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"Ce lundi 20 novembre, nous entamons le 145ème jour de grève à Saint-André et le 50ème à Nieppe pour dénoncer le traitement inhumain qui a été le nôtre pendant plusieurs années. Nous avons déposé plainte pour traite des êtres humains et travail dissimulé.
La loi française prévoit logiquement pour ce type de plainte la mise en protection immédiate des victimes potentielles jusqu’à la fin de la procédure judiciaire. Notre préfet a décidé arbitrairement de se soustraire à cette obligation en restant sourd et silencieux face au drame en cours malgré de nombreuses sollicitations de notre part, de la part de plusieurs députés et de l’Union Départementale CGT.
Il s’agit en effet d’un drame car depuis le début de notre grève nous nous retrouvons sans aucun moyen financier pour assurer notre survie quotidienne. Suite à notre interpellation de la direction d’Emmaüs France, celle-ci a effectivement débloquée une aide d’urgence pendant un mois et n’a plus donné signe de vie depuis, nous laissant dans une incertitude angoissante. La municipalité de Saint-André se couvre, elle, d’un engagement d’Emmaüs national de prendre en charge nos besoins quotidiens pour se libérer de ses responsabilités.
Nous l’avons pourtant informé à de nombreuses reprises de la situation réelle. Les 27 adultes et 9 enfants se retrouve ainsi sans aucun moyen financier pour assurer les besoins minimum de notre vie quotidienne. Au traumatisme subi pendant des années par le traitement inhumain qui a été le nôtre s’ajoute désormais le manque, la faim et l’obligation de refuser aux enfants le minimum.
Alors que nous devrions être protégés par la République, nous nous retrouvons punis pour avoir dénoncé les horreurs que nous avons subies. Et malgré cela le préfet s’enferme dans un silence assourdissant.
La direction d’Emmaüs Saint-André a pour sa part décidé de nous couper le chauffage. Avec la pluie et le froid qui sévissent depuis plusieurs semaines, la situation devient insupportable en particulier pour les personnes malades et pour les enfants. Une compagnonne est ainsi touchée d’une pathologie grave et se retrouve à subir le froid chaque jour et surtout chaque nuit.
La stratégie de cette direction est évidente : nous faire céder par le froid et la faim. Et pourtant le préfet reste muet comme une carpe. Elle a également décidé de nous traîner en justice pour « blocage de l’activité » et a obtenu gain de cause. La justice est ainsi beaucoup plus rapide pour protéger des biens et la propriété privée que pour protéger des êtres humains. La rapidité de la justice pour répondre aux sollicitations de la direction d’Emmaüs, et sa lenteur pour traiter notre plainte suscite en nous l’écœurement et la nausée.
Le traitement judiciaire séparé de la question de notre grève et de celle de notre plainte pour traite d’êtres humains aboutit à cette aberration : ce sont les victimes qui sont condamnées. Et pourtant le préfet fait comme s’il n’était au courant de rien. Notre grève est aussi l’objet de nombreuses provocations et insultes quotidiennes de plus en plus difficile à supporter.
À plusieurs reprises des menaces de violences et même de mort ont été proférées contre nous. Les renseignements territoriaux ont même été témoins de l’une d’entre elles sous la forme d’une voiture menaçant de nous percuter. Des victimes de la traite qui devraient être mis sous protection sont ainsi de nouveau mis en danger quotidiennement. Et pourtant le préfet reste aveugle.
Nous sommes à bout et désespérés et alertons l’opinion publique sur ce qui pourrait advenir. Le préfet sera le seul responsable si par malheur un drame devait arriver.
Monsieur le préfet, sortez de votre silence méprisant et protégez, comme la loi vous le demande, les victimes de la traite."