Appel diffusé en novembre, dont certaines formulations sont aujourd'hui factuellement dépassées. Le 17 novembre en effet, le diplomate Michel Kafando a été nommé président de transition. Le lieutenant-colonel Isaac Zida, visé dans l'appel d'origine, est devenu premier ministre. Ce qui montre le caractère assez relatif du changement.
English version below
Le jeudi 30 octobre, le peuple du Burkina Faso a mis un terme à 27 ans de régime de Blaise Compaoré. Celui-ci a, effet, accédé au sommet de l’état après l'assassinat de Thomas Sankara, et placé l’économie du pays sous le contrôle de son clan, voire de sa famille. Ils se sont accaparés les richesses, laissant la population dans le dénuement. Les infrastructures sanitaires, le système d’enseignement et l’emploi se sont considérablement dégradés, privant les populations et principalement la jeunesse de toute perspective.
C’est contre cette dictature militaire de fait que les burkinabé se sont mobilisés depuis l’assassinat, en décembre 1998, du journaliste d’investigation Norbert Zongo, qui avait mis en lumière les sombres pratiques, la corruption, la violence et l’incurie du régime. Le mouvement « Trop, c’est trop » est né à cette occasion. Ailleurs en Afrique, Blaise Compaoré s'est comporté comme un pompier pyromane par son implication directe, au gré des intérêts occidentaux, dans des conflits meurtriers : Liberia, Sierra-Leone, Guinée, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Togo, etc.
Les manifestations du 30 octobre expriment la volonté populaire d'un changement radical dans les modes de gouvernement et de répartition des richesses, l'exigence d’une Afrique nouvelle qui, dans le cadre d’une république démocratique moderne, veut maîtriser son destin et s’inscrire dans un avenir de progrès, de justice et de liberté.
L’éviction de Blaise Compaoré a donné lieu à une succession de tractations au sein de l'armée, qui a abouti à désigner le Lieutenant-Colonel Yacouba Isaac Zida comme chef de l’Etat. Cela constitue, aux yeux de la société civile et des syndicats burkinabé, de la jeunesse populaire et des femmes mobilisées, un véritable coup d’Etat visant à annuler l’aspiration des populations du Burkina Faso.
Nous soutenons les acteurs burkinabé de l’insurrection qui ont condamné le coup de force antidémocratique mené par des militaires issus de la garde prétorienne du dictateur déchu. Nous appelons la CEDEAO, l'Union africaine, les Nations Unies à agir dans ce sens. Une véritable transition démocratique ne peut être menée que par les représentants du peuple qui s'est battu depuis des décennies contre le clan de Blaise Compaoré. Les puissances occidentales (France et États-Unis notamment) souhaitent maintenir le statu quo politique au Burkina et continuer ainsi à se servir de ce pays comme base d’intervention géostratégique en Afrique.
Nous invitons tous les démocrates du monde à suivre avec une grande vigilance l’évolution politique au Burkina Faso et à user de tous les moyens disponibles pour dénoncer, condamner et ainsi empêcher toutes les formes d’ingérence extérieure visant à restaurer, sur le dos du peuple insurgé, le régime rejeté de Blaise Compaoré sans la personne Blaise Compaoré.
L’insurrection populaire burkinabé suscite un grand élan de solidarité dans de nombreux pays africains ; elle inspire déjà tous et toutes celles qui luttent quotidiennement pour la liberté, le progrès et la justice en Afrique. Le mouvement d’émancipation amorcé par le peuple burkinabé ne doit pas être étouffé et écrasé au nom des intérêts économiques et politiques occidentaux. Le peuple Burkinabé doit conserver et élargir les espaces de liberté qu’il a conquis au prix du sang.
Vive la lutte émancipatrice du peuple burkinabé !
Non aux ingérences néocoloniales !
International call for intellectuals in support of the insurgency of the people of Burkina Faso
On Thursday, October 30, the people of Burkina Faso put an end to the 27-year regime of Blaise Compaoré. Compaoré made its way to the top following the assassination of Thomas Sankara and has placed the country’s economy under the control of his clan, if not his family. They have monopolized wealth, leaving the population in poverty. The health infrastructure, the education system and employment possibilities have degraded significantly, robbing the people - the youth especially - in every way.
It is against this military dictatorship that the Burkinabe have mobilized since the assassination of investigative reporter Norbert Zongo in December 1998; Zongo who had shed light on the nefarious practices, corruption and violence of the Compaoré regime. The movement “Enough is enough” emerged at this moment. Elsewhere in Africa, Blaise Compaoré behaved like a pyromaniac firefighter with his direct implication - supported by Western interests - in many deadly conflicts: Liberia, Sierra-Leone, Guinea, Ivory Coast, Mali, Niger, Togo, etc.
The demonstrations of October 30 expresses the popular will to radically change the methods of government and the distribution of wealth; the need for a new Africa that - as part of a modern and democratic republic - aims to control its own destiny and commit to a future of progress, justice and freedom.
Blaise Compaoré’s removal gave way to a succession of negotiations within the army that has led to the appointment of Lieutenant-Colonel Yacouba Isaac Zida as Head of State. For the civil society and Burkinabé unions, popular youth and mobilized women, this is a naked coup d’état aimied at wiping out the aspirations of the Burkina people.
We support the Burkinabe insurgents who have condemned the anti-democratic coup led by troops from the Praetorian Guard of the deposed dictator. We call on ECOWAS, the African Union and the United Nations to act. A genuine democratic transition can only be undertaken by representatives of the people who have fought for decades against Blaise Compaoré’s clan. The Western powers (particularly France and the USA) wish to maintain the political status quo in Burkina and to use this country as a geo-strategic base for intervention in Africa.
