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Lwakale Mubengay BAFWA

Historien et politologue, patriote progressiste et mondialiste originaire du Congo-Kinshasa ; Agrégé de l'enseignement secondaire supérieur, vit à Genève (Suisse)

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Billet de blog 15 août 2023

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Ukraine, une guerre par procuration, qui augure le crépuscule de l’OTAN

Insolence, avec laquelle l’OTAN poursuit sa guerre par procuration en Ukraine, pourrait brusquer son implosion et la marginalisation de l’Occident dans un monde qui se veut pacifiste et multipolaire. Au cœur des BRICS, la douce Chine a déjà ravi aux USA les prestigieux rôles de matrice et catalyseur de raffinement de la civilisation universelle et d’amplification sans violence de la mondialisation

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ukraine, une guerre par procuration, à même de de déboucher sur l'implosion de l'Occident et qui augure déjà le crépuscule de l’OTAN

Malgré l’intégration et l'interdépendance internationales croissantes, dopées par l'intensification des flux d’échange des idées et des biens ainsi que par l'expansion des interactions humaines, le tout corrélé au triomphe du libéralisme et à la quête volontariste d’harmonie dans la cohabitation, l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord, OTAN en sigle, sous l’impulsion arrogante des Anglo-Saxons, persiste dans ses pratiques révolues de conquêtes et de domination par recours infernal à des barbares agressions, « hard power ». Les démonstrations, les plus évidentes et les plus agaçantes pour les autres nations, sont abondamment mises en exergue par ses outrancières menaces à tout vent d’intervention militaire ici, ses concrètes invasions iniques confirmées là-bas ainsi que par ses tyranniques sanctions de tout genre à des peuples ; qui tentent de résister à son emprise. Unilatéralement décrétées, ces déstabilisantes sanctions sont comprises, dénoncées et combattues comme des supports d’hégémonie et d’impérialisme par des groupes géopolitiques en pleine expansion. Ses visées néo-colonialistes excessives ainsi que l’enlisement prévisible de sa guerre par procuration en Ukraine laissent donc augurer l’imminence de l’implosion de cette obsolète organisation belliciste.

Guerre en Ukraine : "L’OTAN constitue une menace militaire pour les Russes" (ambassadeur de Chine) © Europe 1

En effet, l’échec du récent Sommet Russie-Afrique, l’absence annoncée du Président Vladimir Poutine au prochain Sommet des BRICS - prévu fin août 2023 à Johannesburg - les déconvenues alléguées du Groupe russe Wagner en Afrique à la suite de ses déboires institutionnels en Russie ainsi que la perspective de la défaite de l’Opération militaire russe en Ukraine tendent à accréditer les thèses insinuant l’affaiblissement amorcé et accéléré du Chef du Kremlin et, corrélativement, de la décrépitude de la Russie en tant que grande-puissance. Toutefois, les réalités en point de mire pourraient s’accomplir et s’avérer diamétralement et complètement antithétiques à ces prédictions machiavéliquement forgées par de pseudos analystes géopolitiques, par des médias de propagande ainsi que par des acteurs politiques contestables occidentaux.

En réalité, les États-Unis, l’OTAN et l’« Occident »[i] courent désormais le risque de subir la morale du « Mythe d'Icare »[ii] : l’extrême punition contre l'arrogance et la témérité ! En effet, d’invasions, de conquêtes, d’extermination des autres peuples, de leur expropriation en occupation de leurs terres ancestrales à la colonisation et au néocolonialisme, l’« Occidentanie »[iii] a ainsi été, jusqu’à des dates récentes, la matrice et le catalyseur de la mondialisation et de la construction de la civilisation universelle. Cependant, cette mondialisation galopante se conjugue avec le triomphe du libéralisme ; qui prône une société fondée sur la liberté d'expression des individus dans le respect du droit, du pluralisme ainsi que du libre-échange autant des idées que des biens. Désormais ancrés, incompressibles, irréversibles et conquérants par le recours massif et intense aux attributs du soft power, tel qu'il est défini en relations internationales, la mondialisation et le libéralisme augurent, a contrario de ce qui se dit et s’écrit dans des officines propagandistes occidentales, le crépuscule accéléré, voire l’implosion imminente, de l’impénitent envahisseur OTAN au profit de la charmante Chine et des fascinants BRICS ; dont l’ascension est dorénavant irrésistible et leurs zones d’influence incompressibles.

L’ère d’expansion coloniale par des agressions cruelles et des invasions barbares n'est-elle révolue ?

Encore des visées et des obsessions chimériques aux dépens d’une hégémonie planétaire conquise de hautes luttes et d’un puissant rayonnement culturel universel, voilà ce qui frappe ! Désormais, les attributs de position, progressivement et chèrement cumulés au cours du processus de construction de la mondialisation, sont en voie d’étiolement. Aveuglés par leur frénésie maladive de possession, d’enrichissement et de domination, l’Europe, les États-Unis, l’OTAN et l’« Occident » [iv] courent le risque de voir s’appliquer sur eux la morale du « Mythe d'Icare ». En effet, d’invasions, de conquêtes, d’extermination des autres peuples, de leur expropriation en occupation de leurs terres ancestrales à la colonisation et au néocolonialisme, l’« Occidentanie »[v] a néanmoins été, jusqu’à des dates récentes, la matrice et le catalyseur du rapprochement, de la cohabitation et du mixage des peuples. Bâtisseurs incontestés de la mondialisation, ils sont donc à l’origine de la construction d’un savoir-vivre-ensemble dorénavant communément partagé ; que certains, non sans brin de fierté, nomment :  la civilisation universelle.

