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Lwakale Mubengay BAFWA

Historien et politologue, patriote progressiste et mondialiste originaire du Congo-Kinshasa ; Agrégé de l'enseignement secondaire supérieur, vit à Genève (Suisse)

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Billet de blog 2 juillet 2025

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RD Congo contre Rwanda, portée réelle et perspectives de l’Accord de Washington

Émanant d’une série de deals litigieux, qui ont permis au receleur Tshilombo d’accéder au pouvoir, l’Accord de Washington ratifie ces antécédents et est une duperie qui offre une belle illustration du théâtre machiavélique en politique. Car, il semble avoir été orchestré de manière à institutionaliser l’emprise rwandaise sur les richesses du Congo et étouffer vérité et justice pour les victimes

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

Il est possible que cet accord soit une tentative de trouver une solution diplomatique à une crise complexe ; mais, on se rend compte qu'il sert plutôt à masquer des responsabilités pénales et à pérenniser un statu quo qui a déjà causé d'énormes souffrances à la population congolaise...

Parfois, la politique internationale et la scène diplomatique s'illuminent comme des jeux d’ombres et de postures ; du théâtre, où des acteurs jouent des rôles soigneusement calculés pour atteindre des objectifs peu glorieux. Alors, les dialogues, les gestes et même les silences deviennent autant de manèges dans un jeu où la perception peut parfois primer sur la réalité. Mais jusqu’où peut aller ce type de théâtre politique ? Le jeu de posture du Qatar dans le conflit entre les États-Unis et l’Iran illustre à quel point la politique peut devenir un théâtre de l’absurde. En effet, malgré leur coût extrêmement élevé ainsi que celui des dégâts qu'ils allaient causer, de nombreux missiles iraniens ont frappé la base militaire américaine d’Al-Udeid sur le sol qatari avec l’aval préalablement négocié entre ces trois pays. Ce qui a ressemblé à une démonstration de force vengeresse aux bombes américaines sur le territoire iranien n’a surtout été qu’une posture symbolique paradoxalement convenue à l’avance…

De même, l’Accord de paix de Washington, signé le 27 juin 2025 par le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC), offre une autre fenêtre fascinante sur l’intersection entre la mise en scène politique et les dynamiques géopolitiques. En effet, si c’est la RDC qui, à l’origine et à l'instar de l'Ukraine, a explicitement proposé ses minerais aux Etats-Unis, en échange de leur protection contre l’invasion rwandaise et le pillage de ses richesses, les termes de l’Accord ne reflètent pas ce soutien et, au contraire, ils institutionnalisent l’emprise rwandaise sur les ressources du Congo. La duperie est manifeste et comme l’accord intervient à la suite d’une série des deals antérieurs aussi opaques les uns que les autres, les perspectives de l’accord et desseins des acteurs ne sont pas reluisants.  

La duperie réside dans le fait que cet accord pénalise ceux qu’il est censé défendre et profite largement à leurs agresseurs. D’ailleurs, il ne s'attaque pas aux causes réelles du conflit, notamment aux incessantes invasions grossières du Congo par le Rwanda, ni à ses soutiens constants aux groupes armés, qui sèment la mort et la désolation sur le territoire congolais bientôt trois décennies durant ni à la mainmise rwandaise sur les richesses congolaises avec une rude arrogance ; bien au contraire, il avantage tellement l’agresseur rwandais et ses commanditaires qu’il laisse l’impression d’un artifice pour légaliser, officialiser et enraciner durablement un état paradoxal de colonisation. L’usurpateur Tshilombo y puisant aussi la survie de son régime, les belles scènes théâtrales et les déclarations hypocrites n’ont concouru qu’à couvrir une triste duperie.

