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Billet de blog 2 octobre 2015

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VIVENDI : Pour qui oeuvre VINCENT BOLLORE

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VIVENDI : Pour qui œuvre VINCENT BOLLORE

Pour lui et lui seul, bien sûr, au mépris des intérêts de la majorité des actionnaires du groupe. Rappelons que l’homme a pris le contrôle de Vivendi en assumant la présidence du Conseil de surveillance alors qu’il n’est qu’un actionnaire minoritaire, détenteur de 14,36% du capital. En est-il l’actionnaire principal pour autant ? Non, et pourtant cela ne l’empêche pas de se comporter comme le propriétaire du groupe industriel. Il est aujourd’hui, très médiatisé comme le fut, avant lui en 2002, Jean-Marie Messier à propos de l’indépendance éditoriale des chaînes du groupe. Depuis son entrée en fonction il y a plus d’un an, son parcours soulève beaucoup de questions.

Sa stratégie de recentrage sur ses activités de medias et de contenus, après qu’il ait finalisé la vente de sa participation dans Numericable-SFR et GVT, la filiale brésilienne de télécommunications, a mis les actionnaires devant le fait accompli. Quelle valorisation de leur titre peuvent-ils en attendre ? Les plus anciens, les plus fidèles d’entre eux, n’ont toujours pas retrouvé les cours de l’ère Messier, d’avant sa chute. Jusqu’ici l’action Vivendi n’a pas réagi au tournant stratégique du nouvel homme providentiel. Qu’en sera-t-il après les versements restants de 4 milliards d’euros aux actionnaires, d’ici 2017, sous forme de deux versements de 1 euro au titre de l’exercice 2015 (2,7 milliards) s’ajoutant à  l’engagement du groupe de verser 1 euro par action  de dividende en 2017, au titre de 2016 (1,3 milliard) ? 

Gageons qu’une telle hausse du taux de distribution, alimentée par la trésorerie liée aux cessions, se fera au détriment de la valorisation du titre déprécié d’une partie de ses actifs. Vincent Bolloré claironne que Vivendi se donne les moyens de ses ambitions. Devenir un groupe français de classe mondiale dans les medias et les contenus comme annoncé, devrait servir, avant tout, son ambition personnelle d’homme de pouvoir, très médiatisé, lui-même, pour la promotion de son image de grand et puissant entrepreneur.

Cette vision de son rôle à la tête d’un grand groupe industriel comme Vivendi répond-t-elle aux attentes de l’ensemble de ses actionnaires ? Il est permis d’en douter au vu de ce seul constat, le sort de Vivendi est entre les mains d’une minorité comme Vincent Bolloré l’a démontré en s’imposant sans partage à la tête de ce groupe et en apporte une nouvelle preuve dans sa lettre aux actionnaires de septembre 2015 où il nous dit benoîtement que le versement de deux acomptes au titre de 2015 sont des distributions résultant d’un consensus trouvé avec certains actionnaires minoritaires de Vivendi en avril dernier, visant à accélérer les distributions de produits de cessions d’actifs même s’il en résulte de moindres marges de manœuvre pour le groupe dans son ambition de construire un grand groupe de medias et de contenus.

Rappelons que l’Assemblée générale de Vivendi s’est tenue le 17 avril 2015 alors qu’étaient connus, par un communiqué publié le 8 avril, les résultats de ces négociations avec l’activiste américain P. Schoenfeld Asset Management (PSAM), détenteur de 0,55% seulement du capital au moment de l’Assemblée générale mais avec le soutien d’autres investisseurs. Démarche purement spéculative car ce fonds activiste est sorti du capital au cours de l’été marqué par le crash boursier.

Le respect de la démocratie actionnariale aurait dû conduire le Conseil de surveillance à consulter, dès le 17 avril, à l’occasion de l’Assemblée générale, les actionnaires sur la création de valeur attendue de cette démarche. Le Directoire de Vivendi sous le contrôle du Conseil de surveillance n’a pas respecté sa décision de convoquer une Assemblée générale afin de soumettre aux actionnaires cette proposition d’une distribution additionnelle d’un montant de 2 euros par action, dont 1 euro dès le 29 juin dernier  et le second le 3 février 2016. Ne serait-ce pas le premier faux pas de Vincent Bolloré ? Qui plus est, en fait de consensus avec le fonds activiste, l’homme s’est plié sans véritable compensation  aux desideratas d’un partenaire qui le prive de sa trésorerie et de marge de manœuvre pour développer Vivendi. Vincent Bolloré a œuvré pour lui en faisant payer le prix de ses erreurs à la vraie majorité de ses actionnaires. Il s’est disqualifié pour se maintenir à son poste. Aux actionnaires de rejeter sa présidence lors de la prochaine Assemblée générale. 

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