La soi-disant laïcité de la société française : ce ciment frelaté n'existe plus que dans la propagande officielle
A – Crise de la laïcité : l'incroyable aveuglement devant une évidence
La laïcité est en principe la valeur fondamentale indispensable à toute société pour gérer harmonieusement les inévitables concurrences entre ses membres et entre les groupes qui la composent.
C'est alors en grande partie l'éducation donnée par l'école qui est censée donner aux futurs citoyens les repères adéquats
Le développement actuel de la délinquance et éventuellement du djihadisme montre que, de ce côté là, le compte n'y est pas.
Les repères brandis tant bien que mal par la propagande officielle sont défiés à l'intérieur du pays en même temps qu'ils sont pris en dérision à l'extérieur.
L'implosion de tous nos mythes identitaires est chose faite depuis longtemps, et sa non-prise en compte est due à une incroyable chape de plomb qui étouffe tout débat et toute liberté d'expression, sauf lorsqu'il s'agit de blasphémer avec des objectifs de fauteurs de guerres
B – Repères historiques : le problème universel de l'entente sociale
Historiquement, l'exigence française de laïcité est née d'un rejet du catholicisme qui avait été érigé en religion d'Etat par Louis XIV, lors de l'interdiction du protestantisme en France : Révocation de l'Edit de Nantes, 1685
Deux siècles plus tard, la laïcité s'est imposée comme repère identitaire français grâce à l'école de Jules Ferry, mise en place vers 1880 pour supprimer les risques d'une révolution. L'école primaire « publique, laïque et obligatoire » a été mise en place une dizaine d'années après que la guerre civile parisienne de 1871 ait montré la fragilité du système et se soit terminée par l'assassinat de 1% de la population parisienne pour avoir la paix
Trente ans plus tôt, en 1850, l'enseignement privé catholique, dit enseignement libre, avait été mis en place dans un contrat donnant-donnant entre l'Eglise et la bourgeoisie d'affaires qui tenait le pouvoir : par ce contrat: la loi Falloux, l'Eglise bénéficiait d'un cadre garanti où elle pouvait diffuser son message, tandis que son école était censée donner au régime les cadres soumis et bien pensants dont il avait besoin
L'enseignement laïque de Jules Ferry, aussi bien que l'enseignement privé catholique, sont donc bel et bien sous-tendus l'un et l'autre par l'impérative nécessité de garantir l'entente sociale. Cela va sans dire mais ça va mieux en le disant.
Dans cette mission de garant de la paix sociale, la particularité peu banale du catholicisme de la Contre-Réforme, c'est d'avoir trop bien marché. Ceci parce que sa morale combattait plus que de raison les exigences individuelles naturelles qui sont habituellement sources de conflits
Le symbole de la mentalité ainsi créée est donné par la formule attribuée au fondateur de l'ordre des jésuites, (vers 1540) qui exige de son monde une obéissance « comme un cadavre que l'on traine là où l'on veut ».
Cette obéisssance « perinde ac cadaver » a fait le lit de l'absolutisme du Roi-Soleil, puis de la dictature napoléonienne, et, encore actuellement, elle nous donne une immaturité politique qui nous vaut une république monarchique, et un débat dont le niveau ne dépasse pas celui des querelles de marionnettes en compétition pour la possession du pouvoir
Etymologiquement, laïque signifiait « populaire », c'est à dire n'appartenant pas au clergé. Concrètement, le point caractéristique de l'école laïque de Jules Ferry, c'était son indépendance par rapport à l'autorité de l'Eglise.
Mais ce rejet d'une autorité abusive n'était pas suffisant par lui-même pour répondre aux besoins de repères et de cohésion de la société
C – D'autres repères identitaires accompagnent nécessairement celui de la laïcité
Naturellement, en même temps qu'elle rejetait l'autorité de l'Eglise, l'école laïque a pris soin d'intégrer tout un système de valeurs permettant de garantir la cohésion sociale et la stabilité de la société : les « repères identitaires » ainsi mis en place font alors l'objet d'un véritable culte et on les appelle aussi « mythes identitaires ».
Ce sont essentiellement :
- la liberté d'expression,
- la Révolution Française avec la déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen,
- l'attachement à la langue française,
- l'école de la promotion sociale et de l'égalité des chances,
- la résistance sous l'occupation, ...
Après avoir été utilisés pour le meilleur et pour le pire, tous ces repères identitaires sont maintenant et depuis une ou deux décennies en cours d'anéantissement à cause de la révolution des moyens d'information apportée notamment par internet
Les pouvoirs corrompus qui se sont faits forts de leur utilisation frauduleuse seraient d'ailleurs bien inspirés de se poser la question de leur propre avenir
D – En 2015, l'anéantissement des repères identitaires est pratiquement terminé
Décortiquons donc ce qu'il peut rester de ces repères, dans l'ordre historique de leurs origines
a) Racines chrétiennes de l'occident
La question a d'excellentes approches, par exemple : « Dans les établissements scolaires et universitaires, comment éviter que l'enseignement laïque du fait religieux soit perçu comme du prosélytisme »
http://www.laicite-educateurs.org/article.php3?id_article=209
Mais ces approches ne concernent qu'un public restreint. Dans l'information grand public, cette question est abordée à la sauvette pour une raison très simple : le simple fait d'évoquer un sujet donné, même en le diabolisant, revient à lui faire de la pub, surtout lorsqu'on n'a plus rien de consistant à lui opposer
A noter que, dans sa fonction d'opium du peuple, la religion catholique n'a plus guère été utilisée à partir des années 1960 justement parce qu'on avait trouvé tout ce qu'il fallait pour la remplacer, c'est à dire : le journal de 20 heures et les programmes scolaires
b) le grand principe voltairien de la liberté d'expression
L'unanimité manifestée en janvier 2015 pour la défense de la liberté d'expression montre que les publics les plus traditionalistes y adhèrent désormais.
