Lwakale Mubengay BAFWA (avatar)

Lwakale Mubengay BAFWA

Historien et politologue, patriote progressiste et mondialiste originaire du Congo-Kinshasa ; Agrégé de l'enseignement secondaire supérieur, vit à Genève (Suisse)

Abonné·e de Mediapart

66 Billets

0 Édition

Billet de blog 13 septembre 2025

Lwakale Mubengay BAFWA (avatar)

Lwakale Mubengay BAFWA

Historien et politologue, patriote progressiste et mondialiste originaire du Congo-Kinshasa ; Agrégé de l'enseignement secondaire supérieur, vit à Genève (Suisse)

Abonné·e de Mediapart

D’imposture à la potence, alias Joseph Kabila, une parenthèse politique à radier ?

Kabila s’est illustré comme bourreau des Congolais et sa mission ultime est de générer l’implosion du Congo pour le remplacer, comme l’assure l’ancien ministre français, Bernard Debré, par la reconstitution d’un empire tutsi régional, inspiré du royaume monarchique précolonial dirigé par le Mwami. Voilà pourquoi il faut fermer la parenthèse politique de son règne et liquider tous ses actes posés

Lwakale Mubengay BAFWA (avatar)

Lwakale Mubengay BAFWA

Historien et politologue, patriote progressiste et mondialiste originaire du Congo-Kinshasa ; Agrégé de l'enseignement secondaire supérieur, vit à Genève (Suisse)

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

CHARLES ONANA : RDC / "LES CONGOLAIS SONT SEULS" © OMERTA

Comment appréhender, considérer et, finalement, qualifier l’épisode de règne  par un étranger considéré comme imposteur ? La question aborde un scénario historique, culturel et politique complexe ; brouillant usurpation d'identité, joug d’occupation ou emprise étrangère ainsi que la perception ou l’interprétation, peut-être à tort ou à raison, différente de ce qui s’est réellement passé pour un peuple. Il est difficile de trouver un exemple historique qui corresponde exactement à ces trois critères simultanément. En général, les usurpations d'identité à un niveau aussi élevé de pouvoir sont rares et les circonstances de gouvernance, par un étranger, sont souvent liées à des conquêtes expansionnistes associées à des dynasties impérialistes opérant sous une fausse identité. Auquel de ces différents scenarii le Congo a-t-il été exposé sous alias Joseph Kabila ?

Ici, en fait, la gageure réside dans la quête d’une réflexion historique et d’une terminologie politique appropriées. En effet, lorsque l’on analyse une période durant laquelle un pays a été dirigé par une personne considérée, aussi bien a priori qu’a posteriori, comme un étranger imposteur, plusieurs dimensions s’imposent à l’approche pour être prises en compte afin d’en saisir la portée, la qualification et l’impact sur la mémoire collective. Dans le cas précis d’alias Joseph Kabila au Congo, la longévité et l’ampleur de son emprise sur la scène politique congolaise, malgré la vitalité des accusations de son imposture identitaire et la brûlante vigueur  de la méfiance populaire corrélative à son égard, l’habile personnage, insaisissable et irréductible à une dimension, reste bien une fascinante énigme titillant passionnément l'imagination et entretenant de vifs débats ; et ce d’autant qu’il est toujours en scène. De la perception à l’interprétation de son historique empreinte, quel impact grave-t-il sur la mémoire collective et à quel sort historique s’expose-t-il ?

https://www.youtube.com/watch?v=-xZdsbtjh64

Interprétations, perceptions et approches historiques de l’imposture politique

De manière générale, l’interprétation et l’appréciation d’une période, où un pays est gouverné par quelqu’un perçu comme un imposteur étranger, dépend du scénario ayant conduit à l’imposture. L’usurpation de pouvoir par un étranger peut survenir dans un pays à travers des coups d'État, des révolutions téléguidées par l’étranger, des prises de contrôle subites des institutions par un étranger infiltré, des manipulations politiques orchestrées à distance par des expansionnistes ou par des stipendiaires à la solde des impérialistes. Concrètement, ces scénarios se combinent parfois pour former une stratégie complexe d'influence maligne visant à manipuler politique, économie et société du pays cible. Plus fréquemment, la découverte de l’imposture est immédiate ; elle se constate graduellement au fil du temps, dans le regard rétrospectif du peuple abusé, des historiens avisés et des générations suivantes.

