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Billet de blog 30 novembre 2023

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Lille : les sans-papiers fédèrent dans la rue contre l'extrême droite

Alors qu'un rassemblement « pour Thomas » organisé par l'extrême droite devait se tenir mercredi soir à Lille, le comité des sans-papiers du Nord (qui tient sa manifestation hebdomadaire au même moment) et des organisations de gauche ont appelé à « faire bloc », obtenant l'interdiction de ce rassemblement. 300 personnes ont ainsi défilé dans le centre-ville selon la CGT.

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Manifestation hebdomadaire du CSP rejointe par de nombreuses organisations de gauche pour "faire bloc" face au rassemblement "pour Thomas" prévue par l'extrême-droite le soir même, et interdit en préfecture. © Louise Bihan

Lille (Nord) - Chaque Mercredi depuis 1996, le Comité des Sans-Papiers (CSP) du Nord organise une manifestation dans le centre-ville de Lille. Rien, mis à part le confinement en 2020, n'a arrêté cette marche qui a accompagné, au fil de l'agenda politique, différentes luttes liées - de près ou de loin - aux personnes issues de l'immigration, à la dénonciation du colonialisme... Depuis début Juillet, le CSP est rejoint par un cortège de compagnons d'Emmaüs sans-papiers, la plupart venant de la communauté voisine de Saint-André-lez-Lille où 21 compagnons sont en grève depuis le début de l'été.

La manifestation de cette semaine, elle, devait se tenir dans un contexte particulier. Dans la nuit du 18 au 19 novembre, Thomas, un jeune lycéen était mortellement blessé lors d'une fête de village à Crépol, dans la Drôme. Apprenant que certains des interpellés dans le cadre de l'enquête ayant suivie la mort de Thomas étaient originaires du quartier de la Monnaie - un quartier populaire de Romans-sur Isère (une ville voisine) - de nombreuses personnalités et groupes d'extrême droite n'ont pas manqué de mots pour récupérer l'événement, signe selon eux d'un "ensauvagement" de la France, de la part de personnes dont le seul objectif serait de "tuer des blancs". Dès le lendemain du meurtre, Marion Maréchal, tête de liste Reconquête aux européennes, y voyait du "racisme anti-blancs". Quelques jours plus tard, le 25 novembre, des militants de l'extrême droite radicale de toute la France organisaient une descente raciste dans le quartier de la Monnaie aux cris de "Islam, hors d'Europe" et "Justice pour Thomas". Plusieurs rassemblements ont été organisés dans la foulée. Certains, comme à Lyon, se sont quand même tenus malgré l'interdiction de la préfecture.

A Lille, un rassemblement organisé par la Cocarde Étudiante (un syndicat étudiant classé à l'extrême droite), l'UNI, et Reconquête devait se tenir lundi soir à 19 heures sur la place du théâtre, dans le centre-ville. Mais la préfecture a décidé de le déplacer à mercredi soir, après discussion avec les organisateurs. De quoi inquiéter le comité des sans-papiers, dont la manifestation passe traditionnellement par cette même place du théâtre chaque semaine. Très vite, les organisateurs de la manifestation ont appelé à un "soutien massif", relayé par différentes organisations de gauche comme l'Offensive, qui appelait à "faire bloc contre la ratonnade raciste", en référence aux événements récents à Romans-sur-Isère. C'est finalement la succession de ces événements ainsi que le "rassemblement non déclaré" (sic) appelé par des organisations en soutien au CSP qui a poussé le préfet à interdire le rassemblement prévu par l'extrême droite place du Théâtre. Fort-es de cette première victoire, 300 militant-es ont battu le pavé sur le trajet habituel de la manifestation du CSP, mêlant slogans en faveur de l'accueil des sans-papiers, de "l'unité", mais aussi des slogans antifascistes. Quelques tensions ont eu lieues au passage sur la place du Théâtre, où des militants d'extrême droite attendaient le cortège des sans-papiers, mais cela n'a pas empêché la manifestation d'arriver à son terme. Une "victoire" pour les organisateurs, qui en ont profité pour se succéder aux prises de paroles arrivée place de la République, appelant les uns après les autres à continuer le combat contre l'extrême droite en "renforçant l'unité de nos organisations".

L'extrême droite, elle, pourrait appeler à un nouveau rassemblement dans les jours qui viennent.

Illustration 2
Manifestation hebdomadaire du CSP rejointe par de nombreuses organisations de gauche pour "faire bloc" face au rassemblement "pour Thomas" prévue par l'extrême-droite le soir même, et interdit en préfecture. © Louise Bihan / louisebihan.com

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