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Lwakale Mubengay BAFWA

Historien et politologue, patriote progressiste et mondialiste originaire du Congo-Kinshasa ; Agrégé de l'enseignement secondaire supérieur, vit à Genève (Suisse)

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Billet de blog 23 juin 2025

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Kanambe et AFC/M23 face à Tshilombo et à la Justice est-ce un tournant pour la RDC ?

Qui pour relever les défis de souveraineté, de sécurité, de justice équitable pour tous et d’infrastructures au Congo ? L’hédonicratie de Tshilombo a largement démontré qu’il n’en a pas la capacité. La coalition de Kanambe avec l’AFC/M23 le peut-elle ? Mais il faut alors qu’elle renverse d’abord l’ethnocratie de l’hédoniste Tshilombo. Restera ensuite l’épineuse question de souveraineté…

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ethnocratie de Tshilombo use de la justice comme levier pour installer sa famille, son clan et sa tribu à la tête du Congo. L’histoire rappelle le danger que représente la division d'un peuple par un régime politique s'appuyant sur des groupes fanatiques en mettant en exergue l'émergence d’abominables dictatures fascistes. L'humanité est malheureusement parsemée des affres nées des conséquences dévastatrices des politiques de division pour régner ; surtout lorsqu'elles sont fondées sur des critères ethniques, religieux ou tribaux. Ce genre d’approches stratégiques affaiblissent la cohésion sociale, attisent les tensions et peuvent dégénérer en conflits violents, compromettant gravement la stabilité et le développement d'une nation. Au Congo, ethnocratie de Tshilombo a effectivement mis le pays au bord de la guerre civile. Ceux qui l’ont compris et effroyablement ressenti, en sont vivement terrifiés, les plus convaincus en sont les plus paralysés et se taisent lâchement et platement… Et, ils sont majoritaires dans la population. Aussi, bien qu’ouvertement stipendiaires à la solde des envahisseurs du Congo, l’AFC/M23, Nangaa et l’imposteur Kanambe peuvent procurer aux Congolais, faute de mouvement patriotique efficace pour le moment, une victoire d’étape certainement capitale et urgente dans le processus de Libération du pays. Car, à l’instar de ce qui s’est passé en 1998 ou avec l’imposteur Kanambe tout au long de son règne, la mobilisation contre les occupants est plus aisée et efficace que contre les manipulateurs nationaux…

Illustration 1

Lorsqu’on a tenu les manettes, de mains de fer, d’un Etat pendant près de deux décennies, on garde certainement assez d’atouts, d’influence et d’entrées dans des institutions de cet Etat qu’on ne peut pas, du jour au lendemain, devenir une entité négligeable face aux enjeux politiques de ce pays. C’est bien le cas de l’imposteur Hyppolite Kanambe, Alias Joseph Kabila, qui a été chef d’Etat de la République démocratique du Congo (RDC) de 2001 à 2019 ; en organisant à sa guise sa succession. Comment, plus de six ans après, cette succession, choisie par lui-même, a-t-elle su se donner des coudées suffisamment franches pour, non seulement s’extraire de l’emprise tutélaire de ce parrain encombrant, liquider sa mainmise sur la sphère politique du pays et apurer les institutions de son influence, mais aussi et surtout se donner les moyens de l’affronter directement dans une guerre politique et militaire ouverte, qui se refuse à toute concession ? Face à l’omnipotence de l’hédonocratie de Tshilombo, tellement sûre de son hégémonie politique qu’elle envisage une domination à vie de la scène congolaise, que laisse augurer la guerre engagée par la coalition de Kanambe avec l'Alliance fleuve Congo (AFC) et Mouvement du 23 mars (M23) ?

Congo-Kinshasa est un gigantesque pays, très riche en ressources naturelles et géopolitiquement très bien situé. Potentiellement, il a tout pour être dans le peloton des grandes puissances du monde. Cependant, trahi par la démission de ses élites[i], ce sont des traîtres, des médiocres et des hédonistes qui y jouent les rôles des autorités et, corrélativement, ils exposent constamment ce merveilleux don du ciel à des crises politiques et à des conflits armés incessants. Figurant parmi les périodes les plus troublées de son histoire récente, les affrontements en cours entre le régime de l’usurpateur Tshilombo et l’AFC/M23 ainsi que le paroxysme atteints par les défis liés à la justice et à la gouvernance marquent un tournant majeur de son existence ; qui peut s'avérer dramatique ; surtout lorsqu’un chef d’Etat en fonction ouvre des hostilités militaires et judiciaires à l’encontre de son prédécesseur direct ; jouissant encore de l’impact manifeste sur les institutions nationales et sur plusieurs de leurs animateurs. Comment le Congo peut-il surmonter aujourd’hui ces errements, ses cruciales divisions internes, affronter d’intrépides invasions étrangères et reconstruire une paix durable ?