Cependant, dans l’avènement d’alias Joseph Kabila, l’accusation d’imposture a été concomitante de sa vertigineuse ascension politique, et ce d’autant plus qu’il a fait partie de l’armée étrangère envahisseuse du Congo, Zaïre à l’époque. Toutefois, dans la plupart des péripéties ailleurs ou historiquement observées, la supercherie, souvent fascinante et florissante en palpitantes implications aussi bien politiques, économiques et culturelles que stratégiques et historiques, n’a généralement été découverte qu’après coup et reste alors factuellement irréparable. Revue de quelques jalons à travers les volets interprétation, perception, et approche historique :

  1. Interprétation : entre mythe, trahison et pouvoir
  • imposture comme métaphore politique. En stratégie politique et appréciation historique, traiter un gouvernant d’imposteur est souvent expressément utilisé pour délégitimer un pouvoir jugé sous-tutelle. Cela peut être une stratégie rhétorique pour mobiliser l’opinion publique à son encontre ou justifier le dégagisme. Dans le cadre de son procès contre la RDC, la partie civile a préféré, le 21 août 2025, alerter sur l’identité rwandaise d’alias Joseph Kabila pour l’accuser d'être de mèche avec les rebelles de l'Alliance fleuve Congo (l'AFC) et du Mouvement insurrectionnel du 23 mars (M23) et insister sur l’impératif de requalifier l'infraction d'espionnage pour laquelle le prévenu devrait désormais être jugé ;
  • usurpation d’identité. Accuser un dirigeant d’avoir usurpé une identité pour accéder au poste évoque une rupture du contrat social. Pousser le peuple à se sentir non seulement trahi par le mensonge qui entoure son ascension ; mais aussi exposé au danger que représente un stipendiaire à la solde d’ennemis ;
  • masque du pouvoir. A dessein de dissimulation manipulatrice, l’imposteur peut également incarner la duplicité du pouvoir, où l’apparence et la vérité sont en conflit. Il s’agit des façades ou des rôles exprès adoptés par un gouvernant pour exercer son influence. Cela soulève des questions philosophiques sur l’autorité : est-elle fondée sur la vérité ou sur l’efficacité ?
  1. Perception : entre rejet, fascination et réécriture
  • rejet populaire. Le pouvoir incarné par un étranger génère, ipso facto, la répulsion populaire d’autant que l’imposture s’est forgée dans la violence. Ce gouvernant étranger est aussi souvent explicitement perçu comme un corps étranger, porteur de valeurs ou d’intérêts incompatibles avec ceux du pays. Ce qui peut nourrir le ressentiment  et l’ostracisme ;
  • fascination postérieure. Avec le recul, certains imposteurs peuvent devenir des modèles fascinants, des références politiques à invoquer ou des figures romanesques admirées. Leur audace, leur intelligence ou leur capacité à manipuler les institutions pouvant fasciner écrivains, historiens et artistes ;
  • réécriture historique. Selon le régime qui suit, l’imposteur peut être diabolisé et son règne réduit à une parenthèse à refermer et oublier. C’est ce que la cleptocratie de Tshilombo tente d’imposer… Mais, le succès n’est pas toujours au rendez-vous ; ainsi, l’usurpateur peut aussi être réhabilité et vénéré. L’histoire devient alors un champ de bataille mémoriel.
  1. Approche historique : exemples et dynamiques

Voici quelques cas emblématiques :

Cas historique         -        Pays concerné         -        Nature de l’imposture         -             Conséquences

Perkin Warbeck  Angleterre (XVe siècle)  Se fait passer pour le prince      Échec, exécuté, mais a semé  le
                                                                      disparu Richard IV                   doute sur la légitimité des Tudor

Jean-Bédel Bokassa   Centrafrique  Accusé d’avoir manipulé son     Déchu, reste figure controversée 
                                                   ascension avec soutien étranger        entre tyrannie et modernité

Paul Kagame (perception) RDC/Rwanda  Congolais le présentent    Alimente tensions régionales et 
                                                                       comme acteur influençant la RDC     récits de domination étrangère

Alias Joseph Kabila          RDC     Accusé d’usurpation d’identité            18 ans de règne et transfert pacifique
                                                                                                                                                du pouvoir                                                                                                                                                                       

Ces divers types d’épisodes, qui ont jalonné la mémoire collective, soulèvent des questions vives et profondes : qu’est-ce qui fait la légitimité d’un dirigeant ? Son origine ? L’adhésion populaire ? Et laissent, parfois entière, la problématique de la vérité historique…

Alias Joseph Kabila, une imposture dans un contexte aggravant de joug et génocide

Crimes de guerre et crimes contre l’humanité, voire actes de génocide selon certains, les massacres de Tingi-Tingi et environs, survenus en mars 1997 lors l’épopée fulgurante de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), épaulée par la coalition rwando-ougando-burundaise, ont été documentés par plusieurs rapports internationaux, dont le rapport Mapping des Nations-Unies, les travaux de Reed Brody (Human Rights Watch), et ceux de Roberto Garretón (rapporteur spécial de l’ONU). Ils touchent à l’un des chapitres les plus douloureux, répugnants, sombres et complexes de l’histoire contemporaine de la région des Grands Lacs. Bien que ces sources convergent à relever une responsabilité partagée entre plusieurs forces militaires alliées et que la plupart des noms précis des commandants impliqués dans ces atrocités odieuses restent souvent enveloppés dans le silence diplomatique et les zones d’ombre géopolitiques ; néanmoins, des langues se délient parfois pour cerner un certain commandant Hypo, aujourd’hui Joseph Kabila, comme principal chef des opérations qui ont poinçonné de manière indélébile cette région.

