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Historien et politologue, patriote progressiste et mondialiste originaire du Congo-Kinshasa ; Agrégé de l'enseignement secondaire supérieur, vit à Genève (Suisse)

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Billet de blog 16 juillet 2025

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Museveni et Ouganda scandaleux complices de l’enrichissement personnel de Tshilombo

Le silence de Tshilombo face à la réouverture unilatérale des frontières de Bunagana sous la présence jubilatoire du M23 démontre qu’il est à l’origine de la résurgence de ce mouvement rebelle, M23, et de mèche avec les agresseurs du Congo en échange de juteuses rétro-commissions...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

S'appuyant sur la Stratégie du choc (Shock Doctrine) de Naomi Klein, on peut déduire qu’il y a des acteurs qui entretiennent le chaos au Congo pour poursuivre le pillage, maintenir les Congolais sous le joug de l’Occupation, leur confisquer des terres et leur souveraineté ; bref, exploiter le désordre pour consolider la tutelle sur le pays. Difficile d’imaginer la voyoucratie de Tshilombo à la conception d’un stratagème aussi perfectionné ! Mais, ses complicités aussi sournoises qu'étranges, notamment avec Museveni et M23, démontrent à suffisance que l'usurpateur joue plutôt des rôles et scènes lui dictés par des commanditaires, scénaristes et marionnettistes avec qui il a signé des deals contraignants...

RDC-OUGANDA : Les dessous d'un double jeu ? | Analyse explosive du rapport de l'ONU © Marius Muhunga

Tout comme le Rwanda de Paul Kagamé, l’Ouganda de Yoweri Museveni occupe d’énormes portions du sol congolais et contrôle l’exploitation de la plupart de ses richesses depuis le renversement de Mobutu, en 1996, au cours de l’épopée triomphante de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) sous la direction de leur proxy de l’époque, Laurent-Désiré Kabila. À partir de cette invasion jusqu’à ce jour, en passant par la guerre des Six Jours pour le contrôle de Kisangani et la chute de Bunagana aux mains du Mouvement du 23 mars (M23), une occupation territoriale expansive du Congo ne cesse de s’amplifier, des rapines et des massacres s’enflent.  D’aucuns s'interrogent alors pourquoi la cleptocratie de l’hédoniste et tribaliste Tshilombo ne dénonce que l’agression et les pillages du Rwanda et persévère paradoxalement dans un partenariat de plus en plus étroit et systémique avec l’Ouganda ? En plus de répondre à cette lancinante question, le but des lignes et pages, qui suivent, est de donner également un éclairage sur la place ambiguë que Museveni et Ouganda occupent sur un échiquier régional complexe et, plus spécifiquement encore, sur la complicité méphistophélique entre l’usurpateur Tshilombo et l’impérialiste Museveni depuis des lustres.

Les enjeux d'un jeu politique machiavéliquement calculé dès le départ

Depuis son arrivée à la tête de la République démocratique du Congo (RDC), l’usurpateur Tshilombo navigue dans un échiquier régional complexe, où l’Ouganda de Yoweri Museveni occupe une place ambiguë. Selon les déductions des experts de l'Organisation des Nations Unies (ONU), Tshilombo aurait d’emblée opté pour un partenariat fort avec l'Ouganda et des relations interpersonnelles étroites et amicales avec Museveni. Ce choix découlerait alors d'une combinaison de divers facteurs ; dont des supputations pressantes sur la sécurité, l’appréhension de stabiliser une région déjà volatile, la quête de potentielles opportunités économiques, le tout dans une approche d’une diplomatie régionale proactive. Malheureusement, à la lumière de l’histoire tourmentée entre Kinshasa et Kampala, nous y voyons plutôt des réalités moins reluisantes ; où chaque geste diplomatique ou militaire prend une résonance particulière :

1. lutte contre les groupes armés, notamment les ADF. Quelque alléchante et crédible que soit la principale raison avancée pour justifier le rapprochement entre les Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC) et Uganda People's Defence Force (UPDF), la lutte conjointe contre les groupes armés qui sévissent dans l'Est de la RDC, en particulier les Forces Démocratiques Alliées (ADF), elle semble néanmoins largement démentie par les réalités de terrain. Les ADF sont un groupe islamiste rebelle d'origine ougandaise qui opère depuis longtemps dans l'Est de la RDC, ne causant des ravages et des déplacements de population que du côté de la frontière congolaise systématiquement. L’Opération Shujaa réside dans l’autorisation, sans réciprocité, le déploiement des troupes ougandaises (UPDF) sur le sol congolais pour, soi-disant, des opérations conjointes en mutualisant les efforts pour éradiquer cette menace transnationale. Mais, sur terrain, cette coopération militaire souhaitée est inexistante ; alors que des invectives, parfois très grossières et sans cause cohérente, de la part des commandants ougandais à l’égard de leurs collègues congolais sont plutôt légion ;

