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Billet de blog 18 août 2024

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La France et le tribunal de l'histoire

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

A quand la France devant le tribunal  de l'histoire pour la dénonciation et la condamnation des pages sombres et mal connues de deux épisodes qui ont marqué l'un notre présence militaire au Sénégal et l'autre la fin de la décolonisation de  l'Algérie française. A l'occasion  de la commémoration du 80ème  Anniversaire du débarquement des alliés en Provence la présidence de la République a déclaré Morts pour la France à titre posthume 6 tirailleurs Sénégalais fusillés en 1944 à  leur retour sur ordre d'officiers Français pour cause de mutinerie mais en fait ils réclamaient le paiement des arriérés de leurs soldes de combattants. Six seulement sont réhabilités alors que le chiffre officiel est de 35 fusillés quand est passée sous silence la recherche des  historiens qui estiment à  350 leur nombre. Le Sénégal attend que soit révélée la face cachée de ce drame et que la France en face l'amende honorable devant le tribunal de l'histoire.

Autre drame mais d'une tout autre dimension celui de nos campagnes d'essais nucléaires dans le Sahara algérien quand puissance colonisatrice de l'Algérie la France  a  procédé aux essais de sa bombe atomique avec 4 tirs de 1960 à 1961 à  Reagan et 13 tirs de 1961 à 1966 à  In Ekker dans le Hoggar.Les conséquences de ses essais pour les populations de ces territoires victimes de leurs retombées radioactives quand leur environnement est condamné pour la nuit des temps sont incalculables. La France n'a jamais révélé leur empleur et pris en charge les irradiés de ce Sahara algérien abandonnés à  leur sort comme d'ailleurs les civils et militaires de la métropole affectés à  ces essais. A Reagan nos tirs furent conduits à  l'air libre et vu leur dangerosité le champ d'expérimentation fut déplacé à In Ekker dans le Hoggar où la montagne du Tan Affela fut creusée de Galleries pour confiner les explosions avec la protection de boucliers. Le 1er Mai 1962 le second tir du nom de code Béryl  tourna à  la catastrophe avec la fuite d'un épais nuage radioactif dont les retombées dévastèrent ce Sahara Algérien. Bien que non documenté il semble acquis que d'autres essais aient ainsi échappé à  tout contrôle. Dans le lourd contentieux de 132 ans de présence en Algérie le dossier de ses essais nucléaires n'a jamais été mis à l'ordre du jour jusqu'ici dans le travail de réconciliation de nos mémoires sur ce passé de puissance coloniale entre l'Algérie et la France. Sous la présidence d'Emmanuel Macron l'historien Benjamin Stora fin connaisseur de l'Algérie française est passé à côté de ce drame humanitaire dans le rapport qu'il a remis en janvier 2021 au Président de la République. Seul un tribunal de l'histoire peut sortir la France et ses responsables de ce silence et mutisme au prix des réparations que l'Algérie et ses autorités sont en droit de réclamer et que justice soit rendue à notre ancienne colonie.

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