Ainsi, déjà incriminé en tant que commandant militaire dans les massacres, les plus abjects de l’avancée triomphante de l’AFDL, alias Joseph Kabila l’est encore davantage pour les infâmes crimes perpétrés sous son règne en tant que chef d’Etat du Congo. D’aucuns ont mis en exergue d’innombrables violations des droits humains sous sa gouvernance. Les rapports détaillés des institutions internationales, des ONG, et des études académiques spécialisées de la région des Grands-Lacs permettent de dresser un effroyable bilan du long règne, sans partage, d’alias Joseph Kabila sur le Congo.

Il y a d’abord ces impressionnantes boucheries humaines pendant de simples manifestations pacifiques des personnes démunies et ces terrifiantes hécatombes jusqu’à ce jour injustifiées des notabilités : Armand Tungulu, Floribert Chebeya, Rossy tshimanga Mukendi, Thérèse Kapangala... On peut rappeler ces impassibles et pétrifiantes exterminations au sommet de l’armée congolaise, ces glaçants empoisonnements des généraux, cas du Général Félix Budja Mabe Nkumu Embanze ou du Général-major Lucien Bahuma Ambamba ou encore ces effarants assassinats, qui ont largement défrayé la chronique ; tels que le cas du vaillant colonel Mamadou Mustafa Ndala… Sans oublier les incessantes massacres ethniques à Beni, en Ituri et dans l’ensemble du Kivu comme épicentre de la violence. Dans d’autres territoires, à l’instar de Yumbi (du 16 au 17 décembre 2018 et impliquant les ethnies Batende et Banunu) ou du Kasaï-Central (du 8 août 2016 à 2019 avec la Rébellion Kamwina Nsapu), ont également été frappés sporadiquement par la spirale de violence pendant la longue durée  de règne d’alias Joseph Kabila.

Cette extermination massive, planifiée, structurée et continue de la population congolaise se conjugue à l’infiltration des institutions du pays pour accréditer la thèse selon laquelle alias Joseph Kabila n’est ni congolais, ni un « Kabila ». Tutsi rwandais confirmé et, donc, impitoyable génocidaire par nature et imposteur authentifié Hyppolite Kanambe ; il a expressément fabriqué une identité appropriée pour servir de « Cheval de Troie » dépêché à dessein au Congo en vue d’exécuter, par tous les moyens, la part lui impartie du projet de l’Empire Hima-Tutsi dans la région des Grands Lacs.

Impitoyable stipendiaire  nettement identifié de la terroriste UNAR (Union nationale rwandaise) et de sa rallonge, le bien-nommé « Front patriotique rwandais » (FPR), dévastateur cynique du Congo, alias Joseph Kabila est le maillon le plus avancé des planificateurs sans frontières des génocides et infernaux déstabilisateurs de la région. Il s’est déjà assez illustré comme bourreau des Congolais et, in fine, sa mission ultime est de conduire le Congo à l’implosion en vue de le remplacer, comme l’affirme l’ancien ministre français, Bernard Debré, par la reconstitution d’un empire tutsi régional, inspiré du royaume monarchique précolonial dirigé par le Mwami : « Le retour du Mwami : la vraie histoire des génocides rwandais »[i].

Véritable épouvantail, inspirant de vertes terreurs aux Congolais, alias Joseph Kabila est bien pire qu’un simple intrus dans l’histoire politique du Congo. Son rejet populaire avait atteint des sommets et nombreux, à l’image d’Armand Tungulu ou de Rossy Mukendi Tshimanga, étaient prêts à tout pour le faire déguerpir du Congo.   Aussi, sa réapparition à la une de l’actualité et la perspective de son retour aux affaires de l’Etat font-elles frémir de  trouille quiconque a encore de la mémoire au Congo de Lumumba. Et le fait de s’être moqué, au moins à trois reprises, des choix électoraux des Congolais pour, in fine, leur imposer un étourdi mégalomane, un jouisseur impénitent, un prévaricateur au paroxysme de l’ineptie, démontre à suffisance jusqu’où l’arnaqueur se sent à même d’aller pour ridiculiser sans remords les Congolais. On ne lui reproche pas seulement l’imposture ; mais également, et surtout, un dessein avéré d’exterminer les Congolais et d’exproprier en douce le peuple congolais de ses chères  précieuses terres au profit des Tutsi.