Capacité de Tshilombo à relever ses gageures posées avec assurance

La situation politique et sécuritaire en RDC est devenue encore plus complexe et plus volatile avec l’entrée en scène de l’imposteur Hyppolite Kanambe aux côtés de  l'AFC/M23 comme alternative à l’ethnocratie de l’hédoniste Tshilombo. Quels sont les atouts de ce dernier pour faire face à cette coalition renforcée par l’ex-chef d’Etat et son géniteur politique ? L’analyse de la capacité de Tshilombo à relever les défis que lui impose cette nouvelle donne politique peut s’articuler autour de cinq points focaux que sont :

  1. légitimité institutionnelle et internationale :
    • usurpateur d’abord, puis se maintenant à la tête du Congo à la suite d’un véritable brigandage électoral, Tshilombo n’a pratiquement aucune légitimité constitutionnelle auprès de la majorité des Congolais et, corrélativement, pas beaucoup de considération conséquente dans la communauté internationale. Par conséquent, leur soutien reste controversé et un vrai sujet à caution ;
    • par contre, chef d’Etat de fait, il jouit d’une large logistique et d’un cadre diplomatique établi pour chercher des solutions et mobiliser des soutiens à tous les niveaux...
  2. contrôle des institutions étatiques :
    • commandant en chef des forces armées en tant que chef d’Etat, c’est Tshilombo qui décide de leur emploi et détient le contrôle sur toute l'armée nationale, les FARDC, sur la police et sur les services de renseignement, même si leur efficacité et leur loyauté sont souvent remises en question ;
    • il peut user des leviers judiciaires pour mener la vie dure à ses adversaires politiques et à ses ennemis personnels ; comme l'ont montré les poursuites envisagées à l’encontre d’Hyppolite Kanambe pour trahison et complicité avec l’AFC/M23, et la levée de son immunité parlementaire…
  3. soutien national et mobilisation populaire :
    • même s’il n’est pas aussi populaire que lui-même et ses fanatiques le croient, Tshilombo a souvent procédé par la formation de gouvernement d'union nationale pour mettre le plus de monde possible sous son gouvernail pour mieux faire face aux défis, y compris affronter les rébellions ;
    • aux commandes de la Nation, il peut s'appuyer sur le sentiment nationaliste face à ce qui est perçu comme une agression extérieure et une tentative de déstabilisation…
  4. appui de partenaires régionaux et internationaux :
    • malgré des critiques, Tshilombo a constamment cherché, avec pas mal de réussite, à impliquer des forces régionales (EAC, SADC) dans la résolution de la crise congolaise ;
    • chef d’Etat en exercice du grand Congo, Tshilombo profite de la solidarité et de la collaboration opportunistes de la part de certains de ses collègues africains, des puissances occidentales et des organisations internationales…
  5. attentes de la population. Malgré l’impopularité croissante suite aux turpitudes de sa gouvernance et aux difficultés du quotidien qu’endure le peuple, Tshilombo sait comment se faire accepter par d’alléchantes promesses et susciter de fortes attentes ; notamment en matière d’infrastructures, de lutte contre la corruption, de création d'emplois et de maîtrise de l'insécurité. Promettant allègrement toujours beaucoup d'améliorations, la question est de savoir si ces promesses se concrétiseront en actions tangibles. Ce qui, jusqu’à ce jour est bien d’être le cas...

Initialement usurpateur et receleur d’un spectaculaire hold up électoral, Félix Tshilombo a érodé sa fiabilité et avarié davantage son image par un stupéfiant gangstérisme électoral en 2023. A jamais, il ne soulèvera des foules d’enthousiasme au Congo. Toutefois, par une machiavélique stratégie tribaliste et clientéliste, il sait comment s’attacher, de manière quasi passionnelle, la servilité d’un noyau important des inconditionnels. Cependant, face à l'ampleur et à la complexité des défis, qui s’accumulent, cette cohorte exiguë de fanatiques risque de s’avérer insuffisante pour permettre au chef d’Etat sur siège éjectable de sauver sa mise.

Jusqu’où peut aller Kanambe ?

Malgré la signature de l'accord de paix de Sun City en 2003, qui mettait fin à la Deuxième Guerre du Congo, le mandat d’Hyppolite Kanambe a vu éclater plusieurs conflits, notamment avec des groupes rebelles comme le M23. Pourtant, l’imposteur, vivement et unanimement rejeté hier par les Congolais, vient officiellement de rejoindre, à Goma, ce même groupe armé dans un conflit ouvert contre l’hédonocratie de Tshilombo, qui lui a succédé à la tête de la RDC et qu'il a lui-même mis en place. Comment se dessine l'épilogue de cette confrontation ? Quels sont les atouts et faiblesses de l'ex-chef d'Etat congolais à même d'influer sur l'issue de cette crise ?

Actuellement, la crise congolaise connaît un tournant majeur, avec une large partie du territoire de la RDC sous le contrôle total des rebelles et l'implication présumée et de plus en plus ouvertement assumée de l'ancien président Hyppolite Kanambe aux côtés de ces rebelles de l’AFC/M23, dans un conflit ouvert contre la cleptocratie de Félix Tshilombo. Ce développement complexe s'inscrit dans une histoire de tensions post-accord de paix de Sun City (2003) et d'une cohabitation difficile entre Kabila et son successeur. A évaluer de près l’étendue des atouts dévoilés et inavoués à la disposition des rebelles, force de réaliser que l'épilogue de cette confrontation au sommet des intrigues multiples se dessine de manière incertaine et potentiellement volatile, avec plusieurs scénarios possibles :

