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Billet de blog 6 novembre 2013

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La crise bretonne, une seule solution, sortir du carcan européen.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bonjour.

Vous trouverez ci-après l’article de Thomas Chavigné qui traite de la révolte qui gronde dans notre République. Lorsque le Medef et les ouvriers désemparés par les licenciements massifs manifestent et défilent ensemble pour protester contre l’écotaxe, il convient de s’interroger et de proposer une analyse politique capable de surmonter ce poujadisme naissant qui peut très bien déboucher sur une situation incontrôlable et dangereuse. Il est temps que la gauche, si elle existe encore, prenne la mesure des dangers à venir.

L’analyse de l’auteur est très pertinente, le constat est clairement et succinctement dressé, donc facilement compréhensible. Demander au gouvernement actuel de respecter la gauche et l’engagement du Bourget est une bonne initiative. Obliger François Hollande à être enfin au service du peuple de France me semble pertinent. Cependant pour éviter que le mariage de la carpe et du lapin ne signe la victoire définitive du grand capital, il faut proposer une ligne de front réaliste devant les ultralibéraux qui dirigent l’Union Européenne et qui dictent donc dans le détail les mesures à prendre à notre gouvernement.

L’écotaxe me semble refléter toutes les contradictions, et porter le germe de la contestation facilement récupérable par les gros intérêts capitalistes. Nous sommes bien dans l’état de décomposition politique des années qui ont précédées la seconde guerre mondiale. L’ancêtre du Medef, le Comité des Forges, avait fait le choix de l’Allemagne contre le peuple. Les descendants d’aujourd’hui veulent également tuer la République , cette « gueuse » coupable de tous les maux. Le 6 février 1934 la République Française a failli mourir au profit des puissances d’argent. La réaction populaire a imposé le Front Populaire et a permis ensuite de redresser notre pays ruiné et pillé par l’occupation et la collaboration suite au choix de la défaite face aux nazis. Le Conseil National de la Résistance (CNR) a donné le modèle social français en héritage aux générations futures.  Nous sommes les dépositaires des « Jours Heureux » que nous devons transmettre également. Pour cela, il faut du courage politique et il faut enfin ouvrir les yeux sur la réalité d’aujourd’hui. Identifier l’adversaire, voire l’ennemi, et le combattre réellement, sont au cœur du combat politique.

La crise bretonne permet d’ouvrir les yeux sur une réalité qui devient de plus en plus dangereuse.

  • Ø L’écotaxe permet théoriquement la relocalisation de la production agricole en Bretagne par le biais de la fiscalité. Imposer les transports routiers vers les autres pays de l’Union Européenne est  une bonne mesure. En particulier les porcs produits en grande quantité qui étaient abattus localement sont maintenant abattus en Pologne à moindre coût, il faut arrêter cette délocalisation. Taxer les transports devrait permettre d’arrêter l’hémorragie. Sauf que l’activité d’abattage a déjà été délocalisée, les ouvriers bretons sont déjà licenciés et sont déjà au chômage.  En fait les taxes vont s’abattre paradoxalement sur ceux qu’elles voudraient protéger. Les multinationales qui dirigent le monde ont suffisamment d’experts pour nationaliser les pertes et privatiser les profits sans que l’on s’en aperçoive.
  • Ø La logique de l’écotaxe est bonne mais appliquée par des pieds nickelés. La détresse d’une région que l’on trahit sur l’autel de la libre concurrence européenne est tout à fait recevable et compréhensible. Il est nécessaire de soutenir les ouvriers, les éleveurs, les petits patrons, les agriculteurs, en un mot le peuple qui souffre actuellement en Bretagne. Si la Bretagne souffre la France souffre aussi.
  • Ø En aucun cas il faut favoriser les requins de la finance qui profitent de toutes les situations. Ce sont eux les nouveaux fermiers généraux de cette région !
  • Ø Plus grave encore, déstabiliser le gouvernement en encourageant l’insurrection populaire légitime est très dangereux. Ils vont tirer les ficelles du chaos à venir, ils sont prêts ! Le poujadisme mène au fascisme si l’on n’y prend garde ! Un homme providentiel surgi de nulle part, et installé par leurs soins, permettrait  de liquider définitivement nos acquis sociaux et notre République. La stratégie du choc ainsi appliquée permettrait l’instauration définitive de cette dictature européenne qui ne dit pas son nom. Tout est prêt ! Il suffit de l’imposer au peuple sans qu’il s’en rende compte et, cerise sur le gâteau, en croyant être à l’origine de cette révolution. Les révolutions arabes en sont un bel exemple.
  • Ø Si l’on regarde le cadre préparé tout est en place. Les euro régions transfrontalières, les directives à la place des lois, la destruction des communes et des départements, le remplacement de la langue française par l’américain, l’installation des communautarismes en lieu et place de l’égalité républicaine, sont des armes de destruction massive. Tout est prêt, le plus difficile est de l’imposer définitivement ! L’opération était préparée de longue date. Sous l’apparence démocratique de l’Union Européenne, toutes les mesures sont installées à l’insu du débat démocratique. Les accords transatlantiques avec le Canada et puis avec les USA, scellent à jamais notre esclavage. Mais tout cela est risqué et présente encore un aléa. Instrumentaliser des troubles sociaux légitimes est une arme extraordinaire. Il me semble que c’est ce scénario que l’on peut observer actuellement en Bretagne.
  • Ø    Je soutiens et je comprends les détresses bretonnes. Mais je suis inquiet lorsque le Medef s’allie aux bretons pour demander la prise en compte de revendications légitimes.

