Tshilombo et Kanambe sont des monstres qui vicient la scène politique congolaises. Qui peut opportunément neutraliser le mal absolu incarné par l'autre, comme étape dans le processus de la résolution de la gravissime crise en cours au Congo, tout en épargnant les Congolais des atrocités de la guerre civile et ouvrant la voie à la libération totale du pays ?

S’il ne rabat pas fondamentalement les cartes, les forces en présence restant pratiquement les mêmes, le retour flamboyant de l’ex-chef de l’Etat congolais, l’imposteur Kanambe, dans l’arène politique déjà incandescente de la République démocratique du Congo (RDC) en bouscule au moins les références jusque-là prises en compte et y accentue désormais l’âpreté des affrontements en perspective. Face aux atouts et prérogatives de l’Etat grassement mobilisés par l’usurpateur Tshilombo solidement installé à la tête du pays, Kanambe, riche des rentes cumulées au cours de deux décennies de règne sans partage, peut, comme renfort aux aguerries et redoutables forces du Mouvement du 23 mars (M23), surprendre en y opposant des moyens et artifices insoupçonnés à même de faire très mal. Mais, à qui de deux, à Kanambe ou Tshilombo, les Congolais concéderaient par défaut la gouvernance de leur pays ?
En effet, à une période si fort troublée localement, avec des repères fondamentaux outrageusement brouillés, il ne s’offre aux Congolais qu’un véritable choix cornélien, entre la peste et le choléra, diraient certains. Cependant, avec un peu de sens de nuance, en se plaçant du côté purement politique et en se limitant à des perspectives à court et moyen terme, le choix entre l’un des deux camps est facile à opérer. Car, lorsque le destin ne nous laisse le choix qu’entre deux maux, Aristote nous conseille de choisir le moindre[i]. Entre la peste et le choléra, en cas de dilemme, sans aucune hésitation un averti optera pour ce dernier. Car, c’est, de très loin, la moins pire de ces deux terrifiantes pandémies. De même, les lignes et pages, qui suivent, se proposent de démontrer comment, malgré leurs bilans respectifs pareillement piètres et effroyables, l’éventualité de poursuivre avec la gouvernance de Tshilombo générerait des effets et des implications sensiblement différents que l’alternative d’un retour du mercenaire Kanambe aux affaires du Congo. L’une de ces deux alternatives pouvant engendrer de graves et atterrants dégâts ; alors que l’autre option augure une voie vers la libération du Congo.
Ni le choléra !
Gouvernant seul, sans la moindre concession, le Congo de 2001 à 2019, soit quasi deux décennies, l’imposteur Kanambe représente désormais une figure incontournable de la politique congolaise. Si ses partisans louent sa capacité à maintenir un semblant de stabilité dans un pays historiquement marqué par des conflits prolongés, son régime n'était pas exempt de critiques ; il en est même accusé de plus graves, à une échelle effarante et reste un mercenaire tutsi :

- mercenaire tutsi rwandais. Venu dans le cortège de l’épopée triomphante de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo(AFDL), Kanambe n’a jamais apporté de preuves de sa congolité, encore moins de sa filiation avec Mzee Laurent-Desiré Kabila ; dont il est accusé d’être l’assassin et l’extermination des membres de la famille biologique ;
- génocidaire des Congolais. À la tête des troupes-AFDL, qui se sont rendues coupables, à Tingi-Tingi et ailleurs, de tueries massives et de pires atrocités de l’histoire du Congo, c’est également sur lui-même individuellement que repose l’imputation des répulsifs carnages permanents institués à Beni et à Butembo, en passant par Kamuina-Nsapu, Yumbi, fosses communes de Maluku, hécatombe parmi les officiers de l’armée congolaise, multiples répressions des manifestants ;
- millions de Congolais en errance constante depuis des lustres. Les déplacements massifs des populations congolaises, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays se sont poursuivis dans des proportions gigantesques durant le règne de Kanambe ;
- tyrannie ! À la répression violente de simples manifestations pacifiques de la population démunie, se conjuguent les assassinats ciblés et les emprisonnements arbitraires à la pelle pour terroriser en permanence un peuple indigent ;
- corruption et détournements de fonds publics ! Tout comme son successeur, Kanambe et son régime ont été accusés de pratiques systématiques de détournement de fonds et d'abus de pouvoir. Cf. Congo Hold-up, La tirelire du clan Kabila[ii]…
Alors que l’Empire Hima-Tutsi, dans la région des Grands Lacs, est en voie de réalisation accélérée, il y en qui continuent à y apercevoir une pure vue de l'esprit. Parmi ses illustrations les plus évidentes, l’acharnement des régimes tutsis du Rwanda et de l’Ouganda sur le Congo pour le balkaniser, imploser et démanteler au profit d’un plan diabolique de domination de l'Afrique centrale par les Tutsi. Et Hyppolite Kanambe est un « Cheval de Troie » que la coalition tutsie a placé à dessein au Congo pour hardiment exécuter, par tous les moyens, la part lui impartie de ce funeste projet. Imposteur certifié, Kanambe n’est pas congolais et n’a aucun lien consanguinité avec les « Kabila ». Tutsi confirmé et propre neveu de James Kabarebe, alias Joseph Kabila est donc un impitoyable génocidaire par nature. L’identité lui a été astucieusement fabriquée à dessein de lui confier le rôle majeur dans la désintégration du Congo pour servir de rampe de lancement de l’Empire Hima-Tutsi dans la sous-région.