  • intensification du conflit et risque de déstabilisation accrue. L'arrivée de Joseph Kabila, avec ses milliards élastiquement mobilisables, sur le front aux côtés de l’AFC/M23 pourrait, en plus d’accroître leurs moyens et champ d’action, conférer une nouvelle légitimité et donner un plus grand élan stratégique au groupe rebelle ; d'autant plus que l’AFC/M23 est déjà fortement soutenu par le Rwanda. Cela risquerait d'aggraver les violences, de provoquer davantage de déplacements de populations et de fragiliser encore plus le régime de Kinshasa. Évaluant à plus près la portée du danger et affolée, l’hédonocratie de Tshilombo tente faire feu de tout bois en engageant notamment des poursuites contre Kanambe pour trahison. La situation est très grave !
  • guerre d'usure et impasse. Avec les pressions internationales sur l’AFC/M23, bloquant sa prise d’initiative ouverte sur le terrain militaire, accroît le risque de voir le conflit s'enliser dans une guerre d'usure, en multipliant des faux-semblants ; sans chercher des gains spectaculaires, ni de victoire décisive dans un premier temps. Cette situation prolongerait la souffrance des populations et maintiendrait le pays dans une instabilité chronique ;
  • négociations sous pression et intervention internationale. Face à d’éventuelles escalades expansives, débridées et exubérantes, la communauté internationale pourrait intensifier ses efforts de médiation pour forcer les parties à la négociation. Le Qatar est déjà dans ce rôle et son efficacité est conséquente et bien lisible sur le terrain des hostilités. L'implication de Kanambe pourrait également changer la dynamique des pourparlers, accroissant le poids des rebelles et le rôle des rebelles. Cependant, la méfiance mutuelle est profonde, rendant toute négociation ardue ;
  • délégitimation de Kabila ou affaiblissement du régime de Tshilombo. L'alignement de Kanambe avec un groupe armé accusé de graves exactions pourrait le délégitimer encore davantage aux yeux d'une partie de l'opinion publique congolaise et de la communauté internationale. Inversement, déjà affaiblie par ses turpitudes, la cleptocratie de Tshilombo le sera davantage si elle ne parvient pas à contenir l'avancée de l’AFC/M23 et à rétablir la sécurité et à défendre la souveraineté du pays. Ce qui renforcerait ses détracteurs sur ses incompétences avérées...

Ces scénarios probables deviennent encore plus explicites lorsque les atouts et faiblesses de Kanambe sont mises dans les perspectives corrélatives par leur faculté à influer sur l'issue de la crise. Dans cette approche, les atouts à relever du côté de Kanambe sont :

  • puissants réseaux d'influence et connaissance dans l'appareil sécuritaire. Malgré son retrait apparent de la vie politique active, l’ex-chef d’Etat conserve des réseaux importants, vrais labyrinthes au sein des institutions congolaises, surtout dans l'armée, les services de sécurité ainsi que parmi les acteurs politiques et économiques du pays. Ce puissant réseautage  et autres contacts pourraient lui fournir des informations, des soutiens et une capacité de nuisance non négligeables ;
  • expérience politique et connaissance du terrain. Ayant dirigé sans partage la RDC 18 ans durant, Kanambe a des notions bien approfondies sur des dynamiques politiques, sociales et sécuritaires du pays, en particulier dans l'Est. Il a déjà affronté et géré des rébellions, y compris le M23 par le passé ; ce qui lui confère une certaine expertise dans la guerre asymétrique ;
  • soutiens potentiels locaux, régionaux, voire au-delà. Il se raconte que Kanambe est actionnaire chez Tesla d'Elon Musk ; dont il pourrait profiter du soutien. Mais, il est sûrement au bénéfice de divers soutiens et apports au sein de factions militaires, politiques et de la société civile mécontentes de  l’hédonocratie de Tshilombo. S’il est soutenu par le Rwanda et le M23 , sa supériorité militaire est amplement significative ;
  • capacité à polariser le débat politique. Sa présence sur la scène politique et son alliance avec l’AFC/M23 forcent la cleptocratie incriminée de Tshilombo à réagir et à justifier ses actions, il occupe ainsi une partie de l'espace politique…

Toutefois, son image et son profil ne sont pas exempts de critiques. Parmi les faiblesses qui peuvent handicaper son action, relevons :

  • image et légitimité controversées. Le bilan de la présidence de l’imposteur Kanambe est fortement critiqué, notamment en termes qualité de la gouvernance, de droits de l'homme et de corruption. Son association avec l’AFC/M23, un groupe accusé de crimes de guerre, entache davantage son image et rend difficile qu’il se poser en médiateur, "patriote" ou en solution ;
  • isolement diplomatique. Bien qu’auréolé par son statut d’ex-chef d’Etat du grand Congo et qu'il puisse avoir de nombreux soutiens dans la région et au-delà, son implication ouverte et désormais directe dans une rébellion armée contre un État souverain risque de l'isoler encore sur la scène internationale, d'autant plus que son allié M23 est déjà largement condamné ;
  • poursuites judiciaires actives. La levée de son immunité parlementaire et l'engagement de poursuites judiciaires pour "trahison" le placent dans une position légale précaire ; ce qui pourrait limiter ses mouvements et sa capacité d'action ;
  • opposition interne croissante. Une bonne partie de l'opinion publique congolaise, et notamment les grands patriotes du Congo, ne peuvent percevoir son alliance avec l’AFC/M23 que comme une confirmation de son imposture initiale, une trahison de plus et un acte de déstabilisation du pays. Des invectives se multiplient pour le qualifier de "Cheval de Troie" rwandais pour mieux le délégitimer aux yeux des Congolais…