L’expression de cette fierté laisse entendre qu’aujourd’hui, contraints ou pas à l’origine, chaque membre de cette communauté intégrée, se sent dorénavant promoteur et acteur de la poursuite du rapprochement, de l’unification et de l’intégration. Corrélativement, les plus dynamiques pressentent la mission et la responsabilité de veiller à la qualité du brassage social en cours et de la citoyenneté en construction. D’où la mobilisation en faveur d’une gouvernance internationale apaisée ! Celle-ci est désormais réelle et active ; notamment symbolisée et matérialisée par la naissance et la prépondérance de l’Organisation des Nations-Unies, ONU en sigle. Ce panachage est un processus de construction d’une même et seule civilisation ; qui se veut universelle et plus raffinée qu’aucune autre n’a pu l’être.

Néanmoins, rappelons que, sous prétexte d’apporter la « civilisation » à des primitifs et aux sauvages d’ailleurs, les Européens envahisseurs se sont rendus coupables de pires crimes, de cruautés les plus atroces de l’Histoire aux quatre coins du monde. Une sinistre ère à bannir résolument, à considérer comme définitivement révolue ! Une douloureuse et infamante parenthèse d’Histoire à irrémédiablement fermer ! Bien volontiers, nous nous abstiendrions de ressasser malencontreusement ce douloureux et avilissant passé si et seulement si l’Europe, les États-Unis, l’OTAN et l’« Occident » avaient aussi évolué pour adopter, judicieusement et de manière volontariste, ces manières, ces valeurs, ces pratiques, ces croyances, et même ces orientations visant à maçonner, sous l’impulsion des organisations internationales, une cohabitation bilatérale et multilatérale plus conforme à l'idéal qu’ensemble, nos peuples mixés, globalisés et intégrés  se font aujourd’hui de la civilisation. Par sa nature, par ses buts, par ses actions posées et par son histoire, l’OTAN demeure le reflet de ces agressions et de ces invasions barbares par lesquelles l’« Occidentanie » s’est, jadis et toujours, illustrée. Présentement en effet, suite à la destruction toujours en cours du Congo de Lumumba, de la Libye de Kadhafi, de l'Irak de Saddam Hussein, de la Syrie de Bachar al-Assad et j'en passe, les adjectifs primitifs et barbares renvoient désormais à l'Europe, aux  États-Unis, à l’OTAN, à ce que, péjorativement, nous désignons par ce vocable si expressif d'« Occidentanie ».

Vers le crépuscule de l’OTAN et une cocasse illustration du Mythe d'Icare…

En effet, la mondialisation galopante a, comme puissant support, le triomphe avéré du libéralisme. Autrement dit, faut-il l’affirmer avec force, l’ère d’expansion coloniale, en imposant à d’autres peuples, la barbarie des conquêtes violentes et des atrocités inutiles, est désormais révolue. L’Europe et les États-Unis ont atteint un niveau technologique tel qu’ils sont en état d'innovation humaine et sociale à même de soutenir la poursuite de leur expansion économique et leur influence politique à l’échelle mondiale par des méthodes libérales, non-violentes, voire amicales. Cependant, l’obsession de régenter le monde ainsi que des conjectures économiques anachroniques entêtent l’Europe, les États-Unis et l’OTAN à persévérer dans des visées, des stratégies et des aventures militaires risquées. La sophistication croissante des armes létales, la complexité grandissante des stratégies militaires, la course généralisée à l’armement offrent désormais peu de certitude quant à l’issue de tout conflit armé. Le fait que l’Europe, les États-Unis et l’OTAN ont souvent exaspéré d’autres nations les exposent à une conjugaison de circonstances à même de les surprendre… Un incident nucléaire reste possible ; il peut tout anéantir...

Jadis, par la Charte de San Francisco, adoptée le 26 juin 1945, l’Europe et les États-Unis affichaient une saine volonté à construire un monde pacifique. On ne la saluera jamais assez ! Depuis, les ponts n'ont cessé d’être fragilisés. Avec leur actuelle détermination à fournir des armes en tout genre à l’Ukraine, la manipulant à poursuivre, par procuration, leur guerre d’expansion hégémonique contre la Russie, ils ne cessent d’agacer et de vexer des pans en constante extension de la communauté internationale. Corrélativement, ils s’éloignent inexorablement du noyau des forces centrifuges constructrices de la civilisation universelle ; dont ils ont longtemps joui de la reconnaissance et du prestige d’être des architectes. Présumée non-violente, libérale, raffinée, harmonieuse et pacifique, cette civilisation universelle cherche dès lors son point d’ancrage ailleurs. Avec son impétueuse et irrésistible ascension, c’est l’éblouissante et affable Chine qui s’apparente dorénavant à ce point focal. En effet, l’« Empire du Milieu » s’impose de plus en plus en rival sérieux, plus à même que jamais de ravir à l’Europe et aux États-Unis les prestigieux rôles de matrice et de catalyseur du raffinement de la civilisation universelle et de l'apogée en cours de la mondialisation. Une issue défavorable aux espoirs de l'OTAN à sa Guerre par procuration en Ukraine accélérerait sa déchéance.

Ukraine, une victime instrumentalisée pour assouvir des desseins anachroniques d’hégémonie !

