Louis Bulidon

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Billet de blog 19 avril 2024

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Un nom mémoriel

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce matin l'invité de France Culture était un ancien prix Goncourt avec un nouveau roman sous le titre Un nom sur un mur. C'est l'histoire d'un jeune résistant de la Drôme fusillé à  vingt ans en 1944. Aussitôt  cette évocation m'a remis en mémoire le souvenir laissé par le résistant René  Char sur un jeune poète appartenant à  son maquis de l'Isle -sur- Sorgue  arrêté par les Allemands dans un village de son Vaucluse et fusillé car détenteur d'un révolver dans sa musette. René  Char avait vu toute la scène mais impuissant. Le nom de ce jeune rêveur était Daniel Bernard. 

Pendant la guerre enfant j'habitais Salon -de -Provence .Au printemps  de 1944 j'avais sept ans et le dimanche je regagnais la petite terrasse d'un bar sur le boulevard face à  la grande fontaine moussue. Là autour d'une table une bande de jeunes de vingt ans pour moi déjà  des hommes se retrouvait avant de rejoindre l'après-midi leur match de football. J'avais l'habitude d'y revoir un jeune livreur de bières et limonades dont je voyais passer le petit camion lorsqu'il faisait la tournée de ses bars et cafés. Dès  qu'il m'apercevait venant de ma rue il m'appelait et me prenant par les épaules me posait des questions dont j'étais fier car il s'agissait de ma petite vie courante où trônait l'école. Mais dans ces premiers jours d'été mon père  me dit avec beaucoup  de précautions que je ne verrai plus le petit Borel. Du côté  de l'isle-sur Sorgue lui aussi avait été  arrêté sur son petit camion par un barrage allemand. La fouille avait consisté à relever la bâche sur les tonnelets et les casiers de bouteilles pour y découvrir un stock d'armes. Le petit Borel avait été  fusillé sur le champ et pourtant j'avais eu du mal à  m'en convaincre. Des années plus tard son souvenir de jeune martyr de la Résistance était bien oublié et qu'elle ne fût pas ma confusion et ma tristesse lorsque  j'entendis une bonne citoyenne salonaise proche de sa maman nous déclarer que cette dernière n'avait plus que ses yeux pour pleurer par sa faute.

Non le nom du petit Borel ne sera pas oublié comme écrit ici

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