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Billet de blog 3 octobre 2017

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Le jour d'après

Le 11 septembre 2012, la Diada, fête nationale de la Catalogne, réunissait plus d'un million de personnes dans les rues. Ce fut une démonstration de force de la part d'Artur Mas, chef de l'autonomie catalane et indépendantiste revendiqué. Un premier avertissement était lancé au gouvernement central, cinq années avant les événements de ce mois d'octobre.

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En 2012, Mariano Rajoy est le chef du gouvernement depuis un an, son mandat ainsi que le règne de Felipe VI qui débute en Juin 2014 seront ceux de la question catalane, le plus grand défi politique depuis le retour de la démocratie en 1978 et de la restauration bourbonne en Novembre 1975.

Dés le début de son mandat, Rajoy s'enferme dans le mirage de l'unité espagnole alors déjà bien entamée et se cache derrière les arguments de « légalité » et de « constitution » au lieu d'engager des négociations poussées avec la Catalogne. Le problème est alors éludé, au commencement même. L'indépendantisme ne fait alors que déployer ses ailes dans l'autonomie ainsi que son processus « illégal ».

Le fameux Tribunal Constitutionnel dont tout le monde connaît aujourd'hui le nom entre en scène pourtant dés l'année 2010. En effet en 2006 un nouveau statut est mis en place pour la Catalogne, ce statut est le fruit de négociations entre l'autonomie et le chef du gouvernement qui précéda Rajoy, il s'agit de Zapatero (Au pouvoir de 2004 à 2011). Ce tribunal constitutionnel va un à un découper toutes les nouvelles prérogatives de l'autonomie de Catalogne, qu'elle avait obtenue 4 ans auparavant. Par exemple le cas de la justice, le conseil de justice de Catalogne n'a plus le devoir de rendre la justice ou plutôt de la gouverner. Elle perd également le droit de légiférer comme bon lui semble les caisses d’épargne. Ces caisses à qui l'on doit beaucoup l'éclatement d'une bulle immobilière en Espagne, en 2008, qui transforma une dette privée en dette publique.

Il est ainsi malhonnête de faire passer le projet indépendantiste pour un simple égoïsme de riches vis à vis de régions pauvres du reste de l'Espagne. Un projet qui pour bon nombre de nationalistes catalans en 2010, ne pourrait se concrétiser qu'en empruntant la voie de l'indépendance. Le début des années 2010 est donc le point de départ du développement de l'audience des indépendantistes ainsi que de leurs résultats électoraux tout en coïncidant avec les victoires successives du PP (Partido Popular, le parti de Mariano Rajoy) aux élections générales, parfois relatives au vu de l'éclatement du bipartisme par l'émergence de Podemos et Ciudadanos

Parmi la mouvance indépendantiste existe forcément une part de nationalisme, de sentiments galvanisant l'identité catalane face à l'identité de la Castille, celle qui opprime. Mais c'est aussi une mouvance faite de courants aussi nombreux que divers allant de gauche à droite sur l'échiquier politique. La situation dans l'autonomie est complexe au niveau économique et sociétal en témoigne la victoire d'Ada Colau et de sa liste citoyenne aux municipales de Barcelone, nous parlons d'une région en pleine ébullition citoyenne, militante et politique depuis plusieurs années. Le 1er Octobre, Rajoy a confondu autoritarisme et autorité, la radicalisation de la société qui risque de suivre annonce ce que beaucoup savaient ; que ce référendum n'était pas un épilogue mais le départ de bien plus grands et nombreux problèmes autour de la question catalane.

Les syndicats ont appelés à une grève générale, des élections régionales anticipées et leurs résultats seraient difficiles à sonder ainsi que le futur politique de Mariano Rajoy. L'Espagne est dans l'impasse la plus complète au vu de sa trop lente détente dans le dossier catalan. Un indépendantisme qui relève parfois d'une mobilisation sociale large (48% des voix aux dernières élections régionales) et d'un fait social constant (depuis 2010). Les violences et les images de ce dimanche resteront à jamais. 

Un cadre légal permettrait de questionner de manière sérieuse et sans langue de bois la Transition. Cette période entre 1975 et 1981 qui ramena la démocratie (dont la constitution de 1978 est le fruit). Se serait aussi libérer la parole de ceux qui sont opposés à l'indépendance en Catalogne (au cours d'une campagne officielle), de cerner la fracture sociétale espagnole et enfin de remettre en question la gestion de deux hommes : Rajoy et Puigdemont (le chef de l'autonomie catalane), qui, poussés par leurs bases électorales respective et les soupçons de corruption qui pèsent sur les deux hommes et/ou leurs partis respectifs. Ils mènent autant un bras de fer politique qu'un combat idéologique tandis que la situation s'enferme un peu plus dans une impasse.

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