L'accord de Washington de la paix entre Rwanda et RD Congo - Africactu © Global Africa Telesud

Portée tangible de l’Accord de Washington

Les termes clés et les objectifs majeurs de l'Accord de paix de Washington s’articulent autour des principaux points incluant :

  • intégrité territoriale et interdiction des hostilités. Le Rwanda et la RDC s'engagent à respecter leur intégrité territoriale réciproque ainsi qu’à cesser toute forme d'hostilités. Cela implique notamment l'arrêt du soutien aux groupes armés ;
  • désengagement, désarmement et intégration des groupes armés non étatiques. Un objectif central est la neutralisation des groupes armés, en particulier les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) perçues comme une menace pour le Rwanda, et laisse entendre réciproquement la fin du soutien aux groupes armés hostiles à la RDC, tel que le mouvement M23. L'accord prévoit aussi la démobilisation, le rapatriement et la réintégration des ex-combattants FDLR ;
  • mécanisme conjoint de coordination de la sécurité. L'accord inclue aussi la mise en place d'un mécanisme de coordination conjointe en matière de sécurité afin de faciliter l'échange d'informations et la coordination des opérations ;
  • réfugiés, déplacés internes et considérations humanitaires. L'accord vise à assurer la protection des civils, à faciliter le retour des déplacés et des réfugiés, aussi bien congolais au Rwanda que rwandais en RDC, dans leurs milieux d'origine ;
  • protection des ressources naturelles. Ce qui apparait comme un objectif stratégique important pour la RDC parce que celle-ci reprendra le contrôle des sites d'exploitation des ressources naturelles, dont le trafic illégal finance en partie les conflits. L'accord vise à introduire une plus grande transparence dans les chaînes d'approvisionnement des minerais critiques ;
  • intégration économique régionale. L'accord prévoit de lancer un cadre d'intégration économique régionale pour stimuler le commerce et les investissements, en particulier dans les chaînes d'approvisionnement des minerais critiques…

A la lumière de cette teneur, certains voient dans l'Accord de paix de Washington entre le Rwanda et la RDC sous les auspices des États-Unis et avec le soutien appuyé du Qatar une évolution significative dans l’ambition de mettre fin à des décennies de conflit dans l'est de la RDC. Ainsi, sa portée réelle est à la fois vaste en termes d'objectifs déclarés et sujette à des défis importants pour sa mise en œuvre. Toutefois, même si les parties prenantes le saluent comme une étape historique, sa portée réelle dépendra néanmoins de sa mise en œuvre concrète sur le terrain et de la capacité des acteurs à relever des défis inhérents à un conflit de longue date :

  • confiance mutuelle et volonté politique. La réussite de l'accord repose sur la restauration de la confiance entre la RDC et le Rwanda, qui ont eu des relations tendues et des accusations mutuelles de soutien aux groupes armés. La volonté politique de chaque partie à respecter ses engagements sera cruciale ;
  • neutralisation des groupes armés. La neutralisation des FDLR est un objectif majeur pour le Rwanda, tandis que la RDC attend la fin du soutien rwandais aux rebelles de l'Alliance Fleuve Congo (AFC) et du Mouvement du 23 mars (M23). La complexité de ces groupes et leur implantation locale rendent cette tâche ardue. A première vue, l'accord confie une charge sécuritaire asymétrique à la RDC pour neutraliser les FDLR ;
  • contrôle des ressources. L'Est de la RDC est riche en minerais stratégiques. L'accord vise à formaliser la gouvernance et à bloquer les voies économiques illicites. Cependant, il y a des préoccupations que l'intérêt des États-Unis pour ces minerais (coltan, cobalt, or, etc.) puisse aussi exacerber les problèmes d'exploitation si les protections environnementales et sociales ne sont pas suffisamment solides ;
  • intégration des ex-combattants. Le désarmement, la démobilisation et la réintégration des ex-combattants est un processus complexe qui nécessite des ressources et une planification minutieuse pour éviter qu'ils ne rejoignent d'autres groupes armés. Ici, Kinshasa seule ne saurait réussir ;
  • soutien international. Le rôle de médiation et de garantie des États-Unis est essentiel. Ainsi, le succès de l'accord dépendra également d'un suivi rigoureux, de mécanismes de vérification et, potentiellement, de sanctions en cas de non-respect ;
  • impact sur l’AFC/M23. Bien que l'accord vise à mettre fin au soutien aux groupes armés, il faut relever que l’AFC/M23 lui-même n'est pas signataire de l'accord et occupe une bonne partie du pays ; ce qui compliquera sa dissolution rapide ;
  • aspects humanitaires. Le retour des déplacés et des réfugiés est un défi logistique et social immense. Le relever mobilisera de moyens logistiques énormes et exigera des infrastructures et une sécurité durables dans les zones de retour…

En somme, l'Accord de paix de Washington est une feuille de route ambitieuse qui offre un cadre pour la désescalade des conflits et la stabilisation de l'Est de la RDC. Il représente une lueur d'espoir après des décennies de souffrances. Cependant, la portée réelle de cet accord ne sera véritablement mesurée qu'à l'aune de sa mise en œuvre effective sur le terrain et de la capacité des parties à surmonter les obstacles profonds et complexes qui ont alimenté et entretenu le conflit jusqu'à présent. Comme d'aucuns, ici et là, l’ont souligné, cet accord n'est que le début de l’ambition, pas l’épilogue.