We invite all supporters of democracy to join in the political evolution of Burkina Faso with great vigilance and to use all available means to denounce, condemn and thus prevent all forms of external interference that aims to restore - on the backs of insurgents - Blaise Compaoré’s rejected regime without Blaise Compaoré.
The Burkinabe popular insurgency fosters great solidarity in many African countries. It has already inspired all who fight daily for freedom, progress and justice in Africa. This emancipation movement initiated by the people of Burkina Faso must not be stifled and crushed in the name of Western economic and political interests. The Burkinabe people must preserve and expand the areas of freedom won at the price of blood.
Long live the struggle for emancipation of the people of Burkina Faso!
No to neocolonialist interference!
Les premiers signataires/The first signatories:
Abbes Ahmed, Cnrs, France
Allemand Pierre, artiste musicien retraité - Paris, France
Amady Aly Dieng, UCAD, Sénégal
Amin Samir, FTM/ Forum mondial des alternatives, Sénégal
Anderson Nils, éditeur et politiste, France
Barkin David, Universidad Autonoma Metropolitana, Mexico
Bastien Danielle, SSM Chapelle-aux-champs, Belgique
Bénard Gilles, Europe Écologie - Les Verts d'Île de France
Bierschenk, Thomas, university of Mainz, Germany
Bodin Romual, université de Poitiers, France
Boudet Martine, Attac, France
Boumediene Alima, avocate, membre d'Ensemble, France
Bula Puleng Lenka, University of South Africa, South Africa
Cardoso Carlos, Codesria, Sénégal
Ciardi Paola, Un Raggio di Luce, Italie
Cornu Roger, Cnrs, France
Cossart Jacques, économiste-Attac, France
Dacheux Jean-Pierre, Jumelage Eragny-Nioko, France
Dayan-Herzbrun Sonia, université de Paris 7, France
Diaw Aminata, Codesria, Sénégal
Diawara Mamadou, University of Frankfort/Main, Germany
Diouf Mamadou, Colombia University, USA
Ethuin Nathalie, université de Lille 2, France
Fontana Josep, Universidad Pompeu Fabra, España
Frère Marie-Soleil, université libre de Bruxelles, Belgique
Furtado Cláudio, Universidade de Cabo Verde, Cabo Verde
Gallais Véronique, Attac, France
George Susan, écrivain, présidente d'honneur d'Attac, France
Gonneau, Jean-Luc, Gauche Cactus, France
González Casanova Pablo, UNAM, Mexique
Harrak Fatima, University Mohamed V, Maroc
Hilgers Mathieu, université libre de Bruxelles, Belgique
Houtart François, IAEN, Ecuator
Jeppie Shamil, University of western Cape, South Africa
Kabbandji Jacques, Lebanese University, Libanon
Kabbandji Lama, IRD, France
Keith Dixon, université de Lyon 2, France
Koebel Michel, université de Strasbourg, France
Lalu Premesh, University of western Cape, South Africa
Laurent Pierre-Joseph, université libre de Bruxelles, Belgique
Lebaron Frédéric, université de Saint-Quentin-en-Yvelines, France
Löwy Michael, Cnrs, France
Luna Pablo, université de Paris-Sorbonne, Paris-IV, France
Maäti Monjib, Centre Ibn Rochd, Maroc
Mamdani Mahmood, MISR, Uganda/University of Colombia, USA
Mauger Gérard, Cnrs, France
Mbembe Achille, University of Stellenbosch, South Africa
Mertes E. Thomas, UCLA, USA
Moyo Sam, African Institute for Agrarian Studies, Zimbabwe,
Murombedzi James, Codesria, Sénégal
Ngodi Etanislas, université Marien Ngouabi, Congo
Nkolo Foé, université de Yaoundé, Cameroun,
Olivier de Sardan Jean-Pierre, Cnrs/Ehess, France
Onoma Kwamena Ato, Codesria, Sénégal
Ouédraogo Dragoss, université de Bordeaux, France
Ouédraogo Jean-Bernard, Cnrs, France
Ouzoulias Pierre, Cnrs, France,
Pierre Cours-Salies,militant d'Ensemble , France
Pierre Zarka Pierre, militant d'Ensemble, France
Pillay Suren, University of Western Cape, South Africa
Pinto Louis, sociologue Cnrs, France
Poliak Claude, Cnrs, France
Ruchama Marton, Founder of Physicians for Human Rights, Israel
Saba Adama, université de Ouagadougou, Burkina Faso
Salem Jean, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France
Sall Ebrima, Codesria, Sénégal
Sanon Alain, université de Ouagadougou, Burkina Faso
Sari Hanafi, American University of Beirut, Libanon
Sawadogo Mahamadé, université de Ouagadougou, Burkina Faso
Scheinder Helen, University of Western Cap, South Africa
Schotté Manuel, université de Lille 2, France
Sellier Geneviève, université de Bordeaux Montagne, France
Serazin Anne-Lise, Nantes, France
Sharawy Helmi, AARC, Egypt
Shivji Issa, University of Dar es Salaam, Tanzania
Takyiwaa Manuh, University of Ghana, Legon, Ghana
Tchuigoua Founou Bernard, Forum du tiers Monde, Sénégal
Varikas Eleni, université de Paris 8, France
Verret Michel, université de Nantes, France
Villalon A. Leonardo, University of Florida, USA
Vubo Yenshu Emmanuel, University of Bua, Cameroun
Waberi A. Abdourahman, George Washington University, USA
Weber Louis, Savoir/agir, France
Yakhlef Mohammed Ben, élu municipal, délégué CGT.