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Billet de blog 30 août 2024

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Comment gérer l'oisiveté : de la discipline à la rigueur ?

C'est lors de la parution de ma définition sur l'hubris qu'on me donna l'occasion de réfléchir à l'oisiveté et ses conséquences. Ainsi, voici un compendium de ma réflexion.

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Essayons de faire un tour d'horizon des différentes visions du travail et de la paresse, en commençant par l'acédie catholique, ensuite le Beruf protestant. Puis, nous explorerons l'éthique soviétique, où le travail, dépourvu de toute humanité, est imposé comme un devoir absolu. Enfin, nous aborderons l'éthique communiste et libertaire, qui défend le travail comme un droit tout en critiquant la soumission qu'il implique, et qui propose des alternatives fondées sur l'autodécision et la solidarité. Au fil de ces réflexions, nous tenterons de dessiner un rapport futur au travail, à l'emploi, et à la paresse.

De l'éthique catholique et nobiliaire du travail

La morale catholique, dans ses sept pêchés capitaux, ne se contente pas de condamner la simple paresse, elle va plus loin, elle touche à l'âme même en la nommant acédie et en faisant d'elle « la mère de tous les pêchés ». Saint Thomas d'Aquin, figure emblématique de la scolastique, décrit cette acédie comme une « tristesse des biens spirituels », une langueur qui naît du divin et détourne l'âme de « l'action spirituelle ». L'acédie, ce mot hérité du grec ἀϰήδια (akêdia), traduit une indifférence, une négligence sourde qui, autrefois, concernait le soin des morts, mais qui, dans la doctrine chrétienne, devient une forme insidieuse de paresse, s’opposant à la charité, vertu pourtant essentielle.

Dans les pages de Famille chrétienne, Luc Adrian et le Père Pascal Ide tentent de décrire cette acédie moderne avec des exemples qui, s'ils peuvent surprendre, révèlent la réalité de la paresse au sens chrétien :

« Le « paresseux » vaque. Il ne tient pas en place. Activité, activité... Il bouge pour tromper l'ennui. Traduction : pour se fuir lui-même. Le moine veut quitter son monastère, le cadre change d'entreprise tous les trois ans, le conjoint trouve soudain toutes les femmes jolies, sauf la sienne... l'acédique se disperse, s'éparpille. Il oublie ce qui lui est demandé ici et maintenant : son devoir d'état. En ce sens, il est paresseux. Il cherche de multiples compensations à son vide intérieur. Les plus accessibles plaisirs "pare-angoisses" étant ceux de la table et de l'écran, on retrouve souvent l'acédique affalé devant la télévision ou l'esprit absorbé par des sites internet. La paresse est difficile à débusquer, car elle se greffe sur certaines blessures. »

Ce portrait de l’homme moderne, éparpillé, incapable de se fixer, traduit un malaise profond. L’acédie, loin de se manifester par une simple inaction, pousse à une agitation vide de sens, une fuite constante devant soi-même et devant ses devoirs, l'éloignant de la définition contemporaine de la paresse.

Aussi, dans l’histoire de la noblesse française, cette même paresse, ce refus de l'effort constant, est parfois même encouragée. Marc-Antoine-Jacques Rochon de Chabannes écrivait en 1756 que « l'oisiveté est pour le noble la source de l'émulation, elle aime les talents, entretient les arts, adoucit les mœurs, augmente la population. » Dans ces mots, l’oisiveté est louée, considérée non comme un défaut, mais comme un privilège, un état propice à la réflexion et à la culture. Blaise Pascal, polymathe, théologien catholique, touche du doigt la fragilité humaine lorsqu’il affirme que « tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. » 

Entre la paresse acédique, ce mal silencieux qui ronge l'âme, et l’oisiveté paresseuse, l'inaction physique, se dessine un tableau contrasté de l'éthique catholique du travail. Dans ce cadre, l'oisiveté n’est pas un défaut à éviter, mais un terrain complexe où se jouent les tensions entre action et contemplation, devoir et désir, condamnation morale et recherche d’un équilibre intérieur.