Du point de vue culturel, l’Ukraine est, avec la Biélorussie, les communautés les plus proches de la Russie ; car, elles partagent une grande partie des racines culturelles assez profondes. Politiquement, elles ont également partagé le même destin jusqu’à ce que l’Occidentanie intervienne perfidement pour semer des zizanies dans ce pacte fraternel millénaire, à multiplier des stratagèmes pour opposer les uns aux autres en vue de les diviser, de les affaiblir pour mieux les asservir. La manœuvre est connue ; elle a réussi, parfois avec déconcertante facilité, aux quatre coins du monde. Le bloc russe est certainement, jusqu’à ce jour, l’entité géopolitique qui a su lui opposer la plus solide et la plus longue des résistances. Une incongruité manifestement insupportable ! Aussi, malgré la désastreuse et vexante défaite de Napoléon, en dépit de la calamiteuse, accablante et fatale déroute d’Hitler, la conquérante Occidentanie a-t-elle toujours recherché des prétextes pour revenir à la charge ! Du reste, les richesses de la région, ses contours géostratégiques en font l’un des grands attributs de puissance ; sinon, un rival dont il faut se méfier. D’où la fascination séculaire de l’indomptable Russie pour l'envahisseuse Occidentanie !

Certains remontent à l’éclatement de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques ou URSS, en abrégé, ainsi qu’à la Chute du Mur de Berlin, pour situer les origines de la Guerre présentement en cours en Ukraine. Ils n’ont pas tort. Mais, pour simplifier ce rappel, c’est 2014, avec les agitations de Maïdan[vi], qui constitue, selon nous, le tournant décisif dans le processus de Résistance de la Russie à la menace de l’OTAN. Car, après que Ronald Reagan avait réussi à faire imploser le Bloc soviétique, l'Ukraine aspirait, avec le soutien de la Russie, à devenir la Suisse de l'Est de l’Europe. Cependant, le processus fut obstrué par la CIA. Celle-ci conspira le putsch contre Wiktor Janukowytsch, le chef-d’Etat élu démocratiquement par les Ukrainiens en 2014. Le dessein des Anglo-Saxons étant d’élargir progressivement l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie.

En effet, Janukowytsch avait opté pour une politique de bon voisinage tant avec la Fédération de Russie qu’avec les voisins membres de l'OTAN. Une tactique pragmatique de Realpolitik, de neutralité ; à l’instar de celle que l'Autriche de Karl Renner avait appliquée, avec tangible succès, pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Pareillement, l’Allemagne du Prix Nobel Willy Brandt, y avait également fait recours avec notable brio. Par les agitations de Maïdan, la CIA réussit à faire capoter les plans de Wiktor Janukowytsch. Malgré les promesses faites à Mikhaïl Gorbatchev en 1990, une procédure d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN a été envisagée et ostensiblement amorcée. Entretemps, se hissait à la tête du Kremlin un personnage doué d'une intelligence aiguë, de beaucoup de discernement et d'un sens de l'histoire époustouflant. Ouvrir d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN a donc été la ligne rouge à ne pas franchir pour Poutine.

En effet, simple officier du KGB, alors principal service de renseignement de l'URSS poststalinienne, Vladimir Vladimirovitch Poutine avait suivi la chute de l’URSS et les autres humiliations post-soviétiques avec amer pincement au cœur. Lorsqu’il accède à la magistrature suprême d’une URSS réduite à la Fédération de Russie, son obsession de réhabiliter certains équilibres géopolitiques jugés nécessaires à la stabilité internationale, mais machiavéliquement rompus par l’OTAN, est vive et incompressible. Voilà pourquoi on peut dire que la guerre, qui prend une autre dimension supplémentaire le 24 février 2022, avec la tentative de l’invasion de Kiev par la Fédération de Russie, a vraiment débuté en 2014.

Cependant, l’immixtion occidentale dans la politique intérieure de l’Ukraine et des manœuvres pour l’intégrer dans l’OTAN ne se manifestent pas seulement lors du processus électoral de 2013–2014. En 2004 déjà, lors de ce qu’on a appelé « Révolution Orange », les mêmes velléités de l’OTAN, visant à éloigner l’Ukraine de la Fédération de Russie, furent éclatantes et vives. Aujourd’hui encore, l’intrépide détermination occidentale, poussant l’Ukraine à tous les sacrifices possibles et néfastes pour démolir sa République jumelle de Russie, est un signe illustrant combien l’Ukraine n’est qu’une victime expiatoire ; machiavéliquement instrumentalisée pour assouvir des desseins ; qui lui sont amplement étrangers.

Le dessein de bâillonner la Russie, en passant par l’Ukraine, ne fait plus l'ombre d'un moindre doute !

L'image de poupées russes pour décrire le conflit russo-ukrainien ne manque pas de pertinence. Faisant suite à la désintégration de l’URSS et à la concomitante Chute du Mur de Berlin, on a désigné, par Révolution Orange, une série de frénétiques manifestations de contestation, qui ont enflammé la scène politiques ukrainienne, à la suite de la proclamation, le 21 novembre 2004, des résultats du deuxième tour de l'élection présidentielle ukrainienne. Des groupes, très bien structurés et harmonieusement mobilisés, se précipitent dans les rues de Kiev pour contester la victoire du pro-russe Viktor Ianoukovytch. C’est le début du rapprochement ouvert et institutionnel de l'Ukraine avec l'OTAN et avec l'Union européenne.