2. stabilisation régionale et diplomatie. De manière globale, certains estiment que  Tshilombo s'inscrit dans une logique de cohabitation pacifique et de rapprochement avec les pays voisins pour résoudre les problèmes régionaux par la concertation et l'action commune visant à désenclaver la RDC et à pacifier ses frontières. En fortifiant les liens avec l'Ouganda, il aurait ainsi cherché à construire un front uni contre l'insécurité qui entrave le développement de l'Est de la RDC. Ce partenariat contraste, non seulement avec les humiliations blessantes que ses voisins de l’Est  n’ont cessé de faire subir autrefois à la RDC ; mais également avec la constance de discours publics irrévérencieux et de vexations médiatiques itératives des dirigeants ougandais à l’égard de leurs homologues congolais ;

3. intérêts économiques et commerciaux. Au-delà de la sécurité, des intérêts économiques significatifs motivent ce rapprochement. L'Ouganda est un voisin direct de la RDC, et le développement des infrastructures transfrontalières, comme la construction de routes, facilite les échanges commerciaux. Il est également important de noter que l'Est de la RDC est riche en ressources naturelles (minerais, pétrole), et une stabilité accrue dans la région peut potentiellement bénéficier aux deux pays en termes d'investissements et de commerce légal. Certains analystes suggèrent même que l'accès aux ressources congolaises (notamment l'or et le pétrole du lac Albert) pourrait être une motivation sous-jacente pour l'Ouganda. Cependant, jusqu’à ce jour, tout ce qui a été entrepris dans cette optique ne profite qu’à l’Ouganda. Rien de tangible qui revient au Congo, ni à sa population ;

4. gestion des relations avec le Rwanda. Beaucoup d’observateurs estiment que c’est pour éviter de se battre sur deux fronts que Kinshasa renforce ses liens avec l'Ouganda et évite ainsi un deuxième conflit, à côté du front rwandais. Certes, les relations du Congo avec le Rwanda sont souvent complexes et tendues, notamment en raison du soutien présumé du Rwanda au M23. Tshilombo chercherait à équilibrer alors les dynamiques régionales et à disposer d'un partenaire stratégique face aux défis posés par le Rwanda. Cependant, cette thèse est bien loin de tenir sa cohérence à l’aune des réalités ; car, d’une part, c’est par la frontière avec l'Ouganda que le M23 a agressé le Congo et pris le contrôle de Bunagana et, d’autre part, Kampala lui-même a persévéré à afficher ouvertement sa solidarité aussi bien avec Kigali qu’avec le M23. En somme, partenariat ambigu et une stratégie calculée qui placent Tshilombo dans une position délicate, oscillant entre impératif machiavélique de faire semblant et érosion continue de crédibilité…

Tout compte fait, la préférence de Tshilombo pour un partenariat fort avec l'Ouganda de Yoweri Museveni découle d'une stratégie de fort huilée de rétro-commissions dont il est le principal profiteur au détriment du pays et de sa population. Contrairement à Kagamé, qui exige des pourcentages substantiels pour son pays lorsque les deals ne profitent qu’à Tshilombo, Museveni semble avoir opté pour fermer ses yeux sur ce qui se passe de l’autre côté de la frontière. Ainsi, les pillages des richesses du Congo par l’Ouganda rapportent, de manière systémique et régulièrement des milliards de dollars à l’hédoniste Tshilombo et à sa famille. Une poule aux œufs d’or que le cleptomane est avide de fortifier et entretenir machiavéliquement. Mais, aux yeux des observateurs, les paradoxes s’empilent et agitent.