Stipendiaire nettement avéré au service de la terroriste Union nationale rwandaise (UNAR) et à la solde de sa rallonge, le bien-nommé « Front patriotique rwandais » (FPR), qui sont d’impassibles planificateurs des génocides sans frontières, envahisseur cynique et infernal déstabilisateur impénitents de la région depuis des lustres, Kanambe s’est déjà assez illustré comme bourreau des Congolais pour que son éventuel retour aux affaires de l’Etat fasse frémir de trouille quiconque a encore de la mémoire au Congo de Lumumba. Et le fait de s’être moqué, au moins à trois reprises, des choix électoraux des Congolais pour, in fine, leur imposer un étourdi mégalomane, un jouisseur impénitent, un prévaricateur au paroxysme de l’ineptie, démontre à suffisance jusqu’où l’arnaqueur se sent à même d’aller pour ridiculiser sans remords les Congolais.
Encore moins la peste !
Lorsqu’on parle de médiocres, qui polluent la scène politique congolaise, Tshilombo en est une notoire illustration. Réputé pour son incompétence éblouissante, aucun diplôme ni formation professionnelle reconnue, mais célèbre jouisseur impénitent, c’est en sus à l’avantage d’un scandaleux deal, qui a profusément défrayé la chronique, que l’usurpateur est arrivé au pouvoir. Et, plus grave encore, c’est sous sa gouvernance que le Congo a connu le paroxysme des excès dans divers domaines fondamentaux :
- corruption et détournements de fonds publics dans des proportions effarantes et à des rythmes vertigineux ;
- violation massives des droits humains opérées de manière ostentatoire, hautaine et méprisante tant à l’égard des victimes que vis-à-vis de toute la population congolaise ;
- iniquité et arbitraire à toute épreuve et à tout vent comme modes de manipulation idéologique et appareils hégémoniques de préservation ou conservation du pouvoir ;
- insécurité généralisée est une caractéristique majeure de la crise congolaise. Les violences sont fréquentes et les populations civiles en sont les principales victimes ;
- régionalisme, tribalisme, clientélisme, impunité, haine ethnique et xénophobie se conjuguent au népotisme pour affirmer la préséance des groupes face au pouvoir pour semer partout l’iniquité à des seuils tragiquement critiques.
Avec le régime de Tshilombo, c’est la quasi parfaite démonstration de la mal-gouvernance et son élévation au paroxysme du sens de l’expression. Assoiffé du pouvoir, il est passionnément en quête d’un règne sans partage ; alors que c’est sous sa gouvernance que l’insécurité, sur l’ensemble du territoire national, a atteint des seuils critiques. Parallèlement, le Congo continue à faire face à une instabilité sécuritaire croissante à toutes ses frontières ; constamment souillées et violées par les armées régulières de ses voisins. Sur le sol congolais même, sa politique discriminatoire génère incessamment des conflits inter-ethniques dans diverses parties du pays et sa propre milice ethnique sème la terreur partout.
