S’il est une chose peu répandue, et même assez peu comprise ou difficile à concevoir, c’est celle de l’écoute, celle de savoir écouter, non seulement l’autre, en tant que sujet, mais aussi l’environnement sonore, comme participant aussi de notre bain sensoriel, de notre commune expérience humaine.
L’écoute de l’environnement, des différentes ambiances sonores qui constituent notre quotidien, non comme bruit de fond ou nuisance dont il faudrait se protéger, en portant des bouchons d’oreilles ou en mettant entre le monde un et nous, un mur de son par l’intermédiaire d’un mp3 et d’un casque, l’écoute de l’environnement en tant que tel est une posture assez peu répandue.
En effet, cela suppose une attitude de réceptivité, une attitude de disponibilité à ce qui nous entoure et qui est différent de nous qui est fort peu répandue chez nos contemporains. On commence en effet à parler de pollution visuelle, mais de pollution ou d’agression sonore pas du tout encore. De partout, dans chaque lieu public, le silence ou du moins le niveau de bruit généré par les interactions des gens entre eux n’est pas toléré en tant que tel, il faut forcément rajouter une ambiance artificielle, il faut obligatoirement introduire et souvent à un niveau sonore assez élevé une musique dite d’ambiance. A croire que les gens auraient peur d’entendre ce qu’ils ont à se dire ou à échanger.
Dans les moyens de transport, dans la rue, beaucoup de personnes ne prêtent aucune attention à autrui ni à leur environnement, occupés qu’ils sont à créer leur propre bulle sonore par leur casque et leur mp3. Et même dans des lieux où l’on pourrait penser que le calme et les sons ambiants sont une des qualités qui peuvent y attirer des visiteurs, comme les parcs et jardins, un certain nombre de personnes y circulent, casques greffés sur les oreilles, yeux rivés sur leurs smartphones, absolument sourds et aveugles à ce qui les environnent.
Et pourtant, adopter une procédure d’écoutant et d’observateur est tellement enrichissant, adopter une attitude d’ouverture à l’Autre, à ce qui nous est extérieur et pourtant proche de nous peut nous apporter tant de bienfaits. Accepter de voir, d’entendre, de s’immerger dans ce bain sonore qu’est notre quotidien, si on lui porte une certaine attention nous fait prendre conscience plus profondément des liens qui nous unissent entre nous et avec ce qui nous entoure ; cela nous fait prendre conscience de la nécessité de préserver et d’entretenir notre cadre de vie, de l’absolue nécessité de ne pas considérer, l’autre, l’étranger, comme un danger ou une menace, mais comme une source de richesse intérieure, comme un moyen d’accomplissement de notre commune humanité.
Alors, ouvrons nos oreilles et notre cœur et soyons disponibles à l’inconnu, à ce qui peut survenir d’étonnant, d’intéressant ou de surprenant dans la rencontre avec l’autre et à ce qui est extérieur à nous.
Pour ceux qui seraient tentés par des expériences d’écoute, il existe un certain nombre de sites où des écoutants mettent en ligne leurs expériences sonores, comme par exemple celle des Arts Sonnants