En effet, le caractère spontané du mouvement est remis en question par multiples observateurs issus de divers horizons. Plusieurs sources d’expertise révèlent avec insistance comment, témoignages en appui, la Révolution Orange a bénéficié d'aides extérieures et, notamment, de soutiens financiers de milieux proches des intérêts du gouvernement américain ainsi que des opposants au régime de Vladimir Poutine ; surtout des oligarques pro-européens. La Révolution Orange confirme donc l’intervention directe de l'OTAN et de l'Union européenne (UE) dans le processus électoral ukrainien. Depuis ce contentieux électoral de 2004, autour de l’Ukraine comme enjeu, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières ukrainiennes, des tensions s’arc-boutent, se cristallisent et se polarisent passionnément entre partisans de l’élargissement de l’OTAN à l’Ukraine et Résistants pro-russes. Pour Vladimir Poutine et pour une large partie de l’opinion internationale, le dessein de bâillonner la Russie, en passant par l’Ukraine, ne fait plus l'ombre d'un doute. Tranchant avec les discrétions antérieures, l’évidence de l’artifice a même été rendue éclatante par l’ampleur des aides militaires occidentales à Kiev et l’extravagance des propos des certains dirigeants arrogants de l’OTAN.

Bis repetita placent ! En 2014, fomentés par des réseaux secrets occidentaux, des mouvements de protestation sont farouchement dirigés contre le président pro-russe, Viktor Ianoukovitch. Finalement élu en 2010, il est reproché au nouveau chef d’Etat, légitimement élu, d’avoir unilatéralement décidé de retirer l’Ukraine du processus de l’Accord d’association avec l’Union européenne. Conviés par des appels dans les réseaux sociaux, des manifestants exaltés multiplient des rassemblements furieux et des provocations intimidantes à Kiev, sur la Place de l’Indépendance ; également surnommée Place Maïdan. La protestation dure plusieurs jours et entraîne dans son sillage la mort de plusieurs manifestants et policiers. C’est la « Révolution de Maïdan » ; que la politologue française, Alexandra Goujon, qualifie de « Coup d’État fasciste ourdi par l’Occident »[vii]. Apeuré, le Président Viktor Ianoukovitch finit par  fuir Kiev le 21 février. Affaibli par cette panique impromptue, il est destitué dans la foulée par un Parlement ukrainien notoirement reconnu comme noyauté et soutenant ouvertement l’insurrection séparatiste. Parallèlement, et cela va de soi, la Russie vient à la rescousse des mouvements indépendantistes émergents à l’Est ; notamment en Crimée, à Donetsk et à Lougansk. C’est le début de la guerre du Donbass. La Crimée vote, par référendum en mars, son rattachement à la Russie…

Plus le visage d’une guerre par procuration se confirme, autant réprobations et répulsions foisonnent !

Depuis la nuit du 23 au 24 février 2022, la guerre est désormais ouverte et elle est de haute intensité, certes sur le sol ukrainien comme théâtre physique des affrontements armés ; mais, surtout, il s'agit bien d'une guerre hybride opposant la Russie à l’OTAN. Le conflit peut-il déborder et dégénérer, espace, armes et cobelligérance compris ? De plus en plus d’observateurs le redoutent et des arguments, pour le prétendre, sont légion. D’où l’émergence progressive d’expressions sévères d’incompréhension à l’égard de certaines attitudes de l’OTAN, de vives protestations, d’incisives réprobations et d’austères répulsions. En effet, parallèles à l’escalade des combats, galvanisée par l’afflux massif d’armes fournies ou promises par les Anglo-Saxons et les autres pays européens, des déclarations incendiaires à l’encontre de Moscou fourmillent ; elles peuvent déraper ou provoquer des dérapages et leurs éventuels funestes corrélats : de graves catastrophes irréversibles.

Qu’insinue, par exemple, le discours dominant, au sein de l'Administration Biden ; lorsque le maître de la Maison Blanche lui-même prône l’appui maximal à Kiev jusqu'à la défaite insurmontable de la Russie ? Quelles réactions perceptibles une telle violence verbale peut générer chez l’ennemi et ses alliés à l’ère de la prolifération nucléaire ? Beaucoup d’éléments se conjuguent pour imprimer au dénouement possible de cette guerre la perspective d'un énorme choc ; à même de défigurer profondément ou de reconfigurer de fond en comble les rapports de force sur l’échiquier international. La suffisance ou l’arrogante assurance que transpirent les propos des certains leaders et experts occidentaux laissent entendre que l’OTAN a des certitudes sur tout et qu’elle maîtrise tout. A l’ère de la bombe nucléaire, du recours aux drones et à l’intelligence artificielle à des fins militaires n’est-il pas périlleux, voire téméraire, d’avoir autant d’assurance même sur le hasardeux terrain de la guerre active et hybride ? Pourtant, avec la technologie de pointe, des surprises s’annoncent fort probables à tout moment. Elles peuvent s’avérer fatales.

