Avec cette visite officielle de deux jours au Maroc la monarchie marocaine a su flatter l'égo de Macron contrairement à la posture du régime autocratique qui règne en Algérie. Pourtant 132 ans de présence coloniale de la France en Algérie soldée par une guerre d'indépendance meurtrière des deux côtés ont laissé des traces durables. D'abord cette langue française partagée même si les jeunes générations s'en détachente. Ensuite selon la France 1,5 million d'Algériens vivent en France ou ils se sont intégrés tant bien que mal dans les bassins d'emplois de nos grandes agglomérations. L'origine de cette immigration remonte aux années 50 et 60 du siècle dernier quand la France à la recherche d'une main d'œuvre bon marché pour faire tourner son industrie automobile recrutait ce monde ouvrier du bas de l'échelle sociale en Algérie. Cette diaspora continue de servir de pôle d'attraction à des algériens en quête d'une vie meilleure que dans le bled.
En 2021 Macron a pris l'initiative avec le rapport de Benjamin Stora de confronter nos mémoires de part et d'autre sur ce passé colonial marqué par la répression de l'armée française de la conquête à l'indépendance. Ce fut un échec car l'Algérie n'a pas trouvé son compte dans l'ouverture de ce dialogue. Un nouveau fossé s'est creusé entre les deux pays dont le meilleur exemple fût quand après l'arrêt des fournitures de gaz à l'Europe par la Russie en guerre avec l'Ukraine le gouvernement algérien se tourna vers l'Italie pour l'approvisionner en gaz. Dans le prolongement d'une politique irresponsable à l'égard de l'Algérie Macron a pris position en faveur du Maroc concernant sa revendication sur le contrôle du Sahara Occidental. Mais là n'est peut-être pas l'essentiel de notre conflit d'intérêt avec le peuple algérien qui consiste pour la France à ne pas reconnaître la dette colossale qu'elle lui doit pour avoir utilisé son vaste espace saharien dans les années 60 comme champ d'expérimentation de sa bombe atomique. Aucun bilan sur la santé de la population Touareg exposée aux retombées radioactives résultant de l'échec de plusieurs tirs dont celui de Béryl dans le Hoggar n'a été dressé ainsi qu'un inventaire des territoires durablement irradiés. Macron n'a pas rompu ce mur du silence sur la violation des droits de ce peuple saharien et algérien à vivre à l'abri de cette menace des retombées radioactives de nos essais nucléaires.
Benjamin Stora l'historien officiel de la colonisation française en Algérie s'est bien gardé de révéler ce lourd secret à l'opinion des populations des deux côtés de la Méditerranée .