Democratic Republic of Congo: The legacy of Joseph Kabila © FRANCE 24 English

De l’impact de l’imposture d’alias Joseph Kabila sur la mémoire collective

Dans la pratique, les historiens et analystes politiques privilégient une approche contextualisée de la période d’imposture pour mieux en faciliter la reconsidération et la requalification.           Ainsi, ladite période peut alors être qualifiée de « règne contesté », « parenthèse d’occupation » ou « épisode d’usurpation », selon la situation spécifique et les sources disponibles. L’emploi de guillemets ou d’expressions telles que soi-disant dirigeant ou imposteur reconnu souligne le caractère controversé du régime ciblé. La qualification d’une imposture politique, telle que le règne d’un usurpateur étranger sur un autre pays, pourtant officiellement souverain, peut inspirer l’imagination romanesque, influencer la manière dont la période est racontée dans les manuels scolaires et les célébrations populaires, dont elle est traitée dans des discours politiques, dont elle est perçue dans la littérature patriotique etc... Souvent, un tel intervalle est associé à l’humiliation, à la blessante idée de perte de souveraineté, d’affligeante capitulation ou de défaite de la résistance patriotique. Les impostures historiques - qu’elles soient le fait d’un individu usurpant une identité ou d’un pouvoir étranger imposé - ont souvent laissé des traces profondes dans les sociétés affectées. Revue d'analyses des contextes d’imposture ayant généré des impacts majeurs à la fois immédiats, qu’à moyen et long terme !

Revue d'analyses de l’impact d’imposture sur la mémoire collective

Crises de légitimité et instabilité politique

  • Affaiblissement du pouvoir central. Lorsqu’un imposteur accède au pouvoir, cela remet en question la légitimité des institutions. Exemple : False Dmitry I en Russie a plongé le pays dans le « Temps des troubles », une longue période de guerre civile, d’ingérence étrangère et d’humiliantes atrocités.
  • Révoltes et guerres civiles. L’imposture peut provoquer des soulèvements populaires ou des conflits entre factions. Lambert Simnel et Perkin Warbeck ont, tous les deux, déclenché des batailles mémorables en Angleterre.

Mémoire collective et construction identitaire

  • Traumatismes historiques. Ces épisodes peuvent devenir des blessures mémorielles. Au Mexique, par exemple, le règne de Maximilien Ier, imposé par la France, est encore perçu jusqu’à ce jour comme une acrimonieuse humiliation nationale.
  • Mythification ou diabolisation. Certains imposteurs deviennent des figures légendaires. Ils sont parfois réhabilités ou transformés en symboles de résistance ou de manipulation. Ainsi, Napoléon Bonaparte, qui a durablement réformé la France, notamment avec le Code Napoléon, est globalement et durablement perçu de manière positive dans l’Hexagone.

Réformes institutionnelles et juridiques

  • Renforcement des mécanismes de vérification. Après une imposture, les États tendent à renforcer les procédures d’identification, de succession ou de contrôle du pouvoir.
  • Évolution du droit dynastique ou constitutionnel. En Angleterre, les impostures ont contribué à la consolidation du pouvoir des Tudor et à la centralisation monarchique.

Impacts sociaux et culturels

  • Suspicion envers les étrangers. L’imposture étrangère peut nourrir le rejet de l’autre, renforcer le nationalisme ou justifier des politiques xénophobes. La Côte d'Ivoire d’Ouattara en fit une longue démonstration avec la promotion du concept idéologique et politique d’ivoirité, initialement aiguillonné dans les années 1990 sous la présidence d’Henri Konan Bédié.
  • Débat sur l’identité nationale. Encouragés à dessein, Ces épisodes obligent les sociétés à redéfinir ce qui constitue leur identité, leur souveraineté et leur mémoire pour s’affirmer.

Influence sur la littérature, l’art et la politique

  • Inspiration pour les œuvres. Shakespeare, Tolstoï, Hugo… plusieurs écrivains ont puisé dans ces récits pour explorer les thèmes du pouvoir, du mensonge et de la vérité.
  • Usage politique contemporain. Certains régimes utilisent l’histoire des impostures pour délégitimer leurs adversaires ou justifier leur propre autorité. En Côte d'Ivoire, malgré le levier d’ivoirité, Gbagbo n’a pas réussi à triompher d’Ouattara.