Réactivation d’ingérences et de rivalités régionales

L'histoire de la Guerre des six jours à Kisangani montre la volatilité des relations entre les forces étrangères présentes au Congo. La présence accrue de l'UPDF et les avantages considérables dont bénéficie l’Ouganda pourraient générer des appétits concurrents et réactiver des tensions avec d'autres acteurs régionaux rivaux, notamment avec le Rwanda, pour le contrôle des zones riches en ressources. L’escalade de la violence serait alors infiniment incontrôlable. La contradiction des actions ougandaises sur le terrain - la coopération militaire (Opération Shujaa), sa légitimation et soutien publics au M23 - peut exacerber les frustrations des autres groupes et piéger davantage les populations civiles. Ce « jeu » actuel de partenariat, pour le moins amphibologique, risque de perpétuer le cycle d'ingérences étrangères et de déstabilisation durable de la RDC.

Somme toute, Tshilombo semble ancré dans une position délicate ;  choisissant, par fourberie bien égoïste, de composer à géométrie variable avec des voisins militairement plus puissants que le Congo et qui, historiquement, se sont illustrés comme de pires opportunistes. Ce « jeu » avec l'Ouganda est un pari tellement risqué que, s'il ne mène pas à une redéfinition claire des rapports de force en faveur de la RDC, pourrait se solder par une perte accrue de souveraineté et une instabilité prolongée et expansive dans l'ensemble du pays. La récente réouverture unilatérale des postes-frontières de Bunagana et d’Ishasha par Kampala est un signal fort laissant entendre que l'Ouganda entend dicter les termes de sa collaboration avec Kinshasa ; même si cela va se faire au détriment des intérêts, voire même de la dignité du Congo et de ses dirigeants.

Par la Force des Opérations Militaires Conjointes, une Main Tendue très ambigüe

C'est bien sûr Kinshasa, sous le règne Tshilombo, qui a sollicité l’expertise de l'UPDF pour l'aider à lutter contre les groupes armés dans l'Est du Congo ; probablement dans la perspective bien pensée de les neutraliser définitivement. Cependant, d’aucuns critiquent cette démarche ; la considérant comme une reconnaissance ouverte de la supériorité de la puissance militaire ougandaise sur celle de la RDC et, implicitement une volonté de mettre les FARDC à la traîne de l'UPDF et, de surcroît, sur le territoire congolais. Reconnaître et canaliser la présence de l’armée ougandaise de cette manière sur le sol congolais est, non seulement un aveu humiliant de la faiblesse de l'armée congolaise, mais également une soumission systémique à une puissance étrangère fourbe officiellement reconnue comme protectrice. On devine corrélativement les dérives en perspective...

 En effet, les pièges menaçants et risques alarmants relatifs au maintien de la présence militaire ougandaise au Congo sont multiples et variés. L'histoire montre notamment que l'armée ougandaise, une fois sur le sol congolais, a tendance à y rester ; comme elle l’a confirmé par le passé avec son intrusion au sein de l'AFDL, en 1996. Le processus n’a jamais été réellement interrompu jusqu’à ce jour. Du reste, la situation actuelle le prouve également ; car, force est de se demander comment le Congo pourrait un jour faire partir l'UPDF de son territoire. Subséquemment, la montée actuellement en puissance de l'UPDF sur le sol congolais laisse dorénavant supposer une présence prolongée et Tshilombo en est parfaitement conscient. On l’accuse de se livrer à un double jeu.

Kampala y trouve largement son compte ; car, malgré la coopération officielle, des soupçons subsistent quant aux véritables intentions de l'Ouganda, étant donné son passé d'ingérence et de pillage massif des ressources du Congo. L'Ouganda est donc perçu comme jouant sur plusieurs tableaux, y compris en entretenant des liens avec certains groupes armés ou en tirant profit de l'instabilité du Congo.

Coopération et partenariat dissimulatoires

L’écueil le plus immédiat réside dans le fait que l'UPDF s'enracine depuis lors davantage dans l'est du Congo, rendant difficile son retrait futur et pérennisant une forme d'occupation de fait ou d'officieuse tutelle étrangère. Quoiqu’il en soit, la perte de souveraineté et d'intégrité territoriale pour la RDC est désormais manifeste, et ce, pour des pans de plus en plus considérables du pays. Certes pérenne, tout le monde en convient volontiers, mais la présence militaire ougandaise sur le sol congolais est également expansive et se développe aussi en profondeur ; notamment par l’affaissement du contrôle frontalier.  Ainsi, l’initiative unilatérale de l'Ouganda de réouvrir les postes-frontières de Bunagana et d'Ishasha, le jeudi 10 juillet 2025, sous la présence jubilatoire du M23 compromet le contrôle de la RDC sur ses propres frontières, confirmant sa perte de souveraineté et d'intégrité territoriale, facilitant potentiellement les mouvements de groupes armés et la contrebande et exposant l’Etat congolais toutes sortes de surprises.

