Louise Fessard (avatar)

Louise Fessard

Journaliste

Journaliste à Mediapart

80 Billets

3 Éditions

Billet de blog 30 juin 2011

Louise Fessard (avatar)

Louise Fessard

Journaliste

Journaliste à Mediapart

Ciel, une mosquée !

S'estimant victime de censure de la part de la ville de Marseille, l'association l'Echelle Inconnue boude la bibliothèque municipale L'Alcalzar où elle devait se tenir, à partir du 28 juin, son exposition «Marseille exotérique musulman». Exotérique ?

Louise Fessard (avatar)

Louise Fessard

Journaliste

Journaliste à Mediapart

S'estimant victime de censure de la part de la ville de Marseille, l'association l'Echelle Inconnue boude la bibliothèque municipale L'Alcalzar où elle devait se tenir, à partir du 28 juin, son exposition «Marseille exotérique musulman». Exotérique ?

D'après cette association rouennaise, le service culture de la Ville a purement et simplement remplacé l'affiche proposée pour l'évènement, sur laquelle figurait une mosquée avec minaret, contre une affichette avec un banal fond jaune «proche du menu de cantine».

Officiellement pour des «raisons esthétiques», selon Christophe Hubert, responsable de la communication d'Echelle Inconnue. C'est vrai que la deuxième affiche, revue et corrigée par la ville, en jette vachement plus !

Un comble pour le collectif qui travaille depuis 2009, avec des habitants et des chercheurs, sur la visibilité (ou plutôt l'absence de visibilité) des lieux de culte musulmans dans l'espace public d'une ville, dont un quart de la population serait de culture musulmane (200.000 à 250.000 habitants selon la mairie).

«Quand on fait des conférences que ce soit au Mucem ou à l'Alcazar, on ne met que du texte, pas de sigle», rétorque Daniel Hermann, adjoint (UMP) à la culture du maire de Marseille. Très énervé, l'élu parle de «provocation». «Si on avait voulu les censurer, on leur disait "pour des raisons techniques, la salle n'est pas disponible" !», s'exclame-t-il.

Echelle Inconnue a préféré se passer de la principale bibliothèque marseillaise et installera, à partir du 1er juillet, sa tente/exposition dans les rues marseillaises, en commençant par camper face à l'hôtel de ville. Sous la tente seront diffusées des bandes-sons captées au Plan D'Aou, une cité marseillaise.

«A notre arrivée, nous avons commencé par regarder sur une carte de Marseille où se trouvaient le mosquées et salles de prière», raconte Christophe Hubert. On s'est rendu compte que contrairement aux églises, temples et synagogues, elles n'étaient pas signalées. Donc nous avons essayé de créer cette carte manquante.»
Et de poursuivre : «Cette affiche correspond exactement à ce que nous voulons raconter. Les gens rencontrés disaient que les signes visibles de l'islam, comme la future Grande mosquée (une fois de plus en panne), sont toujours relégués en périphérie, alors que toutes les autres religions sont présentes dans l'hypercentre.»

La conférence du chercheur strasbourgeois Franck Frégosi sur l'«Islam au prisme de la République:entre libre exercice du culte et domestication de la religion»sera retransmise par Radio Grenouille (88.8 FM, enfin du côté de Marseille, ça marche mieux) le 16 juillet à 10h.

En attendant on peut réécouter celle de Vincent Geisser, chercheur à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman (IREMAM), sur le site de la Smala.

Depuis 2006, Echelle Inconnue suit les traces de l'émir Abd El Kader, à travers les villes françaises traversées pendant sa captivité. Après sa reddition, de 1848 à 1852, Abd el Kader, sa famille et ses principaux généraux furent incarcérés à Toulon, Pau, Bordeaux, Amboise. Libérés, ils traversèrent Paris, Lyon et Marseille.

La Smala fut, de 1841 à 1843, la capitale nomade de l’Algérie, une ville de tentes conçue par l’émir Abd el Kader pour et dans la lutte contre la colonisation française.