Il n'était pas question pour moi de suivre le débat entre Éric Zemmour et Jean Luc Mélenchon sur BFM TV mais les matins de France Culture le lendemain ont retenu l'échange sur la question du nucléaire en France. Pour Zemmour il n'est pas question que la France renonce à son parc nucléaire qui est notre fierté nationale pour la qualité de nos ingénieurs et aucun accident n'est arrivé dans l'une de nos centrales. C'est oublier un peu vite que notre nucléaire doit beaucoup à la technologie du groupe américain Westinghouse pour la conception de ses réacteurs. Qui plus est, cette réputation qui nous est faite a perdu tout crédit aujourd'hui avec notre incapacité à mettre en route l'EPR de Flamanville avec des délais qui ne font que s'allonger et des coûts dépassant toutes les prévisions. Rappelons à ce premier intervenant que la chancelière Angela Merkel après la catastrophe de Fukushima n'a pas attendu un tel drame dans une de ses centrales pour sortir du nucléaire. C'est bien à son tour la position prise par Mé lenchon qui peut se justifier non seulement par le risque d'un accident mais aussi par la question non résolue de l'enfouissement des déchets les plus radioactifs et qui ne cessent de s'accumuler sur les zones de stockage alors que le site de Bure n'a cessé d'être contesté par des riverains et des défenseurs de l'environnement.
En Allemagne la décision de sortir du nucléaire en 2011 s'est faite au prix de la poursuite de l'exploitation des centrales thermiques au charbon pendant encore de nombreuses années et nécessite la poursuite d'un vaste plan d'installation d'éoliennes. Ce même problème se posserait à la France alors que les pêcheurs s'opposent à la construction de parcs Éoliens en mer, que les opposants se font de plus en plus nombreux quand les éoliennes menacent leur voisinage et que la poursuite de l'équipement des foyers en panneaux solaires doit faire face aux restrictions dans l'approvisionnement d'un métal essentiel à leur fabrication le silicium compte tenu de l'emprise chinoise sur sa ressource.
Ce débat a fait la démonstration du peu de crédibilité qu'il faut accorder aux prises de positions aussi opposées soient-elles par des ténors de la communication en terrain politique qui s'affirment par leurs coups de gueule mais qui vraisemblablement mal conseillés par leur entourage ne savent pas de quoi ils parlent quand ils s'affichent sur les écrans de télévision pour débattre d'une question aussi stratégique que l'exploitation des réacteurs nucléaires dans nos centrales.