Ainsi, l’attitude du dirigeant nord-coréen, Kim Jong Un, qui a apporté « le soutien total » de Pyongyang à Moscou dans un message adressé, lundi 12 juin 2023, au Président russe, Vladimir Poutine, selon un média d’Etat coréen, en dit long sur la reconfiguration déjà en cours dans les rapports de force à l’échelle internationale. Ailleurs, la récente normalisation des relations entre l'Arabie saoudite et l'Iran – un sensationnel succès de la diplomatie chinoise - est une renversante illustration de la mutation dans ces rapports de force là où s'affrontent plusieurs intérêts internationaux souvent divergents, voire antonymiques. Elle devrait interpeller, épouvanter même. Car, si les négociations entre Riyad et Téhéran ont démarré bien avant le déclenchement des hostilités russo-ukrainiennes en cours, le contexte de cette guerre a augmenté autant la marge de manœuvre stratégique de l'Arabie saoudite que celle des Émirats arabes unis. Et le refus de ce dernier de concéder aux demandes incisives américaines d’appliquer, ni d’approuver, au moins par principe, les mesures coercitives à l'égard de Moscou, constitue plus qu’un revers, sinon un fiasco criant solennellement subi, et donc de manière mortifiante par la diplomatie états-unienne. C’est-là une donne, ou mieux encore une démonstration, qui tend à confirmer la fin de l'adhésion automatique des partenaires traditionnels des États-Unis aux agendas de remodelage des rapports internationaux que ceux-ci, en combats d’arrière-garde, tentent encore d’imposer. Ce fiasco a une incidence indéniable sur le débat stratégique en cours à Washington sur la guerre en Ukraine.

Ainsi, une bouche experte et légitimement autorisée résume la situation de manière saisissante : « Après la chute de l’Union soviétique en 1991, l’OTAN a commencé à s’étendre agressivement vers l’Est, pour atteindre finalement l’Ukraine. En 2014, l’Ukraine avait besoin d’une aide financière, et la Russie et l’UE lui ont fait des propositions concurrentes. L’Ukraine a choisi le programme d’aide de la Russie, ce qui a déclenché une réaction occidentale immédiate. La CIA et le MI6 britannique ont organisé un violent coup d’État révolutionnaire qui a renversé le président légitimement élu d’Ukraine, Viktor Ianoukovitch. Malgré le fait que le russe soit la première langue de près d’un tiers des Ukrainiens, la junte (rebelle) révolutionnaire ukrainienne a rapidement supprimé la disposition constitutionnelle qui désignait le russe comme l’une des deux langues officielles d’Ukraine. Bien entendu, cela rendait plus difficile pour les russophones de mener leurs affaires quotidiennes... »[viii] Dixit Colonel Richard Black, lors d’une visio-conférence à l’Institut Schiller, le vendredi 26 mai 2022, devant la crème d’autres experts militaires et du renseignement. L’intitulé de la Conférence en dit encore plus : La folie des politiques menace de nous entraîner dans une guerre nucléaire. Politiquement et intellectuellement, le Colonel Richard Black a un background qui n’inspire que du grand respect et qui ne suscite qu’admiration.

Par l’usage militaire des drones et de l’intelligence artificielle en Ukraine, vers une catastrophe humanitaire…

On ne le dira jamais assez... Depuis février 2023, plusieurs pays membres de l’OTAN ont, successivement, promis de livrer à l'Ukraine, voire déjà envoyé, des armes de longue portée ; que Kiev réclamait. L’armée ukrainienne peut ainsi attaquer en profondeur, au-delà du front et escompter reconquérir ses territoires perdus. Elle a dès lors surtout l’opportunité de frapper le territoire russe. La guerre prendrait une autre dimension et, peut-être, un tournant décisif à l’avantage de l'Ukraine. Mais alors acculé, ébranlé par la perspective de tout perdre ; jusqu’où une réaction de désespoir de la première puissance nucléaire du monde peut-elle aller ? Le spectre d’Hiroshima et de Nagasaki, durant la Seconde Guerre Mondiale vient hanter les esprits. L’inquiétude, à travers le monde, semble fondée et croissante…

Cependant, l'optique d’un éventuel recours russe à l’arme atomique comme moyen ultime de succès, voire de survie ou en désespoir de cause, n’est pas le seul suspens ; qui tient la communauté internationale en haleine, ni l’unique risque calamiteux que le conflit russo-ukrainien fait planer sur l’humanité. Car, l’usage militaire croissant, incontrôlé et combiné des drones avec l’intelligence artificielle hypothèquent également gravement la survie de l’humanité. Les drones, par exemple, apporte une transformation quasi révolutionnaire dans la conduite de la guerre ; notamment, en reprenant progressivement à leur compte les fonctions support de combat, de logistique des avions avec pilote ainsi que de systèmes d’armes intégrées. Par l’introduction de drones de combat, on a réduit considérablement l’écart entre la localisation et la destruction de forces ennemies. Il est déjà bien ardu de repérer un engin lent et volant à faible altitude au-dessus d'une foule et de le neutraliser sans causer des dommages importants aussi bien aux infrastructures qu’à des humains en présence. Quelle parade alors contre l'utilisation massive de divers drones kamikazes, surtout s’ils sont coordonnés en essaims, pour effectuer une tâche commune à dessein militaire ? Lors des Jeux Olympiques d'hiver à Pékin, 2008, le spectacle d’essaims de drones, reproduisant dans le ciel des formes diverses, réalisé grâce à des aéronefs équipés de LED montre que la conjugaison en pointe de la technologie, à usage militaire, entre drones et intelligence artificielle, tend à croître la vulnérabilité globale de l’humanité.

