D'une cession à l'autre les députés sont aux champs. Ils sont quelques dizaines au plus et parfois un seul pour représenter leur parti pour débattre et participer au vote d'un projet de loi sur des sujets aussi importants que notre avenir énergétique. Ironie de notre démocratie les plus disciplinés se recrutent dans le Rassemblement National et la France Insoumise. Cette désertification du palais Bourbon ouvert sur l'absence de débats dévalorise un peu plus le vote populaire.
Le régime parlementaire fut la pierre angulaire des 3ème et 4ème République. De Gaulle revenu au pouvoir sur un coup d'Etat en 1958 et dénonçant l'instabilité de la 4ème République instaura un régime présidentiel avec sa part de monarchie pour se libérer du contrôle parlementaire. Il présida royalement jusqu'en 1968 disposant d'une majorité absolue au Parlement et s'en remit à un vote référendaire pour démissionner en 1969. Ses successeurs Mitterand et Chirac en tête respectèrent le Parlement en choisissant la cohabitation pour continuer à présider en l'absence de majorité absolue. L'impasse dans lequel nous nous trouvons aujourd'hui relève de la responsabilité de Macron qui après les législatives de 2024 a refusé d'appeler la gauche à la tête du gouvernement alors qu'elle pouvait se prévaloir du succès relatif de son Nouveau Front Populaire. Mais au paravent le chef de l'Etat avait déstabilisé la 5ème République en refusant de soumettre au vote du Parlement en 2024 sa réforme des retraites si impopulaire au point d'avoir jeté dans la rue jusqu'à un million de manifestants. La méfiance de De Gaulle à l'égard du Parlement avait trouvé sa raison d'être dans l'article 49.3 de sa Constitution et Macron en saisit toute l'opportunité.
Aujourd'hui le pays en pleine crise du surendettement est condamné à l'immobilisme avec un gouvernement menacé à tout moment d'un vote de censure à l'initiative du Rassemblement National. Macron peut choisir de nouveau la dissolution et mettre le Rassemblement National et son ancien arc républicain en pleine décomposition au centre du jeu parlementaire avec un Premier ministre de droite servant de paillasson à l'élection de Bardella en 2027