Mais ce qui devrait être une exigence universelle ne peut plus du tout être considéré comme un repère identitaire français pour une raison très simple : pour les leaders politiques qui ont été vedettisés lors des rassemblements de janvier 2015, et surtout pour les médias qui les vedettisaient à cette occasion, ladite liberté d'expression se limite au droit de blasphémer avec des calculs de fauteurs de guerre. Chaque fois que l'on aborde des sujets tels que, par exemple
- l'échec scolaire,
- la politique éducative,
- le chômage,
- la régression sociale,
- la politique énergétique,
- le saccage de la planète pour préserver l'emploi, la réalité est au contraire celle d'une épouvantable chape de plomb. C'est la pensée unique qui fait la loi
c) la Révolution Française et les Droits de l'Homme
Le mythe de la Révolution Française et des Droits de l'Homme a été exploité pour assurer l'autorité du pouvoir en place et aussi pour faire passer l'idée : la Révolution a été faite, donc elle n'est plus à faire
Pour essayer de faire tant bien que mal durer ce mythe, des contributeurs de Wikipédia glosent sur le fait que les massacres de Vendée entre 1790 et 1800 ne peuvent être qualifiés de génocide, au sens juridique du terme.
Ils feraient bien de remarquer que leur argutie juridique ne peut pas être opposée à un effet de style appelé synecdoque, qui est le remplacement d'un mot par un autre sur la base d'une association d'idées.
Ils feraient bien de remarquer aussi que le fait de cacher ce génocide, pour les besoins de la propagande officielle, nous inflige un handicap collectif, surtout pour notre appareil politique.
Parce qu'ils se croyaient en mesure de jouer les donneurs de leçons à propos du génocide arménien de 1915-1916, les hommes politiques français actuels se sont pris dans les dents, par deux fois, une volée de bois vert de la part du gouvernement turc. Honteux et confus,ils ont découvert que, si les massacres de masse faits par l'armée française sur ordre du gouvernement révolutionnaire français étaient ignorés en France, il n'en était pas forcément de même à l'extérieur
d) la Résistance sous l'occupation
En faisant lire la lettre de Guy Môcquet au moment de son accession à la présidence, Nicolas Sarkozy a donné un baiser de Judas sans s'en apercevoir à ses amis communistes.
Il voulait leur faire une fleur, compte tenu du tapis rouge qu'ils lui avaient déroulé pour accéder à la présidence, en coulant son concurrent Dominique de Villepin grâce à des manifs à répétition contre le CPE : Contrat Première Embauche
Le débat provoqué sur internet par la question de la lecture de la lettre de Guy Môcquet a montré que, sur le plan militaire et pour des raisons compréhensibles, les communistes français ont été les premiers responsables de la débâcle de 1940.
Il se trouve que ce débat a été exceptionnel pour faire progresser les mentalités :
- parce qu'on n'y a pas vu d'accusations bovines du genre « trahison », qui sont toujours une éventualité de la part de l'extrême-droite, et qui, lorsqu'elles sont émises, mettent fin automatiquement aux analyses fines et les remplacent par des non-dits et des querelles de clans
- ce débat a été exceptionnel pour faire progresser les mentalités surtout parce qu'il mettait fin aux cachoteries de la propagande officielle mise en place dès la Libération pour refaire une unité nationale chapeautée par le pouvoir conjugué de la bourgeoisie d'affaire et de l'appareil communiste
Toujours est-il que le mythe identitaire de la Résistance sous l'occupation a volé en éclats, et qu'en plus le discrédit de la propagande officielle à ce sujet touche à son tour ceux qui sont chargés de cette propagande.
Pour ce thème comme pour celui de la Révolution des Droits de l'Homme, voir : « Nécessité de repenser la fonction sacerdotale des profs d'histoire », sur le forum Education de France2
http://forums.france2.fr/france2/Education/sacerdotale-necessite-histoire-sujet_10838_1.htm
e) Rayonnement de la langue française et attachement à la langue française
Le plus drôle à ce sujet, c'est l'absence totale de toute alerte des médias concernant la gestion de la langue française depuis des décennies. Et cette absence d'alerte se prolonge encore actuellement par une absence totale d'interrogation sur ce qui a bien pu se passer pour que l'on aboutisse au Waterloo actuel de la langue française.