Accord de paix Rwanda-RDC : "Ce n'est que le début" * FRANCE 24 © FRANCE 24

il y a beaucoup d'incertitude parce que les accords précédents n'ont pas été mis en œuvre ;

  • intérêts économiques sous-jacents. Bien que l'accord vise à faciliter l'accès aux minéraux critiques pour les entreprises américaines, certains craignent que cela ne perpétue les facteurs ayant alimenté le conflit, comme le travail des enfants, la corruption et l'exploitation illicite des ressources, si la gestion n'est pas rigoureuse et transparente ;
  • gouvernance fragile et capacités institutionnelles. Les structures de gouvernance fragiles dans l'Est de la RDC, notamment les faiblesses institutionnelles et l'autorité locale fragmentée par la présence de l’AFC/M23, pourraient entraver l'application de l'accord et la confiance du public ;
  • justice pour les victimes. Certains critiques estiment que l'accord « ignore les crimes de guerre et la justice pour les victimes en imposant un partenariat entre la victime et l'agresseur », ce qui a toujours généré des échecs et pourrait aussi nuire à une paix durable sans justice et réparations ;
  • inclusion des communautés locales et de la société civile. L'exclusion des communautés locales et des organisations de la société civile, très politisées depuis belle lurette, des négociations pourrait engendrer du ressentiment et éroder la légitimité de l'accord, entraînant une instabilité à long terme ;
  • rôle du Rwanda dans la région. Malgré les démentis, le Rwanda est, depuis des lustres, largement accusé d'exploiter les minéraux et divers sites de l'Est du Congo, ce qui pourrait rendre difficile un désengagement total de la région.

Succinctement, l'Accord de paix de Washington représente une opportunité significative et un engagement fort des acteurs internationaux pour tenter de résoudre le conflit entre la RDC et le Rwanda. Cependant, sa « réelle efficacité » dépendra de la volonté politique des parties et acteurs à respecter leurs engagements, de l'inclusion des groupes armés clés comme l’AFC/M23, de la mise en place de mécanismes de surveillance robustes, et d'une approche holistique qui prend en compte les racines profondes du conflit, y compris les questions de gouvernance, de justice et de partage équitable des ressources. Le chemin vers une paix durable sera semé d'embûches et nécessitera un suivi rigoureux et un soutien constamment renouvelé de la communauté internationale. Alors que nombreux ont déjà constaté la supercherie et la dénoncent.

Teneur et ampleur de la duperie

Si l'on considère les divergences entre les déclarations officielles du Rwanda, niant son implication directe dans les guerres récurrentes sur le sol congolais et les preuves accablantes de son soutien à des groupes armés, force est de relever une supercherie d’une telle ampleur qu’il est difficile de la dissimuler même aux yeux du grand public. Alors que l’Accord ne répond pas à ses préoccupations majeures formulées avec un appui médiatique impressionnant, Kinshasa se précipite néanmoins à apposer sa signature sur un accord qui fait la part belle à son prétendu ennemi. Car, même si le Rwanda est astreint à retirer ses troupes du Congo, ce retrait est lié à des conditions que Kinshasa aura bien du mal à satisfaire ; dont, notamment, le désarmement des Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) et des groupes d'autodéfense (Wazalendo) ; qui sont ses alliés et, surtout, opèrent dans des zones dont elle est privée d’accès par l'Alliance fleuve Congo (AFC) et le Mouvement du 23 mars (M23). Et l’AFC/M23 est en substance l’alliée de Kigali…

Étonnamment, l’Accord ne force pas le Rwanda à désarmer pareillement l’AFC/M23. Bien au contraire, oblige la RDC non seulement à négocier avec l’AFC/M23 en vue d’un accord politique interne, mais également à intégrer ses effectifs dans l’armée et dans des instituions civiles. Par ailleurs, l’Accord gratifie le Rwanda de moult avantages économiques et le positionne gracieusement tant au niveau de la géopolitique régionale  que dans la diplomatie internationale. Curieusement, en effet, il y a tout au moins une dissonance entre la rhétorique et la réalité des faits retenus.