Le renouveau révolutionnaire en Afrique, offre bouffées d’oxygène à la Russie et effets d’aubaine à la Chine

Ce qui se passe actuellement au Niger, s’interprète comme une révolution patriotique - la Résistance néo-panafricaniste au néo-colonialisme occidental – qui parle à toute l'Afrique trop longtemps et diversement meurtrie. Le courage et la vaillance, affichés par les Nigériens prestement mobilisés et fermement résolus à défier frontalement la France néo-colonialiste, séduisent et mobilisent bien vivement les néo-panafricanistes de tout bord. Toute invasion militaire étrangère, visant à stopper cette émouvante Seconde Décolonisation de l'Afrique en marche au Sahel, interpellera et sollicitera le soutien volontariste des autres peuples Africains, bien au-delà des frontières politiques issues du Pacte des véreux vautours de Berlin. Indignations acérées, protestations tranchantes et condamnations unanimes un peu partout sur le continent, la politique néo-colonialiste et désastreuse de la France en Afrique a, enfin, fini par générer une levée de boucliers collective ; dont les révolutionnaires sahéliens assument désormais avec brio le leadership. Une conjoncture dont les intérêts rivaux aux prérogatives françaises, notamment américains, russes, chinois, turcs et autres iraniens vont largement tirer profit. « Effets d'aubaine » garantis !

Stipendiée depuis sa naissance pour s’acquitter de sales besognes, la CEDEAO n'a certainement pas les facultés de résister aux pressions de la France ; qui a installé ses dirigeants et dont le maintien en poste dépend de la bonne ou mauvaise humeur des successeurs de Charles de Gaulle. À l’instar des Anglo-Saxons sur l’Ukraine, la France néo-colonialiste presse son pantin ouest-africain à mener une guerre par procuration au Niger. Cependant, la moindre aventure militaire de la CEDEAO au Niger dans la conjoncture en cours ne peut que déchaîner de vives réprobations, rejet sans précédent à travers toute l’Afrique et de larges pans de la communauté internationale. Et, en cas de nouvelles victimes africaines de l’impérialisme néo-colonialiste, la répulsion à l’égard de la France et de son minable proxy régional serait sans aucun rapport avec les autres rejets antérieurs. L’élan vers un nouvel Ordre mondial multi-polaire ne pourra encore que mieux s’affirmer et mettre en exergue ses étroits corrélats : la fin du monopole de toute puissance occidentale, le crépuscule de son ascendant économique, la décadence de son rayonnement culturel. Vive le soft-power de l’« Empire du Milieu » ! Le tout pouvant se dénouer par l’hécatombe de plusieurs laquais africains ; beaucoup de ceux qui, actuellement, font fonction de chefs d'Etat. Aux rangs desquels on peut mentionner avec assurance les minables célèbres tels que : Macky Sall, Alassane Ouattara, Faure Gnassingbé Eyadema, Patrice Talon, Sassou-Nguesso...

Les BRICS et la Chine en pole position pour prendre les commandes d'un nouvel Ordre mondial multipolaire…

La « Guerre de l’Ukraine » ou le courageux défi russe de Résister à la toute-puissance de l’OTAN, est un conflit en sourdine depuis l’Implosion de l’URSS ; conquise par Ronald Reagan, et son corrélat : la Chute du Mur de Berlin. A ce propos, « L’Ukraine, théâtre périlleux de la rivalité entre l’OTAN et la Russie », un article récent, publié par TV5 Monde, décembre 2021, présente et confirme cette évolution conflictuelle de l’élargissement de l’OTAN. L'OTAN, en effet, après avoir dépouillé la Russie de ses alliés, semble dorénavant décidée à l'encercler jusqu’au plus près de ses frontières ; avant de lui asséner le coup fatal…[ix] Le scénario de l’affrontement armé prend forme dès l’arrivée, à la tête de la Fédération de Russie, d’un ancien agent de renseignement soviétique, Vladimir Poutine. Il ne cesse de démontrer qu'il maîtrise bien les appétences impérialistes occidentales dissimulées. D’emblée, le nouveau maître du Kremlin avait tenu à rappeler que l’Ukraine, tout comme la Biélorussie, la Géorgie et autre Tchétchénie instituaient la ligne rouge à ne pas franchir : casus belli !

Malgré les apparences et les campagnes médiatiques et politiques occidentales de désinformation, le conflit russo-ukrainien est une guerre expansionniste imposée par une large coalition internationale, les institutions de gouvernance mondiale prise en otage, contre la seule Fédération de Russie. L’audacieuse décision de Poutine de défier la superstructure terrifiante de l’OTAN vaut donc tout son pesant d’or et, la suite, ne peut que susciter l’extrême angoisse ; quant au dénouement de l’affrontement pour les relations internationales.

Le fait que la confrontation dure déjà près d’un an et demi, sans que la perspective de la défaite ne se dessine clairement, est déjà une nette victoire pour la Russie marginalisée. On est déjà forcé d’en déduire que l’« Occidentanie », malgré son arrogance agaçante et son odieux discrétionnisme, n’a plus ni le monopole de la puissance militaire, ni la maîtrise de toute la situation économique, ni  l’exclusivité de la gouvernance mondiale. Depuis lors, d’autres peuples, à travers le monde, sont plus que jamais en ébullition ; cherchant à s’extraire du joug occidental. Les chamboulements libérateurs au Sahel et la Révolution patriotique en cours au Niger illustrent la volonté néo-panafricaine de se saisir aussi de l’opportunité. La Russie pourrait même en profiter pour contraindre l’« Occidentanie » à se battre sur cet autre front. Ici, l’alliance russo-chinoise pourrait s’avérer foudroyante pour l'OTAN…