Le triomphalisme de nos grands médias n'a pas été ébranlé le moins du monde :
- fin 2010 lors de la mise en place d'un enseignement de l'orthographe dans les universités, par la ministre UMP Valérie Pécresse
- ou encore en 2013, lorsque la ministre socialiste Geneviève Fioraso a mis en place des cours en anglais dans les universités françaises
Voir:
- "Les 7 casseroles de Valérie Pécresse"
http://www.alfograf.net/ortograf/images/tract/f107-b09-2p-les-7-casseroles-de-v-pecresse-tract.pdf
- "Langue française et corruption: la preuve par Fioraso", dans les blogs de Mediapart
http://blogs.mediapart.fr/blog/louis-rougnon-glasson/021013/langue-francaise-et-corruption-la-preuve-par-fioraso
Le mythe identitaire de l'attachement à la langue française n'est pas seulement anéanti au niveau de l'enseignement supérieur, il l'est encore plus au niveau populaires.
De nombreux articles montrent qu'on est là en présence d'un sabotage délibéré de l'école française et de la langue française, dans le but d'écarter le public le plus large possible des savoirs fonctionnels, synonymes de pouvoir. « Le public le plus large possible, ça désigne à la fois les français de souche et les français issus de l'immigration
Autrement dit, les gestionnaires de la langue française et les médias, - toujours eux, - portent une écrasante responsabilité dans le rejet de l'identité française par les milieux défavorisés. Une alerte était déjà donnée dans ce sens dès 2007. Voir :
« Comment la dictée de Pivot a fabriqué nos voyous »
« L'orthographe de tous les mensonges »
"De Closets, l'orthographe et les médias: neuf violations du devoir d'informer"
f) l'école de la promotion sociale et de l'égalité des chances
La propagande officielle à ce sujet est absolument géniale : elle sait très bien que plus personne ne croit à l'école de la promotion sociale et de l'égalité des chances, et sa mission actuelle se limite à ne pas officialiser cet état de fait.
Même le miracle pédagogique, qui était naguère un plat courant du journal de 20 heures, semble avoir disparu du paysage
Pour l'anéantissement du mythe identitaire de l'école de la promotion sociale et de l'égalité des chances, voir dans les blogs de Mediapart :
« Un organigramme d'orientation scolaire fait pour asservir les français ». Voir aussi les divers articles auxquels il renvoie par des liens
E – Conclusions
a) Rappelons d'abord la réflexion faite par Robert Badinter à la télé le soir du 7 janvier, et encore le lendemain matin sur France Inter : « Nous sommes pris dans un piège ».
Ce piège, c'est pas moins qu'un conflit durable entre le monde occidental et le monde musulman.
Mais qui donc nous a tendu ce piège ?
Ceux qui nous ont tendu ce piège, ce sont d'abord les médias et les responsables du système éducatif qui ont créé en parfaite connaissance de cause le terreau d'où sont sortis les assassins
Cette laïcité qu'ils nous brandissent comme étant soi-disant un ciment social, ils savent très bien que c'est du bidon, à cause de toutes les peaux de bananes jetées par le système éducatif à tous ceux qui n'ont pas la possibilité d'en corriger les perversions par un apport extra-scolaire
L'attentat contre Charlie Hebdo est en quelque sorte un dégât collatéral de l'industrie des marchands de béquilles de l'échec scolaire
b) D'autre part, ceux qui nous ont tendu ce piège n'ont pas seulement utilisé pour cela une laïcité frelatée.
En complément du présent article, deux autres qui sont en cours de diffusion "SOULMANTAU" et qui seront bientôt placés sur internet montrent une utilisation frauduleuse de l'immigration incontrôlée, par les médias, dans le but d'attiser la xénophobie et d'entretenir ainsi l'épouvantail du populisme, garant du jeu politique corrompu dont ils tirent les marrons du feu
Titres de ces deux articles :
- « La très curieuse interview de Michel Houellebecq par David Pujadas, juste avant l'attentat du 7 janvier », pdf, 5 pages
Au décorticage, l'émission s'avère être une parfaite illustration du journalisme criminel qui, depuis des décennies, a entrepris de mettre en place un conflit avec le monde musulman. La fausse fatalité de ce conflit s'ajoute à celle de l'échec scolaire, à celle du chômage et de la régression sociale, à celle du saccage de la planète pour préserver l'emploi
- « David Pujadas, fauteur de guerre sans en avoir l'air » pdf, 2 pages
c) Ces mythes identitaires qui sont désormais anéantis étaient tous mis en place par des calculateurs de Machiavel. Ils étaient inéluctablement destinés à imploser à cause de la révolution de l'intelligence collective apportée par internet
Leur remplacement global est indispensable pour la refondation du consensus laïque. Il consistera tout simplement
- à prendre en compte de manière rationnelle le problème sociétal universel, c'est à dire le fait que, dans toute société, les individus et les groupes sont à la fois solidaires et concurrents
- à démasquer les méthodes utilisées par Machiavel pour exploiter ce problème à son profit, en n'hésitant pas à violer l'intérêt général chaque fois que ça lui convient
Ortograf-FR doc f867-f03 mars 2015
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