Accord RDC-Rwanda : Paix durable ou nouvelle illusion ? © KINSHASA TELEVISION

À qui profite la supercherie dans l’Accord de Washington ?

 Le Rwanda nie être directement impliqué dans le conflit en RDC, notamment via le soutien présumé à l’AFC/M23 et à d'autres groupes armés depuis des décennies. Mais en signant un accord de paix, il reconnaît implicitement son rôle. La duperie est de maintenir une façade de non-ingérence tout en participant activement à la résolution du conflit qu'il est accusé d'attiser. Il est le principal bénéficiaire de l’Accord de paix de Washington à plus d’un titre et à plusieurs niveaux :

  • légitimité internationale. En signant un accord de paix sous l'égide de Washington, le Rwanda se positionne comme un acteur constructif, un partenaire fiable pour les États-Unis et un leader régional. Cela lui confère une hégémonie sur ses voisins, renforce son statut et peut le protéger des critiques ou sanctions concernant son rôle dans la RDC ;
  • influence continue. L'accord lui permettrait de maintenir son influence sur les dynamiques régionales et potentiellement d'obtenir des garanties concernant ses intérêts sécuritaires (comme la lutte contre les FDLR) ou économiques (accès aux ressources congolaises) ;
  • détournement d'attention. Malgré ses longues décennies de crimes au Congo, plus de 15 millions de morts, une dizaine de millions de déplacés en errance continue, viols et pillages des richesses à échelles effarantes, l’Accord de paix de Washington étouffe ces forfaits et détourne l'attention des allégations imputables à son implication directe avérée dans les délits pour présenter le Rwanda et Kagamé comme des solutions plutôt que comme des problèmes qu’ils sont.

Auréolé par son statut privilégié de super-puissance mondiale et de médiateur principal dans les négociations, les Etats-Unis sont en deuxième position parmi les principaux bénéficiaires de l’Accord de paix de Washington. Et, à ce jour, les gains directs de Washington les plus apparents sont aussi bien économiques que diplomatiques :

  • stabilité régionale. Washington cherche à stabiliser une région volatile où il a des intérêts stratégiques. Orchestrer un accord, même imparfait, est une victoire diplomatique, spécialement pour le Président Trump en quête d’honorabilité « nobel de la paix » ;
  • renforcement de l'alliance. Cela consolide l'alliance historique avec le Rwanda, un partenaire clé converti en acteur de référence dans la région des Grands Lacs. Washington peut ainsi continuer à utiliser le Rwanda comme point d'ancrage pour sa politique africaine ;
  • crédibilité diplomatique. Montrer la capacité de Washington à résoudre des conflits complexes, même si la solution est ambiguë…

L’Accord de paix de Washington profite en troisième position à l’usurpateur Tshilombo. Prise d’assise populaire suffisante pour accéder démocratiquement au pouvoir et sans armée à même de résister à des rebelles bien formés et motivés, Tshilombo n’a plus que cette trahison comme levier pour garder le poste usurpé. Impénitent hédoniste, être à tête de la cleptocratie est une situation idéale qui lui permet d’assouvir ses excessifs besoins…

Qui sont les victimes de l’Accord de Washington ?

Sous la forme et selon la teneur dans lesquelles l’Accord de paix de Washington a été signé le 27 juin 2025, s’il profite sensiblement à l’usurpateur Tshilombo et à ses complices du pillage des richesses du Congo, il fait surtout fait de très déplorables victimes ? Parmi ces martyres, la première et de loin la plus douloureuse à déplorer est incontestablement la population congolaise. Selon le « Rapport Roberto Garretón »[i], les exactions perpétrées par la coalition tutsi sous l’égide du Front Patriotique Rwandais (FPR) sur le sol congolais remontent, au plus tard à 1993 et ont atteint un premier point culminant en 1996 au cours de l’épopée triomphante de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) sous la direction de Laurent-Désiré Kabila.

