Le Monde fêtera son 80ème anniversaire en septembre et à cette fin Raphaëlle Bacqué grand reporter a signé dans l'édition du 27 Avril un long article sur l'histoire des relations complexes si ce n'est du face à face entretenues par les grandes plumes du journal avec les présidents de la 5ème République de De Gaulle à Macron. Lecteur de mon quotidien depuis 1960 j'ai d'abord éprouvé une profonde nostalgie dans l'évocation de ces grands noms de journalistes qui m'ont inspiré le plus grand respect pour la qualité de l'information donnée d'un événement à l'autre, d'une crise à l'autre et pour ma génération pendant la guerre d'Algérie avec la dénonciation de la torture.Dans ce contexte j'éprouve une certaine frustration à ne pas retrouver le nom de Jean Lacouture ce Bordelais reconnu comme homme du Sud Ouest pour sa passion du rugby et des corridas mais il a surtout fait l'honneur du journal pour avoir pris fait et cause pour l'indépendance de l'Algérie quand beaucoup se dérobaient.
Après l'avoir soutenu de son plein gré en 1958 pour son retour aux affaires Le Monde n'a cessé de résister à De Gaulle jusqu'en 1969 au point que ce dernier par dépit ne le surnommait plus que l'iMonde. Le journal ne m'a jamais paru aussi influent que lorsque son patron signait son éditorial imprimé en lettres grasses en première page fixant d'emblée l'attention du lecteur.Aujourd'hui la plume du patron est absente des pages du Monde. Les noms des journalistes de la maison ne se retrouvent que dans les signatures des chroniques publiées en dernière ou encore de quelques grands reportages des colonnes du magasine.Par contre le lecteur se voit gratifier des écrits signés de pigistes qui occupent les dernières pages sans soulever beaucoup d'intérêt car le plus souvent étrangés à l'esprit du journal et pour lequel on le lit.Comment justifier cette dépossession au cœur du journal car il s'agit de la dernière.
Le Monde est né de la main de De Gaulle en 1944 et a toujours su défendre son indépendance. Le quotidien vient de se féliciter de l'initiative du milliardaire Xavier Niel pour céder ses parts dans le groupe Le Monde à un fonds pour l'indépendance de la presse "sanctuarisant le capital du groupe éditant le quotidien du soir rendant son capital inaccessible.
Souhaitons encore de beaux jours au Monde pour le plus grand bonheur de ses lecteurs.