On n’entend plus les buralistes, depuis quelques semaines. Un silence qui augure vraisemblablement de tractations secrètes avec Bercy, pour obtenir une énième révision du Contrat d’avenir favorable à la profession. Enfin, pas à toute la profession : comme nous l’avons démontré par ailleurs, ce sont en réalité les buralistes les plus fortunés qui se partagent l’essentiel des divers aides prodiguées à grand coups d’argent publique. La preuve ? La désertification en zone rurale (véritable enjeu) n’a pas été freinée, ce qui aurait été le cas avec des aides ciblées sur les bureaux les plus fragiles.
Bonne fille, l’Union Européenne n’a pour le moment rien trouvé à redire à ces subventions non déclarées. Jusqu’à ce qu’une Maison de la presse de province attaque l’Etat pour concurrence déloyale ?
Surtout, il faut rappeler une fois encore que les buralistes sont loin d’être les plus mal lotis en France. Ils gagnent plus que la plupart des autres commerçants (deux fois le revenu moyen d’un boulanger, plusieurs fois celui d’un épicier de quartier) sans même parler des catégories populaires (ouvriers, petits employés ). La Cour des comptes l’a rappelé maintes et maintes fois. A l’heure où M. Macron entend reprendre la fiscalité sur des bases équitables, il n’y a objectivement aucune raison de soutenir les buralistes plus qu’une autre catégorie.
D’autant moins que ce soutien, assis sur les revenus du tabac, les incite à ne pas se diversifier, contrairement à l’objectif que se fixe le Contrat d’avenir ! Pendant ce temps-là, par exemple, la Française des Jeux continue de faire croître le marché du jeux (distribué en grande partie par les buralistes) sans partager les gains avec le réseau. On prétend même que la FDJ souhaiterait désormais être distribuée en grande surface…
En tout état de cause, si les buralistes devaient recevoir un nouveau coup de pouce de l’Etat, il est clair que de nombreuses fédérations et syndicats ne manqueront pas de monter aux créneaux pour demander des avantages équivalents pour des catégories en bien plus grande difficulté. Comment M. Darmanin pourra-t-il alors leur fermer la porte ? Et quelle sera alors la crédibilité de M. Macron en termes de justice fiscale ?
Comme souvent, un gain de court terme (calmer les buralistes) risque d’être préféré à une approche de long terme (cibler les aides sur les bureaux les plus fragiles, favoriser la diversification via un meilleur partage des gains avec la FDJ), ouvrant au passage la boite de Pandore des revendications catégorielles. Et avec une grande oubliée : la santé publique.