Inhérents à la Guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie, par l’entremise de l’Ukraine, les effets d’aubaine s’ouvrent également à d’autres peuples en quête d’émancipation ; eu égard à l’emprise, jadis si drastique, que l’« Occidentanie » leur imposait. Inimaginable lorsque Reagan portait un coup de massue au Bloc soviétique et enterrait la Guerre froide, le déclin de l’« Occidentanie » est néanmoins amorcé. Un véritable élan révolutionnaire anticolonialiste mondial semble lancé. Il paraît d’autant plus incompressible qu’un front économique, politique et diplomatique, les BRICS, a déjà été savamment mis sur pied et minutieusement propulsé pour être le nouvel épicentre des relations internationales. Pour s’en convaincre, il suffit d’explorer sa composition : les principales puissances émergentes que sont la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie et Afrique du Sud. Haro donc sur « Pax america » ! Vive le monde multipolaire sous le leadership des BRICS ! Au cœur des BRICS, l’éblouissante et affable Chine s’impose comme matrice et catalyseur du nouvel élan bâtisseur de la mondialisation.

Lorsque la Chine s’impose comme matrice et catalyseur du nouvel élan vers un nouvel Ordre mondial

Certains voient dans l’anachronique, mais très dynamique, élargissement en cours de l'OTAN un renouveau de succès et, corrélativement, prédisent une transmutation plus radieuse que jamais pour cette vieillotte structure politico-militaire belliciste ; génératrice à contre-courant des conflits et promotrice des guerres froides. Bien belle illusion, faut-il en déduire ! Car, par la mondialisation, l’humanité aspire à une civilisation unique ; qui se veut universelle et plus raffinée qu’aucune autre n’a pu l’être jusqu’à ce jour. C’est-à-dire, une manière de vivre ensemble présumée ouverte, tolérante, certes ; mais, surtout non-violente, libérale, harmonieuse et pacifiste.

A plus d’un point de vue, l’impérialisme, par des invasions meurtrières, suscitant d’ailleurs un peu partout la désolation, l’affolement, les blâmes unanimes et généralisés, semble appartenir à un autre temps, à une culture désuète ; que représente et entretient malencontreusement l'OTAN. Face à la Civilisation, l'ignoble OTAN ne cesse donc de se ridiculiser et de se marginaliser. Par contre, s’illustrant par usage à merveille de la diplomatie, du commerce, de la coopération et des amicales alliances pour influencer et développer ses relations internationales, le dynamique Empire-du-Milieu dope carrément ses rapports avec d’autres nations, accroît vertigineusement le nombre de ses partenariats dans le monde et s’impose désormais en super-puissance à même de constituer et de renforcer sa légitimité incontestable comme l'élément central, la matrice et le catalyseur le plus à même de redynamiser la construction de cette civilisation universelle souhaitée pacifiste, porteuse de l’harmonie dans la coexistence, promotrice du mixage culturel à l’échelle universelle et, surtout, à laquelle tous les peuples rapprochés aspirent ardemment.

Déjà confrontée à de vives discordes de cohabitation interne depuis une belle lurette et érodée par de profondes divergences d’orientation stratégique, l’OTAN s'est également ostracisée elle-même de la pacifiste dynamique dominante et est dorénavant rejetée à la périphérie de la communauté mondialisée par l’irrésistible montée d’un géant bloc géopolitique dénommé : BRICS. Celui-ci est à dessein structuré pour mener résolument la vie dure à des structures au profil anachroniquement belliqueux ; tel que l’entretient l'OTAN sous diverses attitudes. Casser les méthodes dévastatrices et ruineuses, qui n’ont que trop déstabilisé les autres peuples, que l’Occidentanie ne cesse néanmoins d’entretenir machiavéliquement et avec arrogance, voilà la gageure majeure que les BRICS s’apprêtent à relever !

Ils pourraient rapidement y parvenir avec brio notamment sur le plan financier. Car, lors du sommet de Fortaleza, au Brésil, en juillet 2014, les BRICS ont décidé la création d'une banque de développement. Celle-ci est à même d’accorder aux pays membres, sans conditions draconiennes, telles que celles qu’exigent les institutions de Bretton Woods, jusqu'à 350 milliards $ de prêts pour financer des projets d'infrastructures, de santé, d'éducation etc… A des termes indiqués, ladite banque de développement élargira ses services à d’autres pays émergents requérants.

Quand on sait que c’est sur le dos des pays émergents que ces voraces organismes de Bretton Woods se sont enrichis et continuent à réaliser l’essentiel de leurs chiffres d’affaires, voir dans l’éruption des BRICS, l’inéluctable faillite corrélative de la banque mondiale et du Fonds Monétaire International, FMI en abrégé, est un pas que beaucoup d’observateurs avertis ont déjà franchi avec nette assurance.

Par ailleurs, au niveau politique en sus, les BRICS plaident pour une reconfiguration des institutions et structures actuelles de la gouvernance internationale. Il s’agit notamment du Conseil de Sécurité de l'ONU, de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) etc... A voir de près le poids politique des Etats, qui constituent déjà les BRICS, et à le conjuguer à l'influence pondérée, bien qu'encore éparse, de si nombreux Etats, qui se bousculent impatiemment aux portillons de ce puissant groupe géopolitique en cours de construction, force est d’en déduire qu'un radical remodelage de l’ordre mondial est fatalement imminent et qu'il ne se construit nullement pas à l'avantage des impérialistes Anglo-Saxons, ni de leurs affidés européens.