Difficile d’imaginer un chef d’Etat et son entourage inconscients de ces immenses dangers qui guettent la survie de son pays. Pourtant, la cleptocratie hédoniste de Tshilombo fonce tête baissée dans des deals catastrophiques pour le Congo l'Ouganda. On serait tenté d’en déduire que l’intérêt et les primes préoccupations du régime ne coïncident pas avec ce qui est avantageux pour le pays et pour son peuple ; jouisseurs impénitents, ces pseudos gouvernants ne se préoccupent d’abord que de se servir le plus et le mieux possible. Du point de vue gestionnaire, ils pratiquent ce que Jean-François Bayart appela la politique du ventre[i]. Bien que présentée comme une collaboration équitable, le partenariat RDC-Ouganda cache en réalité au peuple congolais les véritables intérêts et les objectifs visés par l’usurpateur Tshilombo sous couvert de cette coopération. Car, les intérêts du Congo et du peuple ne sont pas pris en compte…

Un révélateur : la Crise des Postes-Frontières (Bunagana et Ishasha)

C’est par Bunagana et Ishashsa que les rebelles lancèrent leurs hostilités contre le régime de Tshilombo. La fermeture initiale des postes-frontières de Bunagana et d’Ishashsa par Kinshasa suite à la chute de ces localités sous le contrôle du M23 fut un acte de souveraineté et de protestation ainsi qu’une tentative claire de la part du gouvernement congolais d'exercer une pression diplomatique et économique sur l'Ouganda, perçu comme ayant des liens avec le M23 ou du moins ne faisant pas assez pour empêcher son invasion et sa progression sur le territoire souverain de la RDC.

Corrélativement, et cela va de soi, la réouverture unilatérale de ces postes par Kampala, en présence d’une représentation massive et jouissive du M23 est une véritable gifle diplomatique, voire une humiliation publique, pour Kinshasa. Parce que cela démontre, une fois de plus, que l'Ouganda agit sans tenir compte de la souveraineté congolaise et semble légitimer la présence du M23 dans ces zones et, surtout, y reconnaître également son autorité administrative. Plus qu’une provocation directe, cette réouverture unilatérale des postes-frontières de Bunagana et d’Ishashsa par Kampala est en contradiction directe avec la coopération militaire bilatérale en cours. Certes, elle souligne la complexité et les agendas cachés de l'Ouganda ; mais l’absence de réaction de Kinshasa démontre aussi le caractère dissimulatoire de coopération et de partenariat que la cleptocratie prévaricatrice, hédoniste, clientéliste et tribaliste        de Tshilombo contracte en ne visant que ses rétro-commissions. Que l'Ouganda sape la souveraineté congolaise ne les embarrasse pas.

Une confirmation : Tshilombo lui-même à l’origine de la Renaissance du M23

L'état de siège, à l’Est de la RDC, a été instauré pour mettre fin aux violences et restaurer l'autorité de l'État dans ces zones saccagées depuis des lustres par des assassins de tout bord. Plus de cinq ans après, malgré l'état de siège, les violences et l’insécurité se poursuivent de plus belle… A quoi a donc servi cette mesure largement contestée dès le départ ? Pourquoi le régime de l’abroge pas ? De même, le 29 mars 2022, le Congo a adhéré à la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) en visant de booster son intégration régionale, son développement économique et, surtout, de mieux assurer sa sécurité du côté oriental. Plus de quatre ans après, aucun des objectifs convoités n’a connu le moindre début de réalisation. Pis, l’EAC n’a pas été en mesure d’éteindre un conflit armé entre ses membres, entre le Congo et le Rwanda et s’est même réservée de condamner l’agresseur. Alors, à quoi a servi de rejoindre l’EAC, malgré les vives protestations à l’annonce de la démarche ? Dans la même veine de ces lancinantes questions, s’ajoute une autre : pourquoi le silence de Kinshasa face à la  réouverture unilatérale des postes-frontières de Bunagana et d’Ishashsa par Kampala ?