L'épilogue de cette confrontation au sommet entre l’usurpateur Tshilombo et l’imposteur Kanambe est loin d'être écrit d’avance et dépendra de nombreux facteurs. Au premier rang de ces facteurs déterminants, il y a d’abord les dynamiques militaires sur le terrain où le régime a largement démontré sa vulnérabilité. La capacité des FARDC à contenir l’AFC/M23 dépendra de la qualité de sa réorganisation en cours. Mais, il y a également les vives pressions diplomatiques. L’accélération actuelle de ces interventions influe sur l'évolution des alliances régionales et internationales. Le rôle de Kanambe, autrefois acteur central de la scène politique congolaise, réduit désormais à celui d'un opposant, qui cherche à bousculer l'ordre qu’il généré lui-même, avec des effets potentiellement désastreux pour la stabilité de la RDC, s’expose à un large désaveu.

Des hypothèques sur la route de l’AFC/M23…

L’AFC/M23 occupe désormais espace public assez significatif pour polariser le débat politique au Congo ; notamment en forçant  la cleptocratie de Tshilombo et les autres acteurs politiques à réagir ses initiatives et à justifier leurs propres actions. Quels sont les atouts, faiblesses ainsi qu’hypothèques de l’AFC/M23 sur sa route vers le renversement de l’ethnocratie de l’invétéré hédoniste Tshilombo ? Branche politique du M23, l’AFC s'est fixée dès le départ l’objectif un peu plus limpide de renversement l’inique ethnocratie des incompétents jouisseurs à Kinshasa. Sans ambition d’être exhaustif, le diagnostic des chances de ce challenger pour arriver à ses fins peut effectivement s’articuler autour de ses atouts, de ses faiblesses ainsi que des hypothèques sur sa périlleuse route :

Atouts de l'AFC/M23 :

  • soutien externe (Rwanda). Des rapports d'experts de l'ONU, des États-Unis et d'autres pays occidentaux corroborent les accusations de Kinshasa ; selon lesquelles le Rwanda soutient militairement le M23. Ce soutien inclut un appui logistique, le recrutement, la formation, et même l'implication directe d'unités des Forces rwandaises de défense dans les opérations. Cela confère à l’AFC/M23 une capacité militaire et organisationnelle significative, le rendant plus puissant et mieux armé que d'autres groupes armés dans l'Est de la RDC ;
  • capacités militaires accrues et gains territoriaux. L’AFC/M23 a démontré une capacité d'avancement rapide et de conquête territoriale impressionnante. En un temps stupéfiant, elle s'est emparée d’innombrables zones de l’Est, dont des villes clés comme Bunagana, Kanyabayonga, Rutshuru, Masisi, et plus récemment Goma et Bukavu. Ils ont également mis en place des structures de gouvernance et administratives dans les zones sous leur contrôle. Leur discipline et leurs équipements, s’appuyant sur un entraînement militaire intensif, épatent ;
  • contrôle de zones riches en ressources. L'AFC/M23 contrôle déjà des territoires riches en minerais stratégiques (coltan, cassitérite, cobalt, lithium, or) ; ce qui leur garantit des sources de revenus significatives pour financer leurs opérations ;
  • faiblesses des FARDC. En face, en effet, en plus des des résultats effectifs sur le terrain, le rapport du Sénat congolais a souligné les faiblesses des FARDC dans l'Est de la RDC et les difficultés liées à leur partenariat avec les indisciplinées milices pro-gouvernementales, mal préparées, de Wazalendo. Les soldats des FARDC désertent facilement pour passer chez l’ennemi. L’AFC/M23 en a absorbé plus de mille à Goma ;
  • fragilité politique à Kinshasa. Considéré comme incompétent et impénitent jouisseur, l’usurpateur souffre d’une réputation en berne ; alors que les forces de l'opposition exploitent toutes les circonstances et occasions pour l’affaiblir et engranger de précieux gains politiques. Par son tribalisme exacerbé, Tshilombo lui-même hypothèque sérieusement la cohésion de son régime. L'entrée en scène de son prédécesseur aux côtés de l’opposition et de la rébellion est un renfort considérable ;
  • narratif de "rébellion nationale" et objectif politique clair. En effet, l'AFC/M23 n’a pas lésiné sur la communication en optant pour un narratif national et en appelant crânement au renversement d’un régime inique, incompétent et corrompu. Certains analystes estiment que c’est par rejet du régime que la majorité populaire soutient nettement l’offensive rebelle…

Faiblesses de l'AFC/M23 :