De l'éthique protestante et bourgeoise du travail

L’éthique protestante du métier s’est imposée dans le vocabulaire allemand à travers l’œuvre monumentale de Luther, lorsqu’en 1521, il entreprend de traduire la Bible. Ce travail, diffusé largement grâce à l’imprimerie, ne se contente pas de transmettre la parole sacrée, il redéfinit les termes eux-mêmes. Ainsi, le mot Beruf, autrefois synonyme d’appel divin, de vocation, devient le mot du métier, du travail quotidien.

Luther, dans sa traduction, a en effet choisit de rendre les termes grecs ergon (« travail, force ») et ponos (« labeur, peine ») du Nouveau Testament et de la Septante de la même manière que klesis, la vocation du croyant. Le protestantisme unit ainsi « travail » et « vocation divine », fusionnant la tâche terrestre avec un mandat spirituel, comme en témoigne le Siracide 11, 20, 21 : « Sois attaché à ta besogne, occupe-t’en bien et vieillis dans ton (beruf) travail/ta vocation […] Confie-toi dans le Seigneur et tiens-toi à ton (beruf) travail/ta vocation. »

Mais cette fusion, loin de rester une simple doctrine, se durcit sous l'influence de Calvin et des puritains : « un individu doit rester délibérément dans l’état et la profession où Dieu l’a placé. » Cette injonction, associée à la croyance en la prédestination, pousse le protestant à voir son métier non pas seulement comme un moyen de subsistance, mais comme un destin imposé, une mission à remplir sous le regard de Dieu.

Complétant le travail de ses prédécesseurs, Peter Tillich, philosophe protestant, met en garde contre trois grands dangers : l'absence d’amour pour Dieu, l'hubris ou l’orgueil spirituel, et la concupiscence, ce désir insatiable de possession et de jouissance qui pousse à tout vouloir accumuler—matériellement, culturellement, politiquement, voire sexuellement—souvent au détriment des autres et de la communauté. À l'acédie, cette langueur qui détourne de l'essentiel, s'ajoute l'hubris lorsque l'humain refuse d'accepter sa finitude.

Avec le temps, dans les pays protestants, l'Allemagne, l'Autriche & les Etats-Unis en tête, l'éthique se déforme sous la pression du libéralisme et du capitalisme, de l'économie de marché et du développement de la bourgeoisie comme dénoncé par Max Weber. Il s'agit là d'une trahison de la vocation protestante, une perversion qui transforme le travail en une simple quête de profit personnel. L'économiste libéral Ludwig von Mises, dans Libéralisme, décrit cette réalité crue : « Les hommes ne peuvent consommer que s'ils travaillent et ils ne peuvent consommer qu'autant que leur travail leur a rapporté. Et c'est le trait caractéristique de l'ordre social capitaliste qu'il transmet cette incitation au travail à chaque membre individuel de la société, qu'il fait tendre chacun au rendement le plus élevé d'où des résultats magnifiques. »

Mais ce capitalisme, en glorifiant le lien direct entre travail et récompense, réduit le travail à un simple acte d’acquisition. L’essence même de l’éthique protestante est subvertie, dévoyée, alors que le travail, autrefois vu comme une mission divine, devient une simple course au profit, vidée de son sens originel et détournée de toute dimension spirituelle.

De l'éthique collectiviste soviétique du travail

Dans l'URSS collectiviste, le travail n'est pas simplement une nécessité économique, c'est une question d'honneur, un devoir impérieux qui pèse sur chaque citoyen capable de produire. La force et la contrainte sont au cœur de cette éthique où l'assistanat n'a pas sa place. L'article 12 de la Constitution soviétique de 1936 le martèle avec une rigueur implacable : « Le travail, en URSS, est pour chaque citoyen apte au travail un devoir et une question d'honneur selon le principe : "Qui ne travaille pas ne mange pas". » Ce principe, loin d'être une simple devise, incarne l'âme du socialisme soviétique : « De chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail. »

Cette maxime, rude et inflexible, trouve un écho dans un principe chrétien ancien : « Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus » (2 Thessaloniciens 3:10). Mais là où le collectivisme soviétique se distingue, c'est par l'absence de toute dimension spirituelle ou morale, réduisant le travail à une simple obligation sociale, déconnectée de toute considération individuelle.