Je pense qu’il est urgent d’identifier la cause des causes. C’est le libre-échange ! C’est l’Union Européenne qui permet la libre circulation des capitaux et des marchandises. C’est l’Union Européenne qui installe le dumping social, environnemental et fiscal pour asservir les populations. C’est l’Union Européenne qui veut la peau de la France. C’est l’Union Européenne qui veut les accords transatlantiques. C’est l’Union Européenne qui détruit les états nations pour le plus grand bonheur des transnationales. Vouloir la réorienter est illusoire, une seule réponse est possible et porteuse d’espoir, c’est d’en sortir !

Retrouvons notre souveraineté ! Retrouvons notre capacité de décider ensemble de notre avenir ! Les problèmes trouveront des solutions acceptables par tous. Seule l’élite mondialisée pourrait ne pas piller sans entrave.

Une analyse pertinente du cercle ouvrier du Nord

http://www.communcommune.com/article-la-question-de-la-revolte-bretonne-le-point-de-vue-du-cercle-ouvrier-du-bassin-minier-ouest-du-pa-120955751.html

Une autre de Saint-Quentin.

http://www.communcommune.com/article-ecotaxe-un-impot-mal-taille-une-aubaine-politique-pour-le-patronat-de-bretagne-comme-d-ailleurs-120962647.html

Une autre sur Agora Vox.

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/sortir-de-l-union-europeenne-142792

Bien cordialement.

Lucien PONS.

L’article de Thomas Chavigné dans République et Socialisme.

Contre le poujadisme fiscal, pour une vraie réforme fiscale.

lundi 4 novembre 2013 par Thomas Chavigné

« France : Le ras-le-bol fiscal plus fort que la grogne sociale  » a titré le quotidien « les Echos » du 28 octobre. Dans le même article, pour traiter du mouvement des « bonnets rouges » bretons, le journaliste expose : « Cela va des paysans aux entrepreneurs, des petits patrons de PME aux représentants du Medef et aux salariés menacés de licenciement, à quoi s’ajoute un mécontentement diffus  ».

Si cette façon de traiter le problème est pour le moins partiale, la confusion est bel et bien présente dans les esprits, et les rebondissements de la situation bretonne en sont symptomatiques.

Il est vrai qu’en taxant les petites retraites ou encore en permettant, malgré la loi de finance rectificative votée en 2012, que certains ménages à faible revenu deviennent imposables aujourd’hui, le gouvernement a permis que la fiscalité soit une composante supplémentaire de la grogne sociale.

C’est ainsi que l’opposition à l’écotaxe a pu devenir durant quelques semaines le cri de ralliement du patronat licencieur de la filière agro-alimentaire et des salariés menacés de Gad et de Doux.

Certes, la manifestation de Quimper a été maintenue malgré l’annonce par Jean-Marc Ayrault de la suspension de l’écotaxe, et la manifestation de Carhaix a vu le jour au même moment.

A Carhaix, le mot d’ordre principal était bien sûr celui du maintien de l’emploi. Mais à Quimper aussi, malgré la présence de l’UMP et du FN derrière le Medef et la FNSEA, des milliers de salariés sont venus aussi pour lutter contre les licenciements.

Le gouvernement est à la croisée des chemins

François Hollande et Jean-Marc Ayrault doivent prendre la mesure de l’évènement et surtout en tirer les leçons. En effet, si « l’épisode » breton, n’est pas reproductible de la même manière sur l’ensemble du territoire, il est malgré tout révélateur de la situation du pays.

D’un côté, un patronat qui a fait campagne contre la gauche et qui, malgré toutes les concessions qui lui ont été faites, refuse de « jouer le jeu », en veut toujours plus et saisit toutes les occasions pour mettre le gouvernement en difficulté.

De l’autre, les salariés, qui ont porté la gauche au pouvoir et attendent dans l’urgence et avec une impatience accrue d’en récolter les fruits en termes d’emploi, de salaires et d’amélioration de leurs conditions de travail et de vie.

La politique actuelle du gouvernement brouille les repères à gauche, au sein même du salariat et se retourne au final contre François Hollande sous la forme d’une pseudo « union sacrée » des licencieurs et des salariés.

C’est pourquoi il faut changer de cap maintenant ! Pour contraindre le Medef à enlever le bonnet rouge qu’il a usurpé. Imposons une réforme fiscale juste et lisible, à commencer par l’augmentation de la progressivité de l’impôt sur le revenu. Présentons une écotaxe qui soit réellement facteur de relocalisation. Exigeons du patronat de l’agro-alimentaire, en contreparties des aides qu’il demande, de vraies contraintes sur l’emploi, les salaires et les conditions de travail. Alors, le bonnet rouge deviendra le symbole du soutien des salariés à leur gouvernement contre les porteurs de haut-de-forme.

La suspension de l’écotaxe en vue de sa refonte et de la constitution d’une commission d’enquête sur Ecomouv’ (la société bénéficiaire du partenariat public-privé, choisie par le gouvernement de Sarkozy), ainsi que la fermeté de François Hollande sur la taxe à 75 % étaient nécessaires. Mais il va falloir aller plus loin, plus vite !

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