J’habite à côté de la gare Saint-Charles
Un couteau dans le cœur
Dans les cœurs
Deux fois, quelques secondes
Deux fois, quelques secondes
Le train, le train des autres
Mais il va mourir, il le sait
Deux fois, quelques secondes
A quelques mètres
Là où on entend aussi le train
C’est dimanche
Terrasse, enfants, rires…
Deux fois, quelques secondes
On aurait pu y être, on y était
Deux jeunes filles
Et puis tous les autres
Il y a du monde
Il y a toujours du monde
Et de l’aveuglement
Ça vient, ça part, ça revient
Le pas est d’espoir, de voyage, de retour, de retrouvailles
Deux fois, quelques secondes
Il aurait pu y avoir du retard
Il aurait pu y avoir un autre chemin
Ne pas se croiser
Ne pas avancer, ralentir, reculer, passer ailleurs finalement
Faire une autre rencontre
Deux fois, quelques secondes
Et lui aussi renoncer, repartir, redescendre l’escalier
Tu ne tueras pas
Faire autre chose, parler, crier, penser un peu
Non
La douleur
J’ai voulu aller à cet endroit aujourd’hui
Juste pour se tenir debout, là
Avec les autres
Dans le soleil, le même
A la même heure qu’hier
Se tenir debout parce qu’on sait pas quoi faire d’autre : se poser comme vivant
Avoir l’air de juste avant
Dans ce soleil si doux, dans ce point de rencontre
C’est écrit là : point de rencontre
Mauvaise rencontre
Le couteau
Camus
Le soleil
L’étranger
C’est pas vrai que la vie continue
Deux fois, quelques secondes
J’entends à la radio
Square Narvik
Narvik, souvenir de guerre, souvenir de neige et de feu
La vie s’arrête tout le temps
C’est juste la nuit qui apaise parfois
Monique Romieu-Prat