Le collectivisme soviétique n’est pas le communisme tel que l’avait rêvé Louis Blanc. Là où le communisme prône « de chacun selon ses moyens, pour chacun selon ses besoins », le collectivisme soviétique remplace le besoin par le travail ne laissant aucune place à l’individualité ou à la compassion. La différence est subtile mais fondamentale : le communisme aspire à une société où les besoins de chacun sont comblés en fonction des ressources disponibles, tandis que le collectivisme exige une contribution inconditionnelle, une soumission totale à l'effort collectif.

C’est cette rigidité qui attira les critiques les plus acerbes, y compris de la part des communistes eux-mêmes. Trotsky, par exemple, dénonça ce glissement vers une forme de despotisme : « Le vieux principe : celui qui ne travaille pas ne doit pas manger, a été remplacé par un nouveau : celui qui n'obéit pas ne doit pas manger. » Sous le masque de l’égalité, le collectivisme soviétique impose une discipline de fer, où le travail n'est plus une contribution volontaire au bien commun, mais une obligation dictée par l'État, où l’obéissance prime sur la justice.

Ainsi, l’éthique du travail soviétique, sous couvert de principes élevés, se révèle être un instrument de contrôle, une machine à broyer les volontés individuelles au nom d'un idéal collectif, où le moindre écart, la moindre désobéissance, est punie par la privation de ce qui est le plus essentiel : le droit de vivre.

De l'éthique communiste et libertaire du travail

n 1848, avec la proclamation de la IIe République, le communisme français remporte sa première victoire symbolique : l'ajout de la « Fraternité » à la Liberté et à l'Égalité. Mais cette victoire ne se limite pas à un simple mot sur une bannière ; elle représente un bouleversement radical dans la perception du travail chez les ouvriers. Le travail, autrefois perçu comme un devoir imposé, devient un droit à revendiquer. Le gouvernement provisoire s'engage alors à « garantir l'existence de l'ouvrier par le travail. Il s'engage à garantir le travail à tous les citoyens. » Ce principe, conservé dans notre constitution actuelle sous l'influence du PCF, alors stalinien en 1946, a toutefois évolué : le droit au travail s'est transformé en droit à l'emploi, un travail subordonné, tandis que le travail libre, indéfini, est redevenu un devoir. Ainsi, le Préambule de la Constitution française stipule : "Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi" (Article 5).

Cependant, derrière cette reconnaissance officielle, se cache une critique profonde et amère du travail, surtout parmi les communistes et plus encore les libertaires. Max Stirner, philosophe anarchiste individualiste, pointe l'hypocrisie de cette fraternité forcée : « Si le communiste voit en toi un homme et un frère, ce n'est là que sa manière de voir des dimanches... Si tu étais un fainéant, il ne reconnaîtrait pas en toi l'Homme, il y verrait un homme paresseux à corriger de sa paresse et à catéchiser pour le convertir à la croyance que le travail est la destination et la vocation de l'Homme. » Stirner dénonce une vision du travail qui, loin d’émanciper l’individu, le soumet à une nouvelle forme de domination morale.

Paul Lafargue, communiste marxiste, pousse la critique encore plus loin dans Le droit à la paresse (1881), où il s’attaque à ce qu'il appelle la loi impitoyable de la production capitaliste : « Travaillez, travaillez, pour que, devenant plus pauvres, vous ayez plus de raisons de travailler et d'être misérables. » Pour Lafargue, le travail, tel qu’il est conçu par le capitalisme, n’est rien d’autre qu’un instrument de misère, une machine à broyer les vies sous le poids d’une discipline imposée.