Impact de l’imposture d’alias Joseph Kabila sur le Congo

La représentation du règne d’alias Joseph Kabila comme celui d’un imposteur étranger a laissé une empreinte profonde et ambiguë dans la mémoire collective de la RDC. D’une part, cette perception a cristallisé d’intenses débats identitaires et incendiaires, mettant en lumière les failles et les tensions qui traversent la société congolaise. Les soupçons autour de ses origines ont nourri tant de récits discordants, concurrents et passionnés où l’étranger devient le symbole d’une dépossession de la souveraineté nationale, qu’ils attisent le doute et parfois la défiance vis-à-vis des institutions.

Ce contexte a influencé la façon dont les Congolais se racontent leur histoire récente : la figure d’imposteur, réelle ou fantasmée, sert de miroir à des anxiétés collectives sur l’appartenance, l’authenticité du pouvoir et la légitimité de ses détenteurs. Cette narration, relayée à travers les médias, les débats populaires et les œuvres artistiques, a favorisé une méfiance durable envers les élites et a contribué à polariser les opinions sur la période du règne de Kabila.

D’autre part, la mémoire collective s’enrichit de nuances : certains voient dans cette controverse une occasion de questionner les critères d’accès au pouvoir et la capacité du peuple à déterminer sa propre destinée. Elle interpelle aussi sur le rôle des institutions dans la vérification et la protection de l’ordre républicain. Au fil du temps, ces questions identitaires ont dépassé le strict cadre du règne d’alias Joseph Kabila pour s’inscrire dans une réflexion plus large sur l’histoire politique du pays et sur la construction de l’identité nationale. L’élan semble parti pour s’amplifier.

Ainsi, la considération du règne comme imposture ne se limite pas à un rejet ou à une stigmatisation : elle façonne un espace de débat, d’interprétation et parfois de résilience, où la mémoire collective oscille entre le besoin de justice, le désir d’une authentique vérité et l’élaboration du récit commun congolais exaltant le patriotisme.

https://www.youtube.com/watch?v=bvS7M5G3B_A&t=108s

Appréciation factuelle du bilan et héritage d’alias Joseph Kabila

Évaluer une période, où l’Etat a été longuement et pleinement incarné par celui qui est considéré comme imposteur étranger, implique de conjuguer rigueur historique et sensibilité collective. Il convient de faire recours à des termes reflétant la complexité du contexte, la diversité des points de vue et l’évolution des jugements et opinions au fil du temps. Devenu chef de l’Etat congolais en 2001 à la suite de l’assassinat de son prédécesseur et prétendument son père biologique - Laurent-Désiré Kabila - alias Joseph Kabila a considérablement marqué l’histoire politique du Congo par un long règne s’étendant sur près de deux décennies : de 2001 à 2019. Le bilan de sa gouvernance et l’héritage laissé à la nation congolaise sont contrastés ; mêlant espoirs, échecs, défis et controverses.

Réalisations notables

Stabilité politique relative et accords de paix

Lorsqu’alias Joseph Kabila prend le pouvoir, la RDC est déchirée par la Deuxième Guerre du Congo, l’un des conflits les plus meurtriers de la fin du XXème siècle. Son accession à la magistrature suprême du Congo ouvre la voie à des accords de paix importants (Accords de Sun City, 2002), qui aboutissent à la réunification relative du pays et à l’intégration d’anciens belligérants dans les institutions régaliennes, dont le gouvernement de transition. Alias Joseph Kabila est ainsi crédité d’avoir mis fin au conflit majeur qui ravageait le pays, notamment par l’Accord global et inclusif de Pretoria en 2003 et assuré une stabilité politique relative de la RDC.

Processus démocratique et plusieurs cycles électoraux aboutis

Le règne d’alias Joseph Kabila est marqué par l’organisation des premières élections pluralistes depuis l’indépendance, en 2006, puis en 2011 et en 2018. Ces scrutins, bien que contestés, représentent une avancée démocratique symbolique. Toutefois, la crédibilité des résultats a été fortement remise en question par les médias, l’opposition politique et la communauté internationale, en raison de soupçons de fraudes et d’irrégularités. Dès lors, malgré les tensions, il a réussi à maintenir une certaine continuité de l’État.

Croissance économique et défis structurels

Sur le plan économique, la RDC s’est illustrée par quelques performances et a connu une croissance modérée au cours des années 2000, portée notamment par des réformes dans le secteur minier ainsi que par la hausse des prix des matières premières (cuivre, cobalt, or, étain, coltan). Cependant, cette embellie ne s’est pas accompagnée d’une amélioration significative pour la majorité de la population. Les infrastructures sont restées défaillantes, la pauvreté endémique a subsisté, voire s’est même accentuée, et la corruption structurelle s’est généralisée, handicapant lourdement le développement du pays. Certes, de manière générale, les performances de l’économie congolaise ont néanmoins été palpables ; parce que, par rapport à la période précédant son règne, elles ont été multipliées par cinq au cours sa gouvernance, surtout grâce à l’exploitation minière, certes ; mais aussi par d’autres moult apports, notamment par la hausse des investissements étrangers. 