  • légitimité et accusations de crimes de guerre. L’AFC/M23 est accusée de nombreuses violences contre les populations civiles, notamment des meurtres, des viols et d'autres crimes de guerre, par des ONG comme Human Rights Watch, Amnesty International et la Cour pénale internationale ainsi que par certaines chancelleries, dont le gouvernement américain. Ces accusations nuisent à sa légitimité auprès de la population congolaise et de la communauté internationale ;
  • dépendance vis-à-vis des soutiens externes. À l’égard de la population congolaise et de la communauté internationale, la forte dépendance de l’AFC/M23 à l'endroit du soutien rwandais et ougandais constitue une grande vulnérabilité. Et ce d’autant que si ce soutien venait à diminuer ou à être coupé en raison de pressions internationales, la capacité du groupe à maintenir ses opérations serait fortement compromise ;
  • opposition des populations locales et déplacements massifs. Les avancées de l’AFC/M23 ont entraîné des déplacements massifs de population (plus de 500 000 personnes dans les Kivus en 2025), exacerbant une situation humanitaire déjà désastreuse. L’AFC/M23 a aussi été accusé d’avoir ordonné le démantèlement forcé de sites de déplacés internes. Cela crée une forte opposition et un ressentiment parmi les civils ;
  • condamnation internationale. La communauté internationale, y compris les Nations Unies, a condamné explicitement les actions de l’AFC/M23 comme déstabilisatrices d’un Etat souverain et critiqué officiellement le soutien que lui apporte le Rwanda dans des opérations qualifiées de criminelles. Bien que l'impact de ces condamnations sur le terrain soit mitigé, l’AFC/M23 est au ban de la société et elles peuvent entraîner des pressions diplomatiques et d'éventuelles sanctions ;
  • coopération gouvernementale avec les milices locales (Wazalendo). Manipulant à son profit la fibre patriotique, l’ethnocratie de Tshilombo a réussi à dresser des milices locales, les Wazalendo spécialement, contre l’AFC/M23. Bien que cette coopération ait d’autres défis, elle représente une forme de résistance locale très gênante pour l’AFC/M23 …

Hypothèques (Risques et Obstacles) sur la route du renversement de l’ethnocratie de Tshilombo :

  • réponse régionale et internationale. Le conflit a le potentiel de se transformer en une guerre régionale, attirant d'autres acteurs. Bien que la Force régionale de la Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE) ait été présente et que la Mission de la Communauté de développement d'Afrique australe en RDC (SAMIDRC) ait été déployée, leur capacité à contenir la poussée de l’AFC/M23 a montré ses limites et reste un défi. Les initiatives de paix et de cessez-le-feu (comme celles négociées au Qatar) sont souvent violées ; néanmoins, elles témoignent d'une pression internationale pour une résolution pacifique ;
  • renforcement potentiel des FARDC. Malgré les échecs, le gouvernement congolais cherche à renforcer ses forces armées, notamment en sollicitant des soutiens militaires d'autres pays, comme le Tchad et le Mali, et en s'appuyant sur des mercenaires roumains et français. Cette dernière option a été très sévèrement critiquée. Mais, un réconfort significatif des FARDC pourrait inverser la dynamique sur le terrain ;
  • volatilité des alliances et dynamiques internes. La région est marquée par une multitude de groupes armés et des alliances changeantes. La capacité du régime et des rebelles à maintenir la cohésion de leurs forces et de leurs alliés reste un défi ;
  • possibilité d'un dialogue ou d'une solution politique. Malgré l'objectif de renversement de régime, des pourparlers ont lieu entre le gouvernement congolais et l'AFC/M23. Une solution politique, même si elle semble lointaine et difficile, reste une hypothèse qui pourrait modifier fondamentalement la trajectoire du conflit. L'idée d'un "dialogue inter-congolais" ou d'une conférence nationale est parfois évoquée ;
  • impact humanitaire et conséquences à long terme. Au paroxysme d'aggravation d’une crise humanitaire atroce, la communauté internationale pourrait exercer des pressions accrues et incisives sur toutes les parties pour trouver une issue urgente à la crise. Cependant, la conjoncture pourrait également contraindre des populations locales à des soutiens opportunistes à des groupes offrant une meilleure sécurité ou des meilleures conditions de vie ; qu'il s'agisse du régime oligarchique de Tshilombo ou des rebelles de l’AFC/M23… L’ethnocratie, qui ne s’est pas offusquée à fermer les banques et à couper l’eau courante aux populations déjà martyrisées par tant de souffrances, ne saurait s’en tirer au bon compte…

Certes, l'AFC/M23 dispose d'atouts militaires prépondérants et des soutiens externes déterminants. Ils lui garantissent des avancées territoriales importantes ainsi que la capacité de menacer sérieusement la survie de l’hédonocratie d’un tribaliste aussi avéré que s’affiche Tshilombo. Cependant, la légitimité de l'AFC/M23 est entachée par des accusations de crimes de guerre, sa dépendance vis-à-vis du Rwanda est une vulnérabilité, et il n’y a pas de garantie que la réaction de la communauté internationale lui soit favorable. Par ailleurs, la capacité du gouvernement congolais à se réorganiser et sa propension à se réarmer restent des facteurs déterminants sur l’issue de l’affrontement. La chute de l’ethnocratie de Tshilombo est un objectif ambitieux qui se heurtera à des obstacles complexes et à des dynamiques régionales et internationales fluctuantes. La subite inflexion des négociations en cours au Qatar et à Washington laisse entrevoir un épilogue précipité, au-delà, voire au détriment, des attentes les plus rigoureusement revendiquées des uns et des autres.

