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Billet de blog 2 avril 2019

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l 'amante de la lune et du soleil

Je suis perpétuellement à la frontière entre deux mondes, amante de la lune, je voue aussi un culte à l'astre solaire. Je suis une nomade, une métis, un pied dans le monde des songes nocturnes, un pied dans l'univers des rêves diurnes, un témoin et souvenir de l'au -delà du miroir, de l'au-delà de la réalité quotidienne, un être hybride, fait de féerie et d'humanité.

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l'amante de la lune et du soleil © Lucile Longre

L’amante de la lune et du soleil

Je me réveille, 5h 00, il est encore tôt, mais la lune, l’heure bleue et l’aube naissante n’attendent pas. Je descends l’escalier, je regarde vers les fenêtres de la véranda à droite, et l’aube est là. Je m’avance vers ces fenêtres, je regarde vers la colline, à droite, l’heure bleue est encore là.

J’ouvre la fenêtre et le choeur des oiseaux, qui saluent la prochaine arrivée de l’aurore, m’accueille, dans un bain sonore qui est comme une symphonie, qui serait composée exprès pour moi.

Donc, sur mon fauteuil, j’attends le lever de lune, aux aguets, fenêtre ouverte, baignée par les chants des oiseaux.

Et puis, soudain, elle apparaît, timidement d’abord, une extrémité du croissant se dessine; puis, progressivement, le reste du croissant suit. Et là, tout d’un coup, le temps s’arrête, l’instant se fige, la minute devient une éternité immobile.

Le temps est aboli, le moi aussi, ne subsiste que l’oeil qui observe, fasciné, le surgissement de l’astre céleste, et l ‘oreille, qui n’existe que par le chant des oiseaux. Tout est soudain si calme, si pur, si harmonieux, je fais corps avec la lune, avec le ciel, avec l’ensemble de la création, je m’unis au cosmos qui se fond en moi en retour. Je contiens en moi l’univers entier, par la grâce de cette lune naissante, comme naît en même temps l’aube, des profondeurs nocturnes de l’heure bleue.

A ce moment, je suis comme l’heure bleue, à jamais entre deux mondes, celui de l’aurore et de l’avènement de l’astre solaire et du jour, et celui du crépuscule, quand la nuit n’est pas encore vraiment là et que le jour n’en finit pas de se terminer. Je suis le passant, le vagabond, l’éternel nomade toujours en chemin, un pied dans la clarté du jour, et un pied dans le monde nocturne; je suis l’enfant des deux univers, celui des rêves diurnes et des songes nocturnes, le métis, à jamais partagé entre ses deux mères, qui l’ont, toutes deux, enfanté, amant de la nuit, tel le rossignol et enfant de l’aube, tel le merle saluant le lever du jour.

Et, telle la lune, apparaissant à l’heure bleue, je suis une messagère de cet entre deux, quand le monde de la féerie et des songes se mêle aux rêves des humains oeuvrant sur cette terre, je suis un témoin de cet au delà du miroir, au delà de la réalité diurne, un souvenir de ces temps où, il y a longtemps, bêtes et hommes et la nature toute entière se comprenaient mutuellement et vivaient en harmonie. Et tant que je vivrais, je ferais vivre en moi et autour de moi ce souvenir, afin que la mémoire des autrefois devienne un présent et un futur de maintenant.

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