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Billet de blog 3 octobre 2022

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Un patron pour sauver EDF

Luc Rémont hérite de Jean-Bernard Lévy d'une situation financière désastreuse et d'une perte d'expertise technologique qui entrave sa production d'électricité.

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Le nom d'un patron pour soulever des montagnes et sauver EDF est sorti du chapeau de Macron et après quelques fuites il s'agit de Luc Rémont. Il a été  recruté chez Schneider Electric ou il était responsable d'une partie des activités internationales. Rappelons que ce groupe dirigé par Jean-Pascal Tricoire est un fleuron international de notre industrie. La confirmation de Luc Rémont comme PDG d' EDF par le parlement n'est qu'une formalité. Le gouvernement ne s'est pas embarrassé de nous dire à combien s'élèvera sa rémunération sachant que pour ce poste François Hollande l'avait plafonné à  400 000€ par an.

Cette nomination somme toute bienvenue interroge dans la mesure où les plus belles  entreprises du CAC 40 portent à leur direction un homme de la maison. Les enjeux qui attendent Luc Rémont sont considérables et pour y faire face la cinquantaine passée il dispose d'une solide connaissance des arcanes administratives du pouvoir et de la banque d'affaires. 

Luc Rémont hérite de Jean-Bernard Lévy d'une situation financière désastreuse et d'une perte d'expertise technologique qui entrave sa production d'électricité. L'endettement du groupe va passer de 43 milliards d'euros à 60 milliards d'euros d'ici la fin de l'année conséquence du plafonnement de ses prix de vente imposé par le gouvernement et qui se lit dans l'indicateur financier EBITDA fortement négatif.

L'exploitation des centrales est fortement mise en question avec l'immobilisation de 26 réacteurs sur son parc de 56 réacteurs. La remise en service après travaux de maintenance et solution apportée à des problèmes de corrosion sur la dernière génération de réacteurs est programmée pour 12 réacteurs seulement sur plusieurs mois, faut-il encore que ces délais soient tenus. La mise en service de l'EPR de Flamanville est entre les mains de l'Autorité de Sûreté  Nucléaire quand bien même  le chargement en combustible du réacteur est prévu pour le printemps 2023.

Là ne sont pas les moindres chantiers qui attendent Luc Rémont sachant que si 25 milliards d'euros ont déjà été engagés dans les travaux de maintenance une somme équivalente reste à  financer pour la poursuite de ceux-ci alors même que la décision par le chef de l'Etat de construire 6 EPR d'ici 2050 nécessitera un financement de 50 milliards d'euros au bas mot.

Mais le futur d'EDF repose aussi sur la dénonciation auprès de Bruxelles de son obligation de fournir à  ses concurrents une électricité au prix de 42 € le megawattheure alors que les prix de marché sont très supérieurs à 100€ le megawattheure. 

Luc Rémont ne pouvant être à lui seul un faiseur de miracles le sauvetage d'EDF demeure très problématique. 

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