Interview d’ Olivier de Schutter, nouveau conseiller spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation par Ludovic Lamant
Le 05 sep 2008 dans Médiapart (courts extraits)LL: Les agrocarburants se sont développés sur des terres autrefois réservées aux cultures d'alimentation. Sont-ils les principaux responsables de la crise ?
OdS: Tous les agrocarburants ne peuvent pas être mis sur le même pied. Leur bilan énergétique et environnemental est très différent. Par exemple, le bioéthanol produit à partir du maïs aux Etats-Unis est un pur scandale parce qu'il ne sert en rien à lutter contre l'effet de serre (...)
Dans un rapport qu'elle a longtemps tenu sous le boisseau, finalement publié en juillet, la Banque mondiale estime que 75% de l'augmentation des prix depuis 2005 est imputable à la politique de l'Union européenne et des Etats-Unis en particulier, en matière d'agrocarburants...
LL: Dans votre étude, vous vous étonnez du silence qui a entouré, durant le sommet de la FAO à Rome, les conclusions d'un travail scientifique indépendant, publié en avril.
OdS: Ce qui s'est passé est inouï . La Banque mondiale et la FAO ont lancé un travail considérable en 2004 sur les réponses à apporter aux besoins de l'agriculture dans le monde. Comment continuer à produire de manière durable ? Pour réaliser cette Evaluation internationale des sciences agricoles au service du développement (EISTAD), 400 experts, de tous les pays, de tous les continents, les plus réputés, ont travaillé pendant plus de trois ans. Ils ont produit un rapport tout à fait remarquable, que 64 gouvernements ont approuvé, le 15 avril 2008 à Johannesburg. Et puis rien.