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Billet de blog 13 mars 2025

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Les réactions de la Fondation Wikimedia aux attaques du Point

Le monde va mal. Pour oublier cinq minutes le chaos qui menace, on a les mises en demeure du journal Le Point à la Fondation Wikimedia, et les réactions d'icelle.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pour ceux qui ont raté le début, c'est ici puis .

Résumé pour les lecteurs trop pressés : un journaliste du Point se plaint en 2024 sur Wikipédia du contenu de l'article consacré au magazine. Il refuse de participer à sa neutralisation en apportant des sources, et en février 2025, contacte  un contributeur venant d'écrire un passage défavorable au Point en menaçant de révéler son identité et de contacter son employeur. Les contributeurs de Wikipédia dénoncent la méthode dans une lettre ouverte.  Le Point se lance alors dans une campagne de presse contre Wikipédia, en mobilisant pétitionnaires, journaux et chroniqueurs amis. Et informe que le magazine a envoyé une mise en demeure à la Fondation Wikimedia, l'organisme qui héberge Wikipédia sur ses serveurs.

De cette mise en demeure de 35 pages, non publiée, mais portée à la connaissance du Monde et de Marianne, quelques éléments ont filtré, dont l'un si visiblement peu sérieux qu'on pouvait s'attendre à un classement vertical si les autres non révélés étaient du même tonneau. L'argument, qui témoigne de l'absence de tout souci journalistique du Point, a été rapporté par Marianne : « il ne semble exister, sur la plateforme Wikipédia, aucun moyen de notification ou d’action permettant à une personne visée par un contenu malveillant d’en demander la suppression ».

Argument baroque s'il en est, puisqu'outre les pages de discussion des articles et des utilisateurs, et la page de requête aux administrateurs, il existe au niveau de Wikipédia une adresse de contact  pour les personnes  qui préfèreraient apporter des éléments de façon plus discrète. Adresse gérée par une équipe de bénévoles, qui n'a certes pas le pouvoir de supprimer directement un passage, mais dont les alertes sont prises au sérieux et entrainent systématiquement une relecture critique par des contributeurs des passages incriminés, avec selon les cas, maintien, réécriture ou suppression. La page de contact (qu'un investigateur débutant pourra retrouver via une recherche Google en interrogeant "Wikipédia contact") indique d'ailleurs l'adresse mail de contact de la Fondation.

Autre demande baroque : la pose a posteriori d'un bandeau de controverse de neutralité dans des pages archivées de l'article. Or si l'on peut supprimer la visibilité de pages problématiques déjà archivées, il est impossible d'en modifier le contenu. Les velléités trumpistes n'avaient pas été anticipées par les concepteurs de Wikipédia, élément qu'un journaliste et contributeur, même banni en raison de ses menaces et intimidations comme Erwan Seznec, aurait pu porter à la connaissance des avocats de son employeur.

Bref, on pouvait donc s'attendre à ne plus entendre parler de cette mise en demeure, puisqu'il est rarissime que la Fondation commente les affaires  dont elle est saisie.

Or elle a fait une exception hier. En donnant quelques détails, dont l'existence d'une seconde mise en demeure comportant une demande de censure de la lettre ouverte. Et d'autres demandes telles que la censure de l'article consacré au Point pour les deux sections « Traitement de l’Islam » et « Condamnations et manquements à la déontologie professionnelle », pourtant largement expurgées : l'article initial, effectivement déséquilibré à l'origine, a été complété, et les parties qui fâchaient refondues, synthétisées (trop du point de vue de certains contributeurs). Le Point exige aussi la mise à l'écart des contributeurs ayant osé rapporter des éléments qui lui déplaisent. (Cela vous évoque quelque chose ?)

La Fondation dans ce message assure aussi les contributeurs de son soutien, non pas sur le plan éditorial, qui ne relève pas de ses compétences, mais face à  « des  menaces manifestement inappropriées à l'encontre de bénévoles de Wikipédia dans le but d'atteindre des objectifs souvent intéressés ». Tout en commentant les demandes du Point avec un sens du détail et une clarté des propos rafraîchissante pour qui est habitué à ses discours ampoulés habituels. Entre autres, elle souligne la contradiction qu'il y a à lui envoyer des mises en demeure pour déplorer de ne pas savoir comment la joindre. Introduction du rejet : 

 « Nous ne donnerons pas suite à cette demande. Nous rejetons également leur nouvelle affirmation selon laquelle la Lettre Ouverte serait illicite. Comme les avocats du Point le savent, si la Lettre Ouverte est aussi illégale qu'ils le disent, nous devrions la censurer. Nous ne censurerons pas la Lettre Ouverte. Au contraire, nous y avons exprimé notre soutien.

À la place, nous avons proposé d'expliquer le fonctionnement de Wikipédia au Point et à ses avocats.»

Cinq minutes de fraîcheur dans un monde de brutes, cela se lit comme du petit lait. On regrettera juste de ne pas être une petite souris pour lire le contenu de la réponse déjà faite  « de manière appropriée.»

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