Toutes les morales qui nous ont précédés, qu'elles soient religieuses, politiques ou laïques, partagent un point commun : la discipline, la soumission à une autorité. Dans la religion catholique, c'est « la crainte de Dieu [qui] est le commencement de la sagesse » (Psaume 111:10). Dans le libéralisme, c'est la contrainte implacable de l'argent qui dirige nos vies. Et dans le collectivisme soviétique, c'est la force brute qui impose sa loi. Chacune de ces morales, sous des visages différents, repose sur le même principe : plier, obéir, se conformer à une autorité extérieure, que ce soit un dieu, un marché, ou un État.

Mais que se passe-t-il si une personne refuse son droit ou son devoir au travail, même lorsqu’il est légitime et rémunéré ? Que devient l’individu face à cette injonction universelle de travailler ?

La morale libertaire, par essence, se heurte à ces contraintes. Pour celui qui n'y est pas initié, elle semble offrir une liberté vertigineuse, difficile à saisir. Refus de la contrainte extérieure personnifiée : ni dieu, ni maître, ni mari, ni patron. Refus de la contrainte extérieure dépersonnifiée : Dieu, le cosmos, le destin, la morale, le devoir.

Mais cette liberté n’est pas sans règle ; l’expression de la communauté fait Loi, comme on le voit dans les autogouvernements mexicains zapatistes ou du Rojava kurde. Ici, la différence entre anarchie et anarchisme est cruciale : l’anarchie est le pouvoir de chacun, tandis que l'anarchisme est le pouvoir de tous, où l’exclusion d’un membre par le collectif reste toujours possible.

Si l'on envisage de garantir les droits économiques par des systèmes comme le revenu universel ou le salaire à vie, il devient essentiel de mesurer l'écart entre ce que chacun contribue et ce qu'il reçoit. Mais derrière l'image séduisante de ce fouet bienveillant et reluisant, le spectre du productivisme refait surface, et avec lui, une question cruciale se pose : la notion même de travail n'est-elle pas en train de se transformer radicalement ?

Finalement, toutes ces réflexions ne nous offrent pas de réponses claires et libertaire à la question centrale : quel est notre véritable rapport au travail et à la paresse ? Le travail libre, totalement affranchi des contraintes, reste une utopie, tandis que la paresse, autrefois condamnée, pourrait bien redevenir un droit à revendiquer, une manière de retrouver un équilibre face à une société qui ne cesse de nous pousser à produire, toujours plus, pour recevoir toujours moins.

Discours subjectif sur le concret d'un autre vécu du travail

Rappelons nous d'une vérité crue que l'on préfère souvent nous cacher sous des discours enjolivés : l'emploi, tel qu'il existe aujourd'hui, n'est rien de moins qu'un acte de subordination reconnu comme tel par la Loi. Ce n'est pas un contrat entre égaux, mais une relation de pouvoir où l'un commande et l'autre obéit. Dans ce cadre, les lois, soi-disant égales pour tous, ne s'appliquent pas de la même manière. Elles sont souvent biaisées, façonnées pour servir les intérêts de ceux qui détiennent le pouvoir économique, laissant ceux qui n'ont d'autre choix que de vendre leur force de travail pris au piège d'une réalité qui les broie.

Les vocations sont belles ! Mais elles ne sont pas la norme ... pour beaucoup d'entre nous, le travail n'est pas un choix éclairé, une expression de soi, mais une contrainte imposée par la nécessité économique. Combien de personnes de ménage, d'aides-soignants, de conducteurs travaillent non pas par désir, mais parce qu'il faut bien vivre, parce qu'il faut bien nourrir une famille, parce qu'il faut bien payer les factures ? 