Failles et controverses

Défis sécuritaires persistants

Malgré la fin officielle de la guerre, des hostilités meurtrières ont persisté, particulièrement dans l’Est du pays, impliquant divers groupes armés, milices locales et interventions étrangères. Le régime d’alias Joseph Kabila a peiné à restaurer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire et à assurer la sécurité des populations.

Droits humains et espace démocratique

Le régime d’alias Joseph Kabila a été très critiqué pour la restriction des libertés publiques, la répression des mouvements de la société civile et la limitation de l’espace démocratique. Des arrestations arbitraires, des violences contre les manifestant et des atteintes à la liberté de la presse sont documentées, notamment à partir de 2015, lorsqu’il a voulu se maintenir au-delà de la limite constitutionnelle.

Violations des droits humains

Répression des opposants, arrestations arbitraires, et violences contre les manifestants ont entaché son image internationale. La restriction des libertés d’expression a été une béante plaie.

Corruption endémique

Le régime d’alias Joseph Kabila a été accusé de détournements massifs de fonds publics et de contrats miniers opaques, notamment avec des partenaires douteux tels que Dan Gertler.

Élections contestées

Tous les scrutins organisés sous le règne d’alias Joseph Kabila ont été qualifiés de simulacres  dont les résultats des urnes n'ont jamais été pris en compte. Celui de 2018, qui a vu Tshilombo accéder au pouvoir, est largement perçu comme un perfide arrangement politique entre lui-même alias Joseph Kabila et la Commission électorale nationale indépendante (CENI), orchestré par Corneille Nangaa. L’hédonicrate Tshilombo est ainsi devenu chef d’Etat dans une configuration très particulière et propre à la RD-Congo, que le chef de la diplomatie française de l’époque, Jean-Yves Le Drian, s’est autorisé à qualifier de compromis à l'africaine…

Faiblesse de l’armée

Malgré son passé militaire, alias Joseph Kabila a laissé derrière lui, à son successeur, une armée congolaise déstructurée et incapable de sécuriser le pays ; spécialement à l’Est du pays, où la population reste une proie facile pour des groupes armés tels que le M23…

Héritage politique et institutionnel

Alternance pacifique inédite

L’un des héritages notables du règne d’alias Joseph Kabila est la première alternance pacifique au sommet de l’État, avec l’accession de Tshilombo à la Présidence de la République en 2019, bien que ce transfert de pouvoir soit l’objet de controverses quant à sa transparence et à d’éventuels arrangements politiques douteux.

Résilience de la société congolaise

Sous le règne d’alias Joseph Kabila, la société congolaise s’est illustrée par une résilience remarquable face aux crises multiples ; en s’organisant à travers des mouvements citoyens, associations et médias alternatifs pour réclamer davantage de droits et de justice.

Réformes institutionnelles en demi-teinte

Si certaines réformes sont amorcées (nouvelle Constitution de 2006, décentralisation, création de nouvelles provinces), leur application reste partielle et les institutions demeurent fragiles ; soumises notamment à des intérêts partisans et à l’influence de réseaux mafieux ; certains remontant jusqu’à l’ère de Mobutu.

Néanmoins, le règne d’alias Joseph Kabila a offert à la RDC une stabilité relative, après des années de guerre. Cependant, cet héritage demeure ambivalent ; certes, marqué par des avancées politiques symboliques, mais également par d’importants défis non résolus. Si la paix et une certaine continuité institutionnelle figurent à son actif, la persistance de la pauvreté, des violences et de la corruption assombrit le tableau. L’histoire jugera son passage à l’aune de la capacité des générations suivantes à transformer la résilience du peuple congolais en un véritable projet de société inclusif et durable. Stipendiaire à la solde des forces d’occupation aux yeux de la grande majorité de Congolais, alias Joseph Kabila n’a pas réussi à changer la conviction de la plupart de ses administrés estimant que le développement du Congo et l’amélioration de conditions de vie de la population n’a jamais figuré parmi ses préoccupations. Sa mission majeure consistant à préparer le pays à la balkanisation et à l’implosion. D’où son implication personnelle dans l’infiltration et la fragilisation des institutions régaliennes…

Récapitulation

Aspect                           -                    Héritage laissé                    

🏛️ Institutions                                   Un système politique marqué par le clientélisme et le tribalisme