Ainsi donc, depuis plus de trente ans, les Congolais sont, par millions, massacrés avec une cruauté inouïe, violés, déplacés et des millions sont en errance sans fin ; subissant des souffrances indescriptibles en raison de l'insécurité et de la violence persistantes. Ils sont pris en étau dans un conflit complexe par ceux qui veulent les déposséder des terres de leurs ancêtres et piller leurs richesses jusqu’au millième près et partout sur le sol congolais.

Le deuxième martyr, et il est bien loin d’être négligeable, est le pays lui-même. En effet, si la RDC, directement ou indirectement, est victime de violations répétées de sa souveraineté et de son intégrité territoriale par des acteurs extérieurs, les invasions rwandaises sont systématiques, ses occupations territoriales effectives en pleine expansion depuis des lustres et aussi bien ses infiltrations des institutions congolaises que leur noyautage en totale vitalité. Depuis Mobutu, phagocyté par Barthélémy Bisengimana, aux moult conseillers de Tshilombo, il y a au sommet de l’Etat congolais des infiltrés rwandais dont la mission première, loin des intérêts du Congo, est de le détruire progressivement au profit d’Hima-Tutsi, en s'en rendant maîtres de l'intérieur. Ainsi, après le paroxysme du phagocytage rwandais avec AFDL, l’autre comble a été atteint avec l’infernal quatuor Kanambe, Kamerhe, Ruberwa et Nyarugabo. Phagocyté à un tel niveau de cette ampleur, le Congo ne tient plus qu’à un fil pour sa survie. C’est ce qu’étaie l’Accord de Washington.

La troisième et dernière victime de cet accord, selon notre observation, est le couple vérité et justice. En effet, selon le « Rapport Roberto Garretón », les massacres au Congo du Tutsi-Power sous l’égide du FPR  remontent à 1983 ; soit plus de 30 ans d’un génocide minutieusement  planifié ! Si les responsabilités réelles de ce génocide ne sont toujours pas clairement établies et que les coupables ne sont jamais tenus pour responsables de leurs monstrueux crimes ce n’est pas seulement la quête de vérité et de justice pour les victimes qui est compromise ; c’est faire l’éloge de la loi de la jungle avec  son cortège d'inhumanité, de destruction contagieuse, de laideur en courbant l’échine devant le chantage d’expert.

Surgissant d’une série de deals litigieux, qui ont permis au receleur Tshilombo d’accéder au pouvoir, l’Accord de Washington semble une réaffirmation de ces antécédents et donc une duperie qui offre une belle illustration du théâtre machiavélique en politique. Car, sous le brillant éclat médiatique de leur épilogue le 27 juin 2025, les pourparlers ont été orchestrés de manière à légitimer et à officialiser l’emprise rwandaise sur les richesses du Congo en évitant de traiter équitablement les griefs congolais. Manifestement, la paix de complices sacrifie principalement la population congolaise, la vérité et la justice. Parce que l'accord ne s’attaque pas aux racines du conflit, à l'ingérence rwandaise, à ses massacres, à ses viols et à ses motivations ; mais y met allègrement un voile diplomatique, pour ne pas nuire à l’image du Rwanda, et officialise indécemment son exploitation arbitraire des richesses du Congo.

La poursuite de l’expropriation des Congolais sous d'autres formes ainsi que la survie politique de l’usurpateur Tshilombo étant solennellement garanties, la violence pourrait, pareillement, se poursuivre aussi sous d'autres formes ou par procuration. La « paix » sur le papier ne se traduit pas  par une paix réelle et durable sur le terrain. Ni la souveraineté du Congo, ni sa faculté à assurer son intégrité territoriale, ni la réappropriation économique  de ses ressources ne sont cautionnées…

Eclairage,
Chronique de Lwakale Mubengay Bafwa

[i] Roberto Garretón, Rapporteur spécial des Nations-Unies sur la situation des Droits de l'Homme en République du Zaïre, République démocratique du Congo (RDC) aujourd’hui, conformément à la résolution 1995/69 de la Commission des Droits de l'Homme. M. Garretón a été auteur de plusieurs rapports sur l'Afrique des Grands-Lacs ; dont l’un, particulièrement accablant pour la coalition rwando-ougando-burundaise de 1996, sur les exactions perpétrées durant la guerre dite de « libération » sous l’étiquette de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL). 

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