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Lille (Nord) - Du 15 au 23 mars, se tenait dans la capitale des Flandres la 15e édition du festival Séries Mania, grand raout international des professionnels du cinéma et de la série télévisée. Initialement créé à Paris en 2010, le festival se tient tous les ans à Lille depuis 2018. L'édition de cette année a attiré 98 000 visiteurs. L'événement respecte les traditions du genre, entre projections d'épisodes de séries et remises de prix, conférences, dédicaces, et résidences d'écriture. L'une d'entre elles a particulièrement fait parler d'elle cette année : la résidence d'écriture France - Israël, en partenariat avec le CNC et le Gesher Multicultural Film Fund (ou "Fonds Gesher", soutenu activement par le ministère de la culture israëlien). Aloors que celle-ci devait se tenir pour la 4e année consécutive dans un contexte de massacres à Gaza menés par l'armée israélienne - qui ont déjà causé la mort de plus de 30 000 personnes en 5 mois, accompagnée d'un risque "imminent" de famine dans l'enclave palestinienne selon l'ONU - des militant·es de l'Association France-Palestine-Solidarité en ont demandé "l'annulation". "Le maintien de cette résidence en dépit du génocide perpétré par Israël à Gaza est une insulte à la mémoire de toutes les victimes, et témoigne d’un silence assourdissant et complice du festival face aux crimes contre l’humanité commis par Israël à l’encontre du peuple palestinien" déploraient les militant·es.
D'autant que pour la première fois, cette année, aucune réalisation israélienne n'est mise à l'honneur dans la programmation du festival. Mais pour Laurence Herszberg, la directrice du festival, ce n'est qu'un hasard. "Cette année nous en avons reçu moins – huit contre quatorze en 2023. [...] Nous n’écartons jamais une série pour sa nationalité. Ces huit-là n’ont pas passé le processus de sélection artistique", déclarait-elle au Monde.
Les militant·es de l'AFPS font néanmoins le parallèle avec l'édition de 2022. Alors que la Russie commençait tout juste à intensifier son attaque contre le sol ukrainien, Laurence Herszberg nommait comme présidente du jury la productrice ukrainienne Julia Sinkevych en justifiant son choix par "l'engagement" de la culture. "Les séries regardent le monde. Le festival Séries Mania en est le reflet. Faire cette proposition à Julia Sinkevych, c'est à la fois un geste politique et un geste de culture", déclarait-elle.
Face à ce deux poids deux mesures et à l'impossibilité de faire annuler cette résidence, les militant·es ont décidés de se mobiliser tout au long de la semaine, afin d'alerter aussi bien les participant·es professionel·les du festival que le public : tractages, actions banderoles et tentatives de perturbation des cérémonies, dans le but affiché de pointer la "responsabilité" de Séries Mania dans la stratégie "d'artwashing" du gouvernement israélien.

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"En organisant une résidence de ce type, [Séries Mania] participe pleinement à la propagande culturelle d'Israël. C'est-à-dire de permettre à Israël de continuer à nettoyer ses crimes contre l'humanité, le génocide perpétré sur le peuple palestinien depuis plus de 75 ans, par l'art, par des séries, par des films", déclarait une militante devant le Bazaar Saint-So Dimanche 17 mars, au moment où se tenait la résidence.
Sollicitée par le média culturel américain Deadline, la direction du festival n'a pas souhaité réagir aux accusations.
A la suite de cette semaine de mobilisation, une manifestation s'est tenue samedi dernier au départ de la rue Nationale jusqu'au quartier Wazemmes, réunissant près d'un millier de personnes. Une "petite victoire" pour l'AFPS qui s'est habituée, depuis le 7 octobre, aux interdictions de manifestation ou aux changements de trajets en dehors du centre-ville.
Face aux massacres à Gaza qui s'intensifient et la menace d'une "offensive" prochaine à Rafah (où plus d'un million de palestinien·nes ont été déplacé·es), les militant·es comptent bien continuer le combat pour un cessez-le-feu immédiat et la fin de la colonisation en Palestine, comme ils et elles le font toutes les semaines depuis déjà de nombreux mois.

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