Mayotte est l'archipel abandonné à son sort hier et probablement demain.Dans l'Océan Indien c'est un vestige de notre empire colonial qui a choisi d'être Français pour devenir notre 101éme département et le plus pauvre. Samedi il a été dévasté par un cyclone d'une violence jamais égalée jusqu'ici. Le lendemain nous apprenions sans y croire que le nombre des victimes se compterait par centaines voire des milliers mais le décompte jusqu'ici n'a pas été donné. Il s'est constitué aussitôt un fossé entre la brutalité de l'information et la réaction de nos responsables au sommet de l'Etat. Nous apprenions au soir du dimanche que Macron s'était déplacé en Corse pour embrasser le pape et que Bruno Retailleau ministre de l'Intérieur démissionnaire était allé à son tour saluer le pape en Corse avant de partir pour Mayotte. Alors que nous attendions la réaction de François Bayrou sachant l'urgence de la formation de son gouvernement nous apprenions que sa priorité avait été de présider comme maire la séance de son conseil municipal à Pau. Après s'être fait attendre la nouvelle du déplacement à Mayotte de Macron et Bayrou a été annoncée.
Il aura fallu cette catastrophe d'une ampleur historique pour que nous découvrions le sort réservé à Mayotte dont notre seul souvenir était que l'archipel était proche de Madagascar. L'île est peuplée de plus de 300 000 habitants dont un tiers sont des immigrés sans papier venus des Comores voisines à la recherche d'une vie meilleure. Ces derniers se sont installés sur les hauteurs de l'îlot pour construire le bidonville le plus dégradant de nos territoires. Ce dernier fut soufflé par la tempête écrasant sous ses tôles et parpaings les malheureux qui y vivaient. Deux classes cohabitent, les petits blancs venus de la métropole comme fonctionnaires et les Maoris. Si de gros efforts ont été faits à partir des années 90 pour faire de ces concitoyens de seconde zone des Français à part entière les inégalités sont encore flagrantes comme en témoignent ces chiffres, un salaire moyen de 1000 euros par mois, des retraites à 900 euros, un RSA réduit de moitié. En liaison avec ces chiffres un rattrapage avec la métropole n'est pas envisagé avant 2030.
Il est certain que l'Etat met à la disposition de Mayotte tous les moyens dont il dispose pour assurer la survie de sa population la plus déshéritée alors que tout manque, eau, vivres médicaments. Depuis plusieurs années une petite délinquance sévit à Mayotte qui est le fait de jeunes mineurs le plus souvent sans familles car abandonnés par leurs parents immigrés depuis que Sarkozy ministre de l'Interieur ait programmé de les refouler.
Actuellement le budget de l'Etat dispose de 1,75 millard d'euros par an pour faire vivre Mayotte mais plus tard la reconstruction de son Habitat nécessitera un effort financier insoupçonné alors que notre pays croule sous son endettement. Il faut s'attendre à beaucoup de promesses pour calmer le jeu face au mécontentement des habitants qui se sentent abandonnés mais seront-elles tenues.