Poser la question c’est déjà y répondre, dit-on ; parce que la réponse est comprise dans la question et elle ne fait pas de doute. Dans les trois cas ci-dessus, force d’observer que l’usurpateur, s’il n’a pas créé des problèmes là il n’y avait, il a au moins réalisé l’exploit d’avoir empiré les situations qu’il a trouvées. Le plus illustratif est le cas du M23. Défait en 2013 sous le règne de l’imposteur Kanambe, d'aucuns affirment que c’est Tshilombo lui-même qui est à l’origine de la Renaissance du M23 ; parce que ses représentants avaient été reçus et hébergé à Kinshasa pendant plusieurs jours par son gouvernement, avant la résurgence significative de leurs hostilités dans l'Est de la RDC, notamment avec leur de Bunagana, à partir de la mi-2022, sous l’œil passif ou complice de l’Ouganda.

On comprend dès lors la passivité du régime face à des actes jugés provocateurs, comme la réouverture unilatérale des postes-frontières de Bunagana et d’Ishasha par l’Ouganda sous l’observation festive du M23. Torpeur ou silence stratégique, cette léthargie est interprétée comme un signal de laxisme ou, pour les plus critiques, de connivence. Plutôt que de défendre fermement la souveraineté nationale, le pouvoir en place semble opter pour une conciliation opportuniste au détriment des intérêts du pays ; ce qui, selon certains, a facilité la renaissance et l’expansion du M23.

Une illustration : le contentieux financier à la Cour Internationale de Justice (CIJ)

Certes, la décision de Kinshasa de demander la révision à la baisse de l’indemnisation fixée par la CIJ – de 11 milliards à 325 millions de dollars – pourrait être considérée comme un geste d’apaisement envers Kampala, un compromis dicté par la quête des équilibres géopolitiques régionaux. Cependant, des pressions économiques différentes pourraient également avoir contribué à déboucher sur cette décision. Adepte irrécupérable des rétro-commissions, l’hédoniste Tshilombo pourrait avoir sacrifié les victimes de l’impérialisme et de la cruauté ougandais au profit de son porte-monnaie, de ses poches et de sa bonne bedaine. Toutefois, ce revirement soulève également des questions sur la capacité de la RDC à obtenir justice pour les préjudices subis par sa population ainsi que sur la marge de manœuvre réelle de l’ethnocratie clientéliste et hédoniste de Tshilombo sur la scène internationale.

Préoccupé à se remplir la panse, Tshilombo peut tout concéder du pays pourvu qu’il y trouve, in fine, son compte. De là à relancer M23 comme un éventail générateur d’un chaos de grande ampleur pour orchestrer le pillage sous la pagaille machiavéliquement conspirée, il n’y a qu’un pas qu’un malfrat de l’acabit franchirait allègrement.

Il existe des théories et concepts soulignant l'idée que le désordre, l'instabilité ou même le chaos peuvent être des outils stratégiques pour atteindre des objectifs politiques, économiques ou de défense, de maintien, de protection, conservation ou de confiscation de pouvoir, que ce soit en créant activement ces conditions ou en exploitant celles qui existent déjà. Sans être exhaustif, les plus connus sont Stratégie du choc (Shock Doctrine) popularisé par Naomi Klein, Stratégie de la tension (Strategy of Tension) appliqué dans l’Italie de l'après-guerre froide, Diviser pour régner (Divide and Conquer / Divide et Impera), Théories du complot et guerre hybride, Utilisation de l'état d'exception explorée par Carl Schmitt…

Ces concepts suggèrent que, dans les périodes de crise majeure, notamment avec des guerres récurrentes et errance permanente corrélative des populations, lorsqu'une bonne partie de la population est sous le choc et désorientée, il est plus facile pour certains acteurs politiques ou économiques d'imposer des mesures radicales et impopulaires qui auraient été impossibles en temps normal. Au Congo, la stratégie consiste à entretenir le capharnaüm pour poursuivre le pillage, maintenir les Congolais sous le joug de l’Occupation, leur confisquer des terres et leur souveraineté ; bref, exploiter le chaos pour consolider la tutelle. Difficile d’imaginer la voyoucratie de Tshilombo à la conception d’un stratagème aussi perfectionné ! Mais, ses complicités aussi sournoises qu'étranges, notamment avec Museveni et M23, révèlent à suffisance qu’il joue des rôles et scènes lui dictés par des commanditaires, scénaristes et marionnettistes avec qui il a signé des deals contraignants

 Eclairage,
Chronique de Lwakale Mubengay Bafwa

[i]. Bayart (Jean-François), L'Etat en Afrique. La politique du ventre, Paris, Fayard, ("L'espace du politique"), 1989, 439 pages, index en sus.

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