Les populations ont exprimé dans les différentes élections leurs doutes sur le rôle des partis politiques traditionnels et sur l’intérêt de la coopération internationale. La tendance a été de revenir aux nations comme réaction à une globalisation qui s’éloignait des peuples et ne répondait plus à leurs besoins. L’histoire n’est pas fausse, mais elle est en train d’être réécrite. De nombreux signes actuellement montrent que la tendance est renversée. Les partis traditionnels basés sur la solidarité collective, même s’ils ont perdu des voix récupèrent le pouvoir ou s'y maintiennent comme en Suède et en Finlande récemment. Et la victoire des socialistes en Espagne la semaine dernière confirme cette tendance. En Grande Bretagne, le Labour a repris des couleurs. S’il y a avait des élections en Grande Bretagne Theresa May perdrait le pouvoir empêtrée telle qu’elle est dans le processus interminable du Brexit. Au Danemark aussi, les derniers sondages prédisent que le pouvoir conservateur actuel va devoir laisser la place au plus tard au mois de juin prochain à la Social-démocratie de Mette Frederiksen. C’est comme si les populations en avaient assez du chaos dans lesquelles elles se retrouvent quand elles se lancent dans des expériences aléatoires en se laissant manipuler par des populistes de tous bords. Les populistes divisent les populations, leurs politiques sont imprévisibles et les problèmes sont les mêmes. Les riches qui jouissent de réductions fiscales s’enrichissent encore plus et les fossés se creusent avec la majorité de la population dont les revenus ne progressent pas. Trump en est un exemple caractéristique. Le Brexit en est un autre. Grace au Brexit qui est un cauchemar sans fin pour les britanniques, les eurosceptiques perdent du terrain dans le reste de l’Europe. Pour survivre, ils mettent un diapason à leur politique et ne parlent plus de sortir de l’Europe ou de la Zone Euro. Ils veulent « réformer » l’Europe de l’intérieur. L’Europe n’a jamais était aussi populaire au Danemark. D’après les sondages plus de 85% des danois approuvent l’idée de la coopération européenne, même s’ils n’ont toujours pas l’Euro.
La France est un peu à la traine et n’est pas sur le point de suivre cette tendance de « réveil » de la Gauche avant quelques années à cause de ses divisions. Pourtant la situation est comparable aux pays du Nord de l’Europe. On a essayé d’enterrer les partis traditionnels de Gauche comme de Droite après l’aventure Macron depuis 2017. Ils en étaient eux-mêmes responsables, il faut bien l’avouer. Mais les Français commencent à se rendre compte que là aussi, le discours ni Droite, ni Gauche de Macron n’aboutit qu’à une impasse où le président qui voulait gouverner tout seul a perdu les rênes du pouvoir face à une contestation imprévue venant des gilets jaunes. Tout est bloqué et le parti d’Emmanuel Macron dont la plupart des membres sont inconnus ou inexpérimentés ne peut rien faire pour prendre le relais. Le Grand Débat National aurait pu donner la possibilité à certains membres de LaREM de se distinguer et de se faire connaitre mais Macron a voulu s’en mêler un peu partout en recommençant sa campagne électorale et ce sont seulement les endroits où il était présent qui ont été couverts par les chaines de télévision. Le résultat, c’est que la campagne pour les élections européennes n’avance pas. Macron risque d’arriver après Le Rassemblement National de Marine LePen. Ce serait une défaite cuisante pour les candidats macronistes qui aura comme résultat de décourager encore plus ceux qui se sont laissé « entrainer » dans cette aventure. Ce sont souvent des acteurs de la société civile qui croyaient en un progrès réel pour la France et sont maintenant déçus. L’échéance suivante, celle des élections municipales en France et consulaires à l’étranger de 2020 risque d’être sérieusement compromise pour la majorité actuelle. Il ne faut pas oublier que les élus actuels dans les mairies françaises et les circonscriptions consulaires à l’étranger l’ont été en 2014 bien avant l’apparition de Macron Jupiter et que ce sont les élus des partis traditionnels qui vont réagir à cette situation. Apparemment déjà c’est comme si plus personne maintenant ne croyait en Macron. Son auréole divine a disparu avec Benala et le mouvement des Gilets Jaunes. La répression violente de la police aux manifestations où une minorité de casseurs ont participé a touché de nombreux citoyens ordinaires et des journalistes faisant leur travail. Les quelques ministres du parti de Macron qu’on connait se sont montré relativement incompétents ou ont démissionné. La dernière réaction de Christophe Castaner aux évènements de Pitié Salpetriere en marge de la manifestation des Gilets Jaunes du premier mai montre à quel point le pouvoir est aux abois et ne sait pas vraiment quoi faire.
Dans cette situation que faut-il faire pour affermir cette tendance de retour des partis de gauche solidaires et responsables au pouvoir dans les pays européens ? La situation est fragile et le risque de voir l’extrême droite populiste prendre le dessus est réelle. Je pense que le plus important c’est de réunir la Gauche. En plus la Gauche doit retenir la leçon claire de ses derniers échecs. Pour revenir au pouvoir les sociaux-démocrates et la Gauche en général doit faire une politique de Gauche solidaire sans faire du soi-disant libéralisme de gauche. La justice sociale et l’impératif écologique doivent être la priorité des priorités. Même si apparemment les européennes à défaut de réunir vont servir aux différents partis de se mesurer les uns aux autres, la tendance est réelle de créer un mouvement de rassemblement des forces solidaires et social démocrates. C’est à la base que le mouvement est commencé. Déjà des listes communes sont en train de se créer pour gagner les élections de 2020. A droite et au centre, on observe le même phénomène. La plupart des chefs de partis sont encore loin de vouloir discuter ensemble, mais les équipes municipales ou consulaires préparent des stratégies unitaires autant à Droite (en excluant l’Extrême Droite) qu’à Gauche. La stratégie de se critiquer les uns les autres est mortifère et les militants le savent bien. Les leaders de partis le savent aussi, mais ils ont besoin de se faire « pousser » dans la bonne direction.
Luc de Visme, secrétaire de la section PS du Danemark, conseiller à l’AFE