⚔️ Sécurité                                        Une crise persistante dans l’Est, avec des soupçons de complicité avec des groupes armés comme le M23

💰 Économie                                      Croissance inégalement répartie, majorité de la population toujours sous le seuil de pauvreté

🗳️ Démocratie                                   Alternance politique formelle mais entachée de soupçons de manipulation électorale

🌍 Image internationale                    Dégradation de la réputation du pays en matière de gouvernance et de droits humains

Actualité et retour à la politique politicienne

Alias Joseph Kabila a récemment annoncé son retour sur la scène politique pour 2025, malgré des accusations graves de crimes de guerre et de soutien à l’AFC/M23. Le ministère public congolais a même requis la peine de mort contre lui pour trahison et collusion avec mouvement insurrectionnel. Ce retour est perçu par beaucoup comme une tentative cynique de reprendre le pouvoir en exploitant les failles du régime actuel qu’il s’applique à affaiblir par une guerre hybride et, notamment, des coups des coups de boutoir accélérés.

  • Complicité avec le M23. Kabila est accusé par la Haute Cour militaire de complicité avec le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda. Il aurait favorisé leur résurgence via l’AFC, initiée et dirigée par son complice Corneille Nangaa.
  • Crise persistante dans l’Est. L’Est du Congo reste en proie à des violences, notamment à Rutshuru, Masisi et Nyiragongo. Le l’ethnocratie de Tshilombo accuse alors alias Joseph Kabila d’avoir semé l’instabilité dans ces zones pour empêcher les élections locales en 2023 et vise désormais la chute du régime.

⚖️ Procès et tensions actuelles

  • Procès historique. Alias Joseph Kabila est jugé par contumace pour trahison, crimes de guerre, viols, et organisation d’un mouvement insurrectionnel. Le ministère public a requis la confiscation de ses biens et, surtout, la peine de mort contre lui, une première depuis l’exécution de Lumumba.
  • Réaction politique. Alias Joseph Kabila dénonce alors une instrumentalisation de la justice et accuse le régime actuel de vouloir réécrire l’histoire pour masquer ses propres échecs…

D’aucuns estiment que ce bras de fer risque de s’installer durablement ; sans que la cleptocratie de Tshilombo, malgré les atouts de l’Etat à sa disposition, n’ait l’assurance d’avoir, in fine, le dernier mot. Ainsi, même dépouillé de pouvoir politique et inculpé, voire même condamné, alias Joseph Kabila demeure l’épouvantail qui génère la trouille au ventre ceux qui se sentent sur son chemin.

Quelles perspectives : réhabilitation ou condamnation ?

Avec le recul, certaines figures d’imposteurs étrangers sont parfois réhabilitées, voire honorées et réintégrées dans une lecture plus nuancée de l’histoire nationale ; tandis que d’autres demeurent synonymes d’infiltration, de trahison, d’occupation de domination et d’expropriation. Il faut des débats académiques et citoyens plus poussés et pointus pour permettre de revisiter ces jugements.

Le cas d’alias Joseph Kabila, aujourd’hui devant la Haute Cour militaire de la RDC et accusé d’espionnage au profit des ennemis, est juridiquement explosif et sans précédent dans l’histoire congolaise contemporaine. L’imposteur a régné de manière absolue sur le Congo pendant de nombreuses années, et son rôle dans l'histoire de la RDC est un sujet de débats et d'analyses pour les historiens et les politologues. Ses actions et ses décisions ont eu un impact profond sur la politique, l'économie et la société du pays. L'analyse de ces questions entraîne des implications judiciaires, politiques et  historiques complexes. Dans une approche factuelle approfondie, quelles potentielles conséquences et perspectives générales peut-on déjà en déduire sous l’angle juridique, politique et historique ?

Conséquences juridiques potentielles

Alias Joseph Kabila est poursuivi pour des chefs d’accusation extrêmement graves, notamment pour :

  • espionnage (requalification de la trahison) ;
  • usurpation d’identité (présenté comme un sujet rwandais nommé Hyppolite Kanambe) ;
  • crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité ;
  • soutien à des mouvements insurrectionnels (AFC/M23) ;
  • Homicides, viols, tortures, déportations…

La réquisition de 24 milliards USD en dommages et intérêts, la confiscation de ses biens, et la peine de mort demandée par le parquet militaire traduisent une volonté de frapper fort…

Toutefois, si la Haute Cour militaire retient, entre autres, l’accusation d’imposture étrangère, alias Joseph Kabila s’expose alors à des sanctions supplétives lourdes prévues par la législation congolaise. Les peines pourraient inclure notamment la privation de droits civiques, l’inéligibilité à toute fonction publique, voire des peines privatives de liberté. Une telle condamnation remettrait en cause la légitimité de l’ensemble de ses mandats présidentiels et la validité des actes pris sous sa présidence à la tête de la RDC…

Ce procès est bien plus qu’un affrontement judiciaire : il interroge la responsabilité des élites, la force du droit face au pouvoir, et la capacité d’un État à juger ses propres dirigeants. Il pourrait ouvrir la voie à une jurisprudence africaine sur la reddition des comptes post-présidence, un sujet encore tabou dans de nombreux pays.

