Alors que l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) s’enlise dans une crise sécuritaire chronique, la politique du régime Tshisekedi soulève une question dérangeante : et si l’instabilité était devenue un outil de gouvernance ? Derrière les discours de pacification, une lecture critique révèle une stratégie délibérée d’instrumentalisation du chaos pour consolider le pouvoir, étouffer le débat démocratique et préparer un glissement institutionnel.
Des nominations qui interrogent
La désignation de figures militaires controversées à la tête des provinces sous état de siège, notamment des anciens rebelles, suscite des doutes sur la volonté réelle de pacification. Ces choix, loin d’apaiser les tensions, renforcent une logique de militarisation de la gouvernance, où l’autorité civile est suspendue au profit d’un contrôle vertical opaque.
Bunagana : un silence stratégique
Pourquoi, dès octobre 2020, la présidence de Félix Tshisekedi a-t-elle accueilli, pendant près de quatorze mois, à Kinshasa, une délégation de membres importants du Mouvement du 23 mars (M23) ? Voilà pourquoi, par la suite, l’occupation prolongée de Bunagana par le M23, sans réaction décisive de fermeté de la part du gouvernement, alimente les soupçons d’une passivité calculée. En effet, ce silence, dans une zone hautement symbolique, semble servir de prétexte pour maintenir l’état d’exception et détourner l’attention des autres enjeux majeurs nationaux.

Des alliances militaires surprenantes, vers une diplomatie trouble…
La diplomatie sécuritaire du régime, marquée par des alliances bilatérales et multilatérales peu transparentes, brouille les lignes de la souveraineté nationale. Le rapprochement avec Kigali, suivi d’une rupture brutale, illustre une stratégie instable, où les intérêts personnels et visées géopolitiques priment sur la sécurité des populations.
L’état de siège : un outil politique ou une stratégie de diversion
Reconduit à plusieurs reprises, l’état de siège suspend les juridictions civiles et les mécanismes démocratiques locaux. Ce régime d’exception devient un instrument de contrôle politique, où les libertés sont restreintes et les voix dissidentes muselées.
Une crise qui étouffe le débat démocratique
En entretenant une instabilité chronique, le pouvoir détourne l’attention des urgences sociales, économiques et institutionnelles. Les revendications sur la réforme électorale, la transparence budgétaire ou la lutte contre la corruption sont reléguées au second plan. La peur et la confusion deviennent ainsi des armes politiques.

Vers un glissement institutionnel ?
La prolongation de l’état de siège, la lenteur des réformes électorales et les tensions sécuritaires alimentent les spéculations sur un possible glissement du calendrier électoral. Une crise sciemment entretenue qui, finalement, s’apparente à un prétexte pour repousser les échéances constitutionnelles, au nom de la stabilité et de la recherche, en priorité, de la paix.
Une stratégie du chaos ?
La gestion sécuritaire de l’Est par le régime Tshisekedi ne relève pas seulement de l’improvisation. Elle semble s’inscrire dans une logique bien calculée, où le désordre devient un levier stratégique de pouvoir. Cette stratégie, bien que cynique, révèle une vérité dérangeante : en RDC, la crise n’est pas toujours une fatalité, elle peut être une ressource politique.
Eclairage,
Chronique de Lwakale Mubengay Bafwa