La justice et les défis institutionnels…

Sous la présidence de l’imposteur Hyppolite Kanambe, des efforts ont été entrepris pour réformer les institutions et rendre opérationnel quelques aspects de l’État de droit. Ces initiatives incluent, entre autres, la lutte contre la corruption, la réhabilitation des infrastructures judiciaires et la coopération avec des partenaires internationaux pour améliorer la gestion des crises. Cependant, les défis restaient encore immenses ; notamment en ce qui concerne l’impunité des crimes de sang et de prévarication, le déficit de rapprochement avec les groupes armés et le développement économique des régions affectées par les conflits.

À son arrivée au pouvoir, Tshilombo séduisit certains avec des promesses initiales d'instauration de l'État de droit, de lutte contre la corruption et de réforme en profondeur de l’appareil judiciaire. Après plus de six ans d’hédonocratie, le Congo ne reste pas seulement pays complètement marqué par l'instabilité politique, la faiblesse des institutions, l’iniquité triomphante et une culture d'impunité à son paroxysme ; mais, paradoxalement, toutes ces aberrations se sont tellement empirées qu’elles donnent le sentiment que le pays est devenu une jungle jamais connue de toute son histoire. Des illustrations de cet échec généralisé sont légion. Par exemple, l'échec à l'instauration de l'État de droit se traduit par :

  • la persistance de l'insécurité et de la violence dans tout le pays :
    • malgré les opérations militaires et policières ainsi que l'état de siège, persistance des groupes armés tueurs sans pitié (M23, ADF, etc.) et des violences intercommunautaires ;
    • à bien des égards, le questionnement sur la capacité de l'État à protéger ses propres citoyens sur son propre territoire et à y faire respecter la loi se pose avec plus d'acuité que jamais face à l’ampleur de massacres, de leur répétition, de déplacements de populations, d’incursions étrangères et de l'absence de poursuites effectives pour les crimes commis…
  • l’arbitraire et les violations des droits humains :
    • rapports d'ONG (Amnesty International, Human Rights Watch) faisant état d'arrestations arbitraires, de détentions illégales et de tortures s’accumulent de manière effarante ;
    • utilisation systématiquement disproportionnée de la force, avec de nombreuses victimes innocentes, par les services de sécurité, notamment lors de manifestations ;
    • faible responsabilisation des auteurs de violations des droits humains au sein de l'appareil sécuritaire…
  • la corruption et gabegie financière endémiques :
    • malgré les discours, persistance de la corruption et des détournements de fonds publics à tous les niveaux de l'État ;
    • manque de poursuites judiciaires significatives contre les hauts dignitaires impliqués dans des affaires de corruption.
    • impact de la corruption sur la prestation des services publics et la confiance des citoyens dans l'État.

La réhabilitation d’une justice équitable pour tous demeure le défi le plus difficile à relever et ce malgré la grossièreté des déviations :

  • effectivement, indépendance de la justice remise en question :
    • allégations d'ingérence du pouvoir exécutif dans les affaires judiciaires ;
    • influence politique sur les nominations et les carrières des magistrats ;
    • absence de protection suffisante pour les juges et procureurs face aux pressions ;
  • accès à la justice limité pour la population :
    • coût élevé des procédures judiciaires, rendant la justice inaccessible pour les plus vulnérables ;
    • lenteur des procédures et arriéré judiciaire important ;
    • manque de sensibilisation de la population à ses droits et aux mécanismes de recours…
  • impunité persistante :
    • faible taux de condamnations pour les crimes graves (crimes économiques, crimes contre l'humanité) ;
    • manque de volonté politique de poursuivre les personnalités influentes ;
    • phénomène des "intouchables" qui échappent à la justice…

L'insuffisance des infrastructures judiciaires fiables et viables est un des aspects évidents d’échec à la réhabilitation de l'État de droit :

  • délabrement des infrastructures physiques :
    • état de vétusté très avancé des bâtiments abritant tribunaux, prisons et bureaux de justice ;
    • manque de matériel et de ressources (véhicules, appareils informatiques, fournitures de base) ;
    • conditions de détention inhumaines et dégradantes dans quasiment toutes les prisons…
  • faiblesse des ressources humaines et matérielles :
    • manque criant de magistrats, de greffiers et de personnel de soutien aux procédures judiciaires ;
    • faible rémunération et conditions de travail difficiles pour le personnel judiciaire, favorisant la corruption ;
    • insuffisance de la formation continue, de recyclage et du renforcement des capacités des magistrats et personnel…
  • absence de numérisation et de modernisation :
    • procédures encore largement manuelles, favorisant la lenteur et les erreurs ;
    • manque d'outils technologiques pour la gestion des dossiers, la communication et la recherche juridique ;
    • absence de bases de données fiables et de statistiques judiciaires pour servir de références et de contrôle...

