On les appelait les irradiés de la République. Ils furent des milliers de civils, militaires de carrière et avant tout appelés du contingent à avoir été irradiés entre 1960 et 1966 par les retombées radioactives de nos essais nucléaires à Reggane et à In Ekker dans le Sahara algérien. Quatre tirs en atmosphère furent conduits à Reggane suivis de treize autres à In Ekker dans le Hoggar prévus être confinés dans les galeries d'une montagne mais quatre d'entre eux dont le tir Béryl se passèrent mal laissant échapper des fuites radioactives très importantes sous la forme d'un epaix nuage et aux conditions funestes.
Face au mur du silence imposé par l'Etat sur le sort des irradiés ceux-ci conscients d'avoir été des victimes se rassemblèrent avec la création en 2001 de l'Association des vétérans des essais nucléaires ou AVEN. Ses représentants ne furent jamais reçus par un président de la République ni même un ministre de la Défense. Pour l'anecdote le président Sarkozy évoqua un agenda trop chargé pour les recevoir mais s'obligea à se déplacer pour le tour de France. Il fallut attendre 2010 pour que le ministre de la Défense Morin produise une loi pour indemniser les irradiés manifestant une maladie répondant à une liste bien établie pour avoir une relation avec des radiations ionisantes. A écouter Gaudin le concepteur de la loi on comprend que ses articles ont été écrits pour que le doute sur la relation entre la maladie induite et la radioactivité bénéficie avant tout à l'Etat pour récuser l'indemnisation. Dans les années qui suivirent la promulgation de la loi 700 dossiers furent présentés à la commission d'indemnisation et 400 seulement furent retenus pour avoir droit à un examen .Au final seuls 9 irradiés ont été indemnisés. Notons que l'Etat avait inscrit à son budget seulement 10 millions d'euros pour faire face à ses obligations. Mais là n'est pas tout le problème et que penser des responsabilités de la France à l'égard des populations sahariennes nomades ou sédentaires exposées aux retombées radioactives de nos essais nucléaires. En principe elles bénéficient de la loi Morin mais comment imaginer qu'elles soient capables de constituer l'épais dossier administratif demandé par la commission. Le chiffre de 150 000 toute population confondue a été avancé pour les victimes mais on est loin du compte sachant qu'à l'époque des tirs le peuplement du Sahara algérien d'une surface 4 fois plus élevée que celle de la France soit 2,4 millions de km2 était de 1 à 2 individus au km2 contaminés par les retombées radioactives qui continuent à irradier cette population.
Certains pour stigmatiser l'indifférence de la France à l'égard des populations locales irradiés c'est à dire les Touaregs ont parlé de racisme. Avant de rétrocéder sa base d'In Ekker à l'Algérie la France a défini un espace de 350 km2 autour de la montagne des tirs sécurisé par une clôture de barbelés alors que les engins irradiés étaient enfouis sous le sable. Le site ainsi abandonné fut très vite vandalisé par les riverains gosses en tête à la recherche de métaux dont le cuivre à revendre. De son côté l'Etat français et Macron en à fait la démonstration avec le rapport de Benjamin Stora censurant toute référence aux essais nucléaires n'a cessé de jouer la montre dans l'attente que les victimes côté Français aujourd'hui octogénaires mais encore meurtries dans leur chair disparaissent.Mais que penser de l'ancien ministre Morin tombé aux oubliettes de la politique qui ne s'est jamais intéressé publiquement aux résultats de sa loi démontrant encore l'indifférence de la 5ème République depuis De Gaulle aux victimes des essais nucléaires qui ne sont plus que les oubliés de la République.