Chose vue l'autre jour, la nuit venue un homme d'un certain âge couché à même le sol sur un trottoir entre deux cartons son maigre baluchon sous la tête prêt à s'endormir. Il est proprement habillé. Le fond de l'air est froid sous le crachin. Nous sommes à quelques enjambées de la place la plus visitée de Paris par les touristes en quête de la vue sur la Tour Eiffel. Comment ne pas s'interroger sur la situation de cet homme d'un âge mûr réduit à vivre et à dormir sur un trottoir de la ville en plein mois de Février.
Interrogés les habitués du quartier nous disent que ce n'était pas un clochard quand il est arrivé ici il y a plusieurs années. Il ne fut livré à lui même qu'après avoir recherché en vain du travail dans l'informatique jusqu'à vouloir donner des cours. Vraisemblablement venu des pays de l'Est les plus lointains et méconnus il évite de parler et se fait à peine entendre quand il est abordé. Jamais avant cet hiver il n'avait été vu la nuit couché sur le trottoir car probablement hébergé dans un centre d'accueil pour les sans abris.Le jour venu il ne s'éloigne guère du soupirail d'un immeuble dégageant de l'air chaud si ce n'est pour fouiller les poubelles à la recherche de ce qu'il peut trouver pour lui. Il ne mendie pas mais attend stoïquement la pièce de 1 ou 2 euros que lui glisseront dans la main pour son café quelques passants habitués à le voir dans cette situation d'abandon. Mieux encore un homme plus âgé s'est arrêté et a ouvert son portefeuille pour lui tendre un gros billet et ce ne devait pas être la première fois. Tout heureux notre inconnu s'est levé pour courir faire les achats d'un repas.
Ce témoignage pourrait-être celui d'un autre temps dans un pays éloigné et touché par la pauvreté mais non nous sommes à Paris en 2024 et nous dit-on ils sont plus de 3000 à vivre dans ces conditions dans la capitale et ses banlieues alors que cette ville la plus visitée dans le monde va engloutir des budgets considérables pour accueillir les JO. Mais ici il ne suffit pas de mettre en cause les princes qui nous gouvernent de leurs palais présidentiels détournant les yeux de la misère humaine sur les trottoirs car à notre tour nous parisiens endossons notre responsabilité pour ne pas dénoncer haut et fort cette inhumanité à notre porte.