La vétusté et les insuffisances choquantes affectent l'ensemble des institutions publiques et la restauration y est plus qu’urgente :

  • réformes institutionnelles inachevées ou inefficaces :
    • dans un pays où la pièce d’identité fait défaut, la réforme de l'administration publique n'a pas produit les effets escomptés en termes d'efficacité et de transparence ;
    • l’absence de contrôle et l’impunité totale favorisent la persistance du clientélisme et du népotisme dans les nominations même aux postes clés de l’administration ;
    • faute de mécanismes d’expertise, de vérification et de reddition des comptes des institutions tue la rigueur…
  • dysfonctionnement des services publics :
    • accès difficile aux services de base tels i9nfrastructures, que l’éducation, santé, eau et électricité en raison du manque de moyens et de la corruption ;
    • faible capacité de l'État à collecter normalement et efficacement les taxes et les impôts ainsi qu’à gérer les finances publiques de manière transparente ;
    • manque de planification et de suivi des politiques publiques dans tous les domaines de l’Etat...
  • crise de confiance dans les institutions :
    • de manière unanime, la population a développé et entretient une perception largement négative de vis-à-vis de toutes les institutions étatiques telles que la justice, le gouvernement, le parlement, l’administration etc…
    • faible participation citoyenne et sentiment d'exclusion dans la prise de décision ;
    • montée des discours populistes et du repli identitaire…

L’hédonocratie de Tshilombo a beau accusé les étrangers et les rebelles de tous les maux qu’endure la population congolaise ; il lui manque cependant des arguments pour justifier son incapacité à mettre le Congo sur la voie de la bonne gouvernance en fonction des moyens à sa disposition. La synthèse des évocations démontrant les défis persistants et les échecs perçus dans les domaines de l'État de droit, de la justice et de la restauration institutionnelle justifie le dégagisme plébiscité autour d’un régime ressenti comme ne vivant pas en connexion avec le peuple administré ; mais complètement et de manière entêtée sur une voie totalement parallèle. A ce point, même l’imposteur et les pions des étrangers s’apparentent au moindre mal et leur triomphe sur l’ethnocratie est à promouvoir, faute de mouvement patriotique révolutionnaire ni d’autre alternative crédible  à laquelle s’accrocher pour le moment, comme nécessaire victoire d’étape, essentielle sur la voie de la Libération.

Place et impact de la communauté internationale ?

La communauté internationale, y compris les Nations Unies et l'Union africaine, joue un rôle crucial pour soutenir la RDC dans des domaines variés et sous divers aspects. La Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC mission de la (MONUSCO) est un exemple illustratif clé de cet engagement. Cependant, certaines critiques soulignent l'inefficacité de ces interventions, qui peinent souvent à répondre aux réalités locales. Par les négociations en cours, notamment au Qatar et à Washington ainsi que les perspectives corrélatives d'accords qui se dessinent, la communauté internationale embrouille-t-elle une situation déjà complexe ou introduit-elle des facteurs de résolution de la crise ?

Les négociations en cours au Qatar et à Washington en quête d’issue à la crise congolaise, notamment entre la RDC et le Rwanda, ainsi qu'avec le groupe armé M23, sont généralement perçues comme des facteurs introduisant des perspectives de résolution de la crise, plutôt que de l'embrouiller davantage ou de la compliquer. En effet, plusieurs acteurs et facteurs présents à ces tractations y sont pour favoriser les échanges, débroussailler et aplanir des situations :

  • implication de médiateurs influents. La présence des États-Unis et du Qatar, en tant que médiateurs confère une légitimité et un poids diplomatique importants aux pourparlers. Ces puissances politiques ont la capacité d'exercer des pressions et de faciliter des compromis qui étaient peut-être plus difficiles à atteindre avec des médiations purement régionales par le passé ;
  • approche à double voie. Il semble y avoir deux processus distincts mais, manifestement, complémentaires :
    • négociations RDC-Rwanda à Washington. Ces discussions visent principalement à apaiser et à résoudre les tensions transfrontalières ; notamment l'accusation de la RDC selon laquelle le Rwanda soutient le M23. L'objectif est une reconnaissance mutuelle de la souveraineté et de l'intégrité territoriale, et la cessation de tout soutien aux groupes armés. Un pré-accord de paix aurait déjà été paraphé ;
    • négociations RDC-AFC/M23 au Qatar. Ces pourparlers se concentrent surtout sur les problèmes internes à la RDC. Probablement initiés par le régime de Kinshasa, ils visent à aboutir à une trêve et un accord de paix entre celui-ci avec l’AFC/M23, qui est un acteur clé du conflit dans l'Est ;
  • projet d'accords concrets. Aux différentes étapes antérieures, des « déclarations de principes» et des projets de propositions de paix ont déjà émergé des négociations ici et là entamées. Ils jetent les bases d'accords futurs. La signature d'un accord de paix entre la RDC et le Rwanda est même déjà prévue pour le 27 juin 2025 ;
  • pressions internationales. Surtout l'implication directe et active des États-Unis, notamment, met une pression accrue sur les parties pour trouver une solution durable. La communauté internationale dans son ensemble est de plus en plus consciente de l’ampleur de la crise humanitaire et sécuritaire dans l'Est de la RDC et semble déterminée à soutenir une résolution de fin ;
  • nouvelle dynamique. Après des tentatives infructueuses de médiation précédentes, qui n'avaient pas abouti à des résultats durables, notamment celles de Luanda et de Nairobi, l'entrée en scène de nouveaux acteurs, plus puissants, et de nouvelles approches peut créer une dynamique plus propice à la paix…