Suis-je en train de vous dire que dans le monde que nous décrivons, vous ne ferez plus jamais un travail ingrat ou contraignant ? Non, ce n'est pas ce que je vous dis. Regardez les sociétés coopératives d'inspiration religieuse (Ecole de Nîmes) ou libertaire comme Mondragòn, La Belle Aude ou 1336. Ces travailleurs qui ont pris le pouvoir des mains des entreprises continuent de faire leur métier, ils continuent de travailler dur. Mais voilà la différence, et elle est immense : ils ne subissent plus. Ils ne sont plus les jouets de l'automatisation aveugle, ni les victimes de la délocalisation qui brise les vies, pas plus que des rentes d'actionnaires ou de l'ethos alambiqué de je ne sais quel patron. Non, ils sont maîtres de leur destin.

À la discipline, à la soumission à l'autorité, préférons la rigueur : le respect individuel volontaire à des règles collectivement choisies.

Justement, ces travailleurs décident eux-mêmes de leurs conditions de travail, de la manière dont leur journée se déroule, de la part des bénéfices qui leur revient. Ce n'est plus un patron, un actionnaire lointain, qui décide de leur sort, mais eux-mêmes, en assemblée, en communauté. Ils peuvent prétendre à des responsabilités, à des rémunérations justes qui correspondent à leur contribution réelle. Ils ont la possibilité de se former, de se reconvertir, de choisir le chemin qu’ils veulent suivre, individuellement comme collectivement, non pas parce qu’on leur impose, mais parce qu’ils le souhaitent.

Et c’est là que réside la véritable révolution. Amenés sur leur lieu de travail par la même force de contrainte que n'importe quel travailleur, ils ne sont en revanche dirigés que par leur propre intérêt collectif, par leur humanité, par leur sens de la justice et de l’égalité. Parce qu’ils ne subissent plus les décisions arbitraires de ceux qui ne voient en eux que des chiffres sur un tableau, mais prennent eux-mêmes les décisions qui façonnent leur vie. Le travail, même lorsqu'il est ardu, même lorsqu'il est exigeant, cesse d'être une contrainte et devient une véritable expression de leur autonomie, de leur pouvoir sur leur propre existence.

Cependant, si nous voulons réellement nous libérer des chaînes qui nous entravent, nous ne pouvons pas nous contenter de briser les contraintes extérieures. Nous devons aussi repenser les fondations sur lesquelles repose notre engagement personnel envers la communauté. Il ne suffit pas de réclamer la liberté ; il faut la mériter en étant prêt à participer activement, avec rigueur et intégrité, à la construction d'une société qui nous respecte et nous élève tous. Élisée Reclus, le scientifique et géographe nous avait prévenu : "l'anarchisme est la plus haute expression de l'ordre !" Nous ne pouvons pas échapper à cette responsabilité. L'individualisme sans conscience n'est qu'une autre forme de servitude.

Car c'est là que se trouve notre véritable défi : définir ensemble les principes qui guideront notre contribution à la collectivité, sans jamais succomber à l'égoïsme ou à la passivité. Il ne s'agit pas seulement de se libérer des contraintes qui nous oppressent, mais de bâtir un nouvel ordre, un ordre fondé sur la solidarité, l'écologie, le respect mutuel, et la justice. En cela, le protestantisme nous offre deux principes précieux : d'abord, le devoir pour chacun de trouver son beruf, sa vocation, ce qui donne sens à son existence ; ensuite, la conscience de notre finitude, de nos limites en tant qu'individus et en tant que société, face aux réalités humaines et planétaires.

Alors oui, vous continuerez peut-être à travailler dans des métiers difficiles, mais vous le ferez pour vous, pour vos proches, pour votre communauté, et non pour enrichir ceux qui se moquent de votre sort. Vous serez enfin maîtres de votre destin, artisans de votre propre vie. Et cela, mes amis, c'est une bonne nouvelle ! Car en prenant le contrôle de nos conditions de travail, nous reprenons le contrôle de nos vies. En revendiquant notre droit à décider, nous affirmons notre dignité, nous retrouvons notre humanité.

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