Même si des conflits pour le contrôle des ressources naturelles du Congo ont toujours existé, leur constante recrudescence devient une des caractéristiques persévérantes de la gouvernance de Tshilombo. Pouvait-il en être autrement ; lorsque, de manière incompréhensible, l’hédoniste invétéré a accentué le phénomène par des mesures politiques illisibles ; telles que l’état de siège dans la partie orientale du Congo, des accords militaires équivoques avec des voisins envahisseurs clairement identifiés et notoirement certifiés, adhésions illogiques à des regroupements sous-régionaux réputés hostiles aux intérêts congolais, d’insolites rapprochements bilatéraux avec des agresseurs du pays pénalement condamnés …
Ces tant d’aspects gravement incriminateurs de son régime font de Tshilombo le mal absolu, jamais expérimenté dans l’histoire politique du Congo. Corrélativement, l’urgence de son dégagisme est unanimement plébiscitée à travers toutes les couches de la Nation. Aussi, chaque heure, la moindre minute supplémentaire laissée au cleptocratie jouisseur à la tête du Congo s’apparente-t-elle littéralement à la destruction irréversible de ce pays.
Avec un peu de sens de nuance, le choix se portera sur le moindre mal…
En effet, à la lumière de ce qui précède, l’alternative limitée à Tshilombo ou Kanambe à la tête du Congo représente un véritable choix cornélien. Toutefois, une rigoureuse analyse des perspectives politiques à court et moyen terme en RDC permet de se rendre compte qu’à défaut de troisième immédiatement crédible, accepter le triomphe de l’un de ces deux protagonistes actuellement en lice ouvrirait une transition vers la libération totale du Congo. Dans cette hypothèse, la victoire à paradoxalement souhaiter, voire contribuer, serait celle de l’imposteur. Car, une fois la scène politique apurée par la fin de l’affrontement personnalisé entre ces deux monstres, le peuple congolais se ressaisirait plus aisément pour se retourner et se dresser comme un seul homme, à l’image des années 2011 à 2018, contre le mercenaire dorénavant identifié.

En fin de compte, ce choix cornélien, entre Tshilombo et kanambe, reflète les tensions structurelles de la RDC, où les aspirations du peuple doivent constamment être confrontées aux épreuves de la realpolitik. Bien que critiqué pour les mêmes forfaitures que Tshilombo, Kanambe pourrait être vu comme un instrument stratégique temporaire, comme une étape tactique pour surmonter l’âpreté des crises actuelles pour mieux préparer la Libération du Congo. Sa capacité à dissimuler son jeu et à se contenir sur certains aspects laisse augurer que déjà archi-comblé sur le plan matériel, puis brillamment auréolé par une révérencieuse victoire sur l’ennemi public numéro un des Congolais, le taiseux imposteur peut lui-même ressentir le besoin de se faire oublier. Le crépuscule de son parrain Paul Kagamé entamé, notamment le déclin de son aura à l’international, Kanambe serait enchanté de libérer la scène au profit d’une mobilisation populaire unanime contre ces pratiques controversées qui plombe le décollage du Congo. Le peuple congolais pourrait exploiter cette conjoncture pour s’engager, enfin, dans un processus de réforme plus large.
Après tout, son retour éventuel aux affaires pourrait être perçu comme une régression vers des pratiques controversées du passé, force est aussi de se rappeler que sous son mandat, des avancées majeures avaient été réalisées, notamment dans les infrastructures et dans divers secteurs économiques, dont la stabilité monétaire. Et, pour certains Congolais, Kanambe représente une époque où, malgré les critiques, un certaine stabilité avait été maintenue. S’il peut revenir pour aider à neutraliser le monstre, qu’il a lui-même créé, nombreux sont des Congolais à y déceler, opportunément, une étape dans le processus de la résolution de la gravissime crise en cours : stopper le mal absolu que Tshilombo incarne.
Eclairage,
Chronique de Lwakale Mubengay Bafwa
[i]. « Entre deux maux, il faut choisir le moindre », une des pensées éthiques fortes d’Aristote. Elle se trouve dans son œuvre intitulée : Éthique à Nicomaque.
[ii]. Documentaire publié par le magazine suisse : Public Eye https://www.publiceye.ch/fr/thematiques/corruption/congo-hold-up/la-tirelire-du-clan-kabila