Il est même, de surcroît, encore plus notable d’observer que l’arrogance avec laquelle l’OTAN poursuit sa guerre par procuration contre la Russie, par la naïve Ukraine interposée, pourrait accélérer ce processus de marginalisation de l’Occidentanie. Son dénouement semble même imminent. Corrélativement, l'ascendant des BRICS s’avérant incontournable à brève échéance, il y a lieu de confirmer avec pleine assurance ce qui, ici et là, s'annonce déjà comme dorénavant inéluctable : le Nouvel Ordre Mondial multipolaire sous le leadership de l'irrésistible ascension de la Chine.

Eclairage,
Chronique de Lwakale Mubengay Bafwa

[i]. Né en République Démocratique du Congo, RDC en acronyme, il y a bientôt soixante-dix ans, je suis sur le point de totaliser un demi-siècle de séjour ininterrompu en « Occident ». Du point de vue civique, je ne me sens pas différent de mes compatriotes Suisses. Par contre, culturellement, je ne me reconnais plus dans de pans majeurs des agissements de mes ex-concitoyens congolais. Suis-je alors Congolais ou Suisse ? De toute évidence, zone géographique ou aire culturelle, l'Occident fait désormais partie de mon identité. Je n’en suis pas que membre, mais également acteur déterminé à en revendiquer mon apport à sa construction. Toute définition de l’« Occident », qui ne me prend pas en compte, serait donc foncièrement et grossièrement erronée…

[ii]. Pour voler, comme les oiseaux, Icare se fait fabriquer et coller des ailes avec la cire par Dédale, son architecte de père. Celui-ci le prévient néanmoins des risques de fonte de la cire ; s’il s’approche trop près du Soleil. Mais, se laissant emporter par le plaisir de voler, Icare désobéit. Il s'élance de plus en plus haut. Excité par l'expérience, il s'approche du soleil. La cire soutenant les ailes fond, il tombe dans la mer et se noie...

[iii]. Je désigne par « Occidentanie », une région, plus que géographique, où la civilisation universelle, à l’édification de laquelle tous les peuples ont contribué et continuent à le faire, est promue, accents focalisés sur ses valeurs positives, avec arrogance et discrétionnisme, comme le seul apanage de l’Occident.

[iv]. Né en République Démocratique du Congo, RDC en acronyme, il y a bientôt soixante-dix ans, je suis sur le point de totaliser un demi-siècle de séjour ininterrompu en « Occident ». Du point de vue civique, je ne me sens pas différent de mes compatriotes Suisses. Par contre, culturellement, je ne me reconnais plus dans de pans majeurs des agissements de mes ex-concitoyens congolais. Suis-je alors Congolais ou Suisse ? De toute évidence, zone géographique ou aire culturelle, l'Occident fait désormais partie de mon identité. Je n’en suis pas que membre, mais également acteur déterminé à en revendiquer mon apport à sa construction. Toute définition de l’« Occident », qui ne me prend pas en compte, serait donc foncièrement et grossièrement erronée…

[v]. Par « Occidentanie », nous avons cherché à représenter, par une seule expression, une communauté qui s’est forgé, par racisme vis-à-vis de tous les autres peuples et par suprémacisme profondément ancré dans ses rapports aux autres pour, corrélativement, s’arroger de manière discrétionnaire et arrogante tous les droits pour les dominer et les asservir. D’où, allègrement, sa substitution à la communauté internationale ! Pareillement, son accaparement de la gouvernance légitimement institué du monde ! Également, sa prise en otage des institutions et leviers de management légalement convenus du monde ! Ou encore, son assimilation et sa promotion, avec arrogance et discrétionnisme, de la civilisation universelle et de ses valeurs positives, à l’édification desquelles tous les peuples ont contribué, comme le seul apanage de l’Occident…

[vi]. Fomentés par des réseaux secrets occidentaux, ce sont des mouvements de protestation dirigés contre le président prorusse Viktor Ianoukovitch, élu en 2010 ; parce que celui-ci décide de retirer l’Ukraine de l’Accord d’association avec l’Union européenne. Conviés par des appels dans les réseaux sociaux, des manifestants multiplient des rassemblements et des provocations sur la Place de l’indépendance, aussi appelée Maïdan, à Kiev. La protestation dure et entraîne dans son sillage la mort de plusieurs manifestants et policiers. Apeuré, le Président Viktor Ianoukovitch fuit Kiev le 21 février. Manifestement noyauté, le Parlement ukrainien soutient le mouvement et destitue le chef-d’Etat élu. Parallèlement, la Russie soutient dans la foulée les mouvements séparatistes émergents à l’Est ; notamment en Crimée, à Donetsk et à Lougansk. C’est le début de la guerre du Donbass. La Crimée vote, par référendum en mars, son rattachement à la Russie…

[vii]. Dans « L'Ukraine : de l'indépendance à la guerre », Nouvelle édition revue et augmentée, 2023, Collection : Idées reçues, 192 pages, Pages : 109 à 115.

[viii]. Extrait de l'intervention du Colonel Richard Black, lors de la visio-conférence de l’Institut Schiller du 26 mai 2022 réunissant des experts militaires et du renseignement, intitulée : La folie des politiques menace de nous entraîner dans une guerre nucléaire. Tout sauf un vulgaire poltron ! Richard Black est, en effet, ancien colonel des Marines américains, ancien chef du service pénal du Pentagone et ancien sénateur républicain d’État de la Virginie.

[ix]. Randrianarimanana, Philippe, « L’Ukraine, théâtre périlleux de la rivalité entre l’OTAN et la Russie », site web TV5 Monde, décembre 2021.

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