Perspectives politiques

Sur le plan politique, un procès contre un ancien chef d’État pour imposture aurait des répercussions profondes. Cela pourrait fragiliser les institutions, diviser la classe politique congolaise et polariser l’opinion publique. Une telle affaire porterait atteinte à l’image de stabilité recherchée par les autorités actuelles et pourrait être instrumentalisée par certains groupes pour contester aussi bien la légitimité que la légalité du régime actuel mis en place par les actes à caution d’un imposteur. La République, partie civile, s’est appliquée à démontrer les dommages causés à l’État congolais sur les plans sécuritaire, humanitaire et institutionnel. Ce qui présume dorénavant de lourdes charges en guise de réparation du préjudice.

Ce procès pourrait aussi constituer un précédent, encourageant une justice plus indépendante et des investigations approfondies sur l’origine et la légitimité des futurs dirigeants. À l’inverse, s’il est perçu comme un règlement de comptes, il va nourrir une culture de suspicion et de méfiance dans la sphère politique congolaise.

Porteur d’un tournant dans la lutte pour le pouvoir, ce procès marque une rupture aussi bien brutale que radicale entre le régime actuel de Tshilombo et l’ancien système incarné par le FCC d’alias Joseph Kabila. En outre, il pourrait être perçu comme une stratégie d’élimination politique, comme le suggère alias Joseph Kabila lui-même, visant à neutraliser un acteur majeur de l’opposition.

Il constitue aussi un véritable précédent institutionnel ; car, jamais un ancien chef d’État congolais n’avait été jugé pour espionnage et crimes contre l’humanité. Ce qui pourrait ouvrir la voie à une relecture juridique du passé gouvernemental et présidentiel, pouvant affecter d’autres figures politiques historiques nationales.

Enfin, la polarisation de la vie politique congolaise est accentuée à son paroxysme ; parce que ce procès risque d’aggraver les tensions politiques, notamment entre les partisans du FCC et ceux de l’Union sacrée. Il pourrait également réactiver des clivages ethniques et régionaux, en ravivant les débats sur l’origine d’alias Joseph Kabila et les alliances transfrontalières qui ont contribué à son ascension.

Portée historique

Historiquement, la procédure judiciaire, telle qu’elle est engagée, marque, d’ores et déjà, une césure cardinale et saillante dans l’histoire tumultueuse de la RDC. Le pays a souvent été confronté à des crises de légitimité et à des conflits d’identité nationale. Débattu publiquement, si vivement et si passionnément, le cas d’alias Joseph Kabila pourrait relancer le débat sur la nationalité et les conditions d’accession au pouvoir, tout en remettant en lumière les enjeux liés à la souveraineté et à l’influence étrangère dans la région des Grands Lacs. Fougueusement ravivé, le débat sur la congolité risque de ne pas se contenir au sommet de l’Etat et de mettre toute la société congolaise en ébullition et déclencher de basses pulsions.

Néanmoins, s’il aboutit en bonne et due forme, ce procès s’inscrirait au Panthéon de l’histoire du Congo comme un moment charnière, signalant une volonté de transparence et de reddition de comptes, ou, à l’inverse, renforcerait une perception négative de fragilité institutionnelle ; qui caractérise à jamais la vie politique congolaise.

Ainsi, au regard de la gravité des accusations, du contexte politique tendu ainsi que de la portée des sanctions, qui se dessinent, les perspectives à court terme sont déjà marquées par l’incertitude. Toutefois, sur le long terme, ce procès d’alias Joseph Kabila pourrait être un catalyseur de réformes majeures ou, a contrario, générer de nouvelles tensions au sein de la fragile société congolaise. Quelle qu’en soit l’issue, l’histoire retiendra ce moment comme un tournant majeur pour la RDC dans sa quête de stabilité institutionnelle. C’est pourquoi un verdict reconnaissant l’imposture d’alias Joseph Kabila constituerait un message assez fort contribuant à fermer la parenthèse politique de son règne et liquider tous ses actes posés.

Eclairage,
Chronique de Lwakale Mubengay Bafwa

[i]. Debré, Bernard, Le retour du Mwami : la vraie histoire des génocides rwandais, Ramsay, décembre 1997, 264 pages.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.