Après sa désindustrialisation conséquence de la mondialisation et cause des pertes d'emplois responsables d'un taux de chômage élevé, la France est sous la menace de fonds vautours s'attaquant à nos entreprises marchandes les plus performantes afin de renchérir sur la création de valeur par un surcroît de financiarisation avec effet de levier. Depuis octobre le fonds d'investissement américain Elliott est entré au capital de Pernod Ricard avec l'objectif déclaré de fusionner le numéro 2 du marché mondial des spiritueux avec son leader l'anglais Diageo. Une autre option serait un rapprochement avec LVMH déjà présent sur le marché des spiritueux à coté de ses marques de luxe. Pernod Ricard est une entreprise familiale bien connue des français et résultat de la fusion entre le marseillais Ricard et Pernod de notoriété plus ancienne. Cette société est une pépite du CAC 40 dont le Président directeur Général Alexandre Ricard est le petit fils du fondateur. Elle est bien gérée et depuis 3 ans sa capitalisation boursière a progressé de près de 40%. La stratégie du fonds activiste Elliott est de permettre à Diageo de mettre la main sur Pernod Ricard pour délocaliser l'entreprise et rechercher ensuite des synergies avec ses propres marques pour booster la rentabilité par la voie de suppressions d'emplois. Le rapprochement avec LVMH préserverait l'identité française des marques de Pernod Ricard avec peut-être moins d'impact sur l'emploi mais ce scénario avancé par Elliott n'est peut-être qu'un leurre.
Le gouvernement a d'ors et déjà pris position contre cette tentative d'Elliott, ce qui ne pouvait être autrement sachant que durant sa campagne électorale Emmanuel Macron a fait le procès de la financiarisation de l'économie qui autorise les achats à effet de levier. Comment ne pas être surpris d'apprendre qu'Elliott s'est donné les moyens de mettre la main sur cette pépite du CAC 40 en s'attachant les services de l'essayiste Alain Minc plus connu encore pour ses relations avec le monde de la finance et de l'économie, ses grands patrons et les membres des conseils d'administration! Il est réputé aussi appartenir au cercle des grands décideurs du monde politique et d'avoir l'écoute entre autres d'Emmanuel Macron. Comment ne pas s'étonner qu'un français participe à cette opération de récupération d'intérêts français de 1er plan au profit de l'étranger! Il conviendrait au Président de la République d'interpeller Alain Minc sur ce manque de conscience patriotique alors que le pays traverse une crise économique et sociale sans précédent depuis les 30 glorieuses, victime d'un capitalisme américain sans vergogne comme le démontre la décision de Ford de fermer l'usine de boites de vitesses de Blanquefort, bénéficiaire jusqu'ici du soutien financier de l'Etat.
L'issue finale de ce combat de haute lutte entre ce prédateur américain, bien connu pour ses succès dans la déstabilisation de grands groupes européens, et une entreprise familiale bien française au parcours sans faute et de renommée internationale, démontrera qui d'Alain Minc ou d'Emmanuel Macron a le plus de poids pour trancher dans la féroce compétition qui anime les marchés.
Billet de blog 15 décembre 2018
Patriotisme économique
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.