (imaginez ce que ça pourrait être si l'école faisait ne serait-ce qu'un effort pour l'éducation artistique). Pêle-mêle, et en en oubliant beaucoup : Alexandre Kantorow, Théotime Langlois de Swarte, Augustin Lusson, Justin Taylor, Thomas Dunford, Raphaël Pichon, Tanguy de Williencourt, Léa Desandre, Edgard Moreau, Raphaëlle Moreau, Jérémie Moreau, David Moreau, Sylvain Sartre, Adèle Charvet, Lucile Richardot, Sabine Devieilhe, Jean Rondeau, Jonathan Fournel, Marie-Laure Garnier...

Illustration 3

Et c'est sans compter les jeunes formations orchestrales et de chambre de tout premier plan, le Quatuor Modigliani, Pygmalion, Le Consort, Les Ombres, etc, etc, etc... Une avalanche. Et ils trustent souvent les plus grands concours internationaux, et ils enregistrent intensément (qui s'en priverait ?), et ils ne se ménagent pas... Et, chose remarquable : ils ne sont pas seulement talentueux, ils sont en plus intelligents, sympathiques, dynamiques, cultivés, parfaitement à l'aise dans leur époque, et décidés à faire partager cette musique qui, dans les salles de concert, a bien besoin d'un rajeunissement de son public - et ça commence à marcher, l'identification inévitable faisant : de plus en plus de jeunes fréquentent les salles à Paris et ailleurs. Il ne faut pas hésiter à aller voir ces jeunes musiciens là où est leur place, dans ces salles et aller les applaudir dès que l'occasion se présente, dans les festivals, les biennales, les cycles... En plus la France est dotée depuis l'ouverture de la Philharmonie en 2015, sans doute de l'un des ensembles les plus impressionnants au monde, avec la Cité de la Musique et la Philharmonie proprement dite, les salles ne désemplissent pas, c'est une merveille. Des festivals d'une qualité incroyable... Quand une chose sort de l'ordinaire dans cette époque de haute médiocrité, il faut le dire, et là, c'est le cas, alors pourquoi s'en priver ? C'est seulement grâce à de telles réussites que cette société ne sombre pas encore complètement dans l'abrutissement à grande échelle qu'elle fréquente pourtant avec passion.

Les générations précédentes de musiciens français n'ont jamais démérité d'ailleurs et c'est peu de le dire, et celle qui précède juste celle-là, ô combien, et je ne vais pas recommencer une autre liste... En attendant donc et pour en revenir à Bruno Philippe, écoutez son entretien avec Jean-Baptiste Urbain sur France Musique à propos de la sortie de son merveilleux cd Bach.

et en toute simplicité, regardez-le présenter le violoncelle, son instrument dans l'une des courtes vidéos de France Musique.

Vive les jeunes musiciens français. Écoutez-les sans aucune modération : ils incarnent l'avenir de la musique et sa transmission.

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