Toutefois, la complexité excessive de la situation globale et l’implication alambiquée des intérêts directs des médiateurs eux-mêmes peuvent embrouiller davantage les données. Notons alors :

  • la fragilité des accords. L'histoire de la RDC est marquée par de nombreux accords de paix qui n'ont pas été respectés. Il est crucial que les engagements pris soient suivis d'effets concrets sur le terrain. Mais, parmi les protagonistes, qui a vraiment intérêt à aller jusqu’au bout d’une issue qui ne l’arrange pas ?
  • la complexité intrinsèque de la crise. La crise en RDC est multifactorielle, impliquant des enjeux de très riches ressources naturelles, des dynamiques communautaires, des manigances internationales subtiles, de multiples acteurs armés, des questions de gouvernance et des luttes acharnées de conquête de pouvoir politique. Les négociations actuelles ne peuvent, à elles seules, résoudre toutes ces dimensions ;
  • le scepticisme de certains acteurs. Certains acteurs, et non les moindres, car, plusieurs leaders de la société civile congolaise, des animateurs des institutions religieuses, des journalistes de renom ou des personnalités très célèbres telles que Docteur Denis Mukwege - seul Prix Nobel de la Paix au Congo - ont ouvertement exprimé des réserves quant à la nature des accords et leurs potentielles conséquences, surtout en ce qui concerne l'intégrité territoriale et le pillage des ressources.

A la lumière de ce qui précède, bien que la situation en RDC reste intrinsèquement complexe, les négociations en cours au Qatar et à Washington, avec l'implication directe et active de puissances internationales, semblent être un effort sérieux pour introduire des facteurs de résolution en visant des accords concrets entre les principales parties prenantes. Le succès de ces initiatives dépendra de la bonne foi des acteurs, de la mise en œuvre effective des accords et de la capacité à aborder les racines profondes du conflit.

EBEBI ! BANDA KANI DÉVOILE LE COMPLOT:RECADRE DR. MUKWEGE, ISRAËL, KAGAME, USA DERRIÈRE LE GÉNOCIDE © AFRIKA TV NETWORK

Un tournant pour la RDC ?

Les sorts inversés que la justice congolaise a réservés à Constant Mutamba et Nicolas Kazadi illustrent l’état de déliquescence des institutions de la RDC. C’est pire dans l’armée nationale, les FARDC, où ceux qui ne sont pas odeur de sainteté avec le régime sont exterminés, quels que soient leurs grades, parfois de la manière la plus violente et la plus humiliante que soit. Hyppolite Kanambe et les autres animateurs de l’AFC/M23 sont du traitement qu’ils courent le risque de subir en cas de leur capitulation. Malgré de bonnes dispositions affichées et l’écoute réservée aux interférences étrangères, ils sont bien au clair que leur survie, pas que politique, est intimément liée à la chute du régime de Tshilombo et qu’ils sont les seuls à pouvoir le glaner, le cueillir effectivement.

Quelles répercussions  les négociations en cours et éventuels accords peuvent-ils avoir sur la vision et l’action de la coalition de Kanambe avec l’AFC/M23 ? Fidèles disciples du Front Patriotique Rwandais (FPR), on sait qu’ils peuvent user à merveille de la stratégie bien apprise du Talk and fight, négocier et combattre… A l’instar du FPR et Kagamé le 6 avril 1994, ils peuvent défier l’opinion et prendre tout le monde de court à tout moment ; ils ont les moyens de renverser l’hédonocratie de Tshilombo. S’ils y parviennent, c’est bien loin d’une avancée politique qui se dessine pour le Congo.

Car, les aspirations aux profonds changements sont bien vives dans tout le pays. Les questions de souveraineté, de justice équitable pour tous et d’infrastructures, par exemples, constituent des trames complexes qui illustrent les défis à relever sur le plan politique, économique et social. Qui pour assurer le décollage, le développement et la restauration des institutions administratives solides, pour pacifier toutes ses régions et garantir la justice pour toutes les victimes des conflits vécus. Ce tournant historique, à même de marquer une étape décisive pour la RDC et son avenir, l’hédonocratie de Tshilombo a largement démontré qu’il n’est pas en capacité de le réaliser. La coalition de Kanambe avec l’AFC/M23 le peut-elle ? Mais il faut d’abord qu’elle renverse l’ethnocratie de l’hédoniste Tshilombo et elle en a les moyens… Toutefois, ce défi-là, c’est au mouvement patriotique congolais de le relever !

Eclairage,
Chronique de Lwakale Mubengay Bafwa

[i]. Dans une communauté donnée, l’élite est ce qu'il y a de meilleur ; donc, ses membres les plus intelligents, les plus talentueux, les plus vertueux qui, par ces particularités, sont destinés à prendre conscience que c’est à eux qu’il revient l’assignation de guider, de gouverner l'ensemble de la communauté. Ainsi, alors qu’ailleurs les élites s’engagent et se mobilisent au maximum et au risque de leur vie pour jouer les premiers rôles dans la gouvernance de leurs communautés, ce sont les envahisseurs et les impérialistes étrangers qui recrutent et imposent des médiocres, des traîtres et des jouisseurs à la tête du Congo.

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