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Billet de blog 5 octobre 2017

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« Il aurait pu y avoir un autre chemin »

Monique Romieu-Prat est psychiatre à Marseille. Elle a écrit ce poème suite au meurtre de Laura et Mauranne, deux étudiantes tuées au couteau dimanche 1er octobre sur le parvis de la gare Saint-Charles. Son poème m'a été transmis par Gérard Perrier, un autre Marseillais qui m'a gentiment autorisée à la publier sur ce blog.

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J’habite à côté de la gare Saint-Charles

Un couteau dans le cœur

Dans les cœurs

Deux fois, quelques secondes

Deux fois, quelques secondes

Le train, le train des autres

Mais il va mourir, il le sait

Deux fois, quelques secondes

A quelques mètres

Là où on entend aussi le train

C’est dimanche

Terrasse, enfants, rires…

Deux fois, quelques secondes

On aurait pu y être, on y était

Deux jeunes filles

Et puis tous les autres

Il y a du monde

Il y a toujours du monde

Et de l’aveuglement

Ça vient, ça part, ça revient

Le pas est d’espoir, de voyage, de retour, de retrouvailles

Deux fois, quelques secondes

Il aurait pu y avoir du retard

Il aurait pu y avoir un autre chemin

Ne pas se croiser

Ne pas avancer, ralentir, reculer, passer ailleurs finalement

Faire une autre rencontre

Deux fois, quelques secondes

Et lui aussi renoncer, repartir, redescendre l’escalier

Tu ne tueras pas

Faire autre chose, parler, crier, penser un peu

Non

La douleur

J’ai voulu aller à cet endroit aujourd’hui

Juste pour se tenir debout, là

Avec les autres

Dans le soleil, le même

A la même heure qu’hier

Se tenir debout parce qu’on sait pas quoi faire d’autre : se poser comme vivant

Avoir l’air de juste avant

Dans ce soleil si doux, dans ce point de rencontre

C’est écrit là : point de rencontre

Mauvaise rencontre

Le couteau

Camus

Le soleil

L’étranger

C’est pas vrai que la vie continue

Deux fois, quelques secondes

J’entends à la radio

Square Narvik

Narvik, souvenir de guerre, souvenir de neige et de feu

La vie s’arrête tout le temps

C’est juste la nuit qui apaise parfois

Monique Romieu-Prat