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Billet de blog 2 août 2017

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comme un avant goût du paradis, mon jardin

Comme il existe des lettres d’amour à l’être aimé, cette lettre sera une lettre d’amour à mon amant de toujours, mon jardin.

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Comme un avant- goût du paradis, mon jardin.

Mon jardin d'Yzeron © lucile longre

Comme il existe des lettres d’amour à l’être  aimé, cette lettre sera une lettre d’amour à mon amant de toujours, mon jardin.

Jardin, mon jardin, ces deux mots renferment tant en si peu de choses, une éternité, un  univers, une galaxie entière pour peu que l’on sache le goûter et l’apprécier.

Jardin, depuis que je ne peux plus guère marcher, tu es devenu mon Tout, mon confident, mon refuge intérieur, mon secret ultime.  A toi, je peux confier mes joies et mes peines, mes sources de bonheur et de chagrin, sûre que toi, au moins, tu les reçois et les comprends.

Jardin, quelque que soit l’heure ou le jour, tu es toujours là pour moi, apaisant mes angoisses, me procurant d’intenses joies. Jardin, tu es pour toujours l’ami que je souhaite avoir, fidèle, discret et compréhensif, jamais pesant, mais jamais loin non plus, tu es l’ami selon mon cœur.

La nuit, quand je ne peux plus dormir, ou bien tard le soir, le chant de tes grillons m’apaise et me calme et les senteurs de la nuit sont un parfum à nul autre pareil. Dans l’obscurité familière, je repose en ton sein comme dans les bras d’une mère, enfin reposée et heureuse.

A l’aube, quand nait le jour, tu me vois accourir comme pour assister à des fiançailles, des noces à jamais recommencées entre le jardin, le soleil et le moi. Entre ces amants de toujours, je renais à chaque aurore, de nouveau fraîche et pure, débordant d’espérance et de liesse face au jour en train de naître.

Puis, le soleil révèle le jardin dans toute sa majesté et la nature s’éveille en même temps que moi. Je m’installe face à la vue ou bien sur la terrasse, bercée par les cris des martinets, là haut dans le ciel, et j’observe le ballet incessant des abeilles qui commence.

Midi, le jardin est bourdonnant d’activités diverses et on l’entend soudain le carillon de l’église qui sonne à grand coups. C’est l’été, quelque chose d’indéfinissable est dans l’air, un sentiment comme d’éternité, de durée infinie et pleine, une impression de densité, d’immensité calme et sereine.

L’après midi arrive, joyeux et tranquille. De temps en temps, une voiture dans le lointain, un chien qui aboie, une porte qui s’ouvre et se referme, des bribes de conversations dans le voisinage.

C’est le moment du repos, de s’installer sur une chaise longue dans le jardin, de lire un livre ou bien de se plonger dans la contemplation de la vue, toujours infinie et toujours recommencée. C’est un temps hors du temps, une durée immobile et sereine, un moment d’apaisement des sens et de l’esprit. J’entends, je ressens et perçois tout autour de moi, je deviens le jardin, je suis le jardin, la nature tout entière m’accueille en son sein, je ne suis plus que regards, son et odeurs, dans une contemplation apaisée et méditative.

Le soir, petit à petit, descend et les couleurs et les sons du paysage changent, deviennent plus douces et plus sourdes, le sentiment d’une journée accomplie dans le calme et la tranquillité. L’horizon se pare d’un peu de rose, plus ou moins suivant les jours, puis le soleil et se couche et vient l’heure bleue, qui pare toutes choses d’une magie un peu irréelle.

En bas, sur le plateau, les lumières des villes et villages s’allument une à une, et la nuit vient, à pas feutrés. Depuis la véranda, je contemple ce spectacle, si paisible et serein et un grand calme s’empare de mon cœur, ainsi que du jardin.

C’est l’été, une nuit et un jour au jardin du paradis.

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