Dans le contexte africain, la signature d’un partenariat de sponsoring entre un État et un grand club européen suscite de nombreuses interrogations quant à l’intérêt et aux retombées réelles pour le pays investisseur. Dans le cas du Congo, où les annonces officielles mettent en avant le développement du sport national, il est pertinent de s’interroger sur la portée concrète d’un tel engagement de plusieurs millions de dollars face aux autres priorités dans un pays où les infrastructures de base sont complètement en ruine jusqu’aux goulots d'étranglement ; créant de monstres ralentissements, voire des blocages quasi complets pour l'ensemble du système… Et surtout, quel intérêt de débourser des millions pour promouvoir le sport dans un pays, où des reportages font état d'interruptions fréquentes des championnats, voire de leur arrêt complet ?
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La voyoucratie se manifeste par une dérive du pouvoir vers des pratiques prévaricatrices et mafieuses, où les intérêts personnels, délinquance, banditisme, brigandage, gangstérisme supplantent la légitimité, la légalité, les citoyens, le bien commun et la sécurité. Le pouvoir y est donc exercé par des voyous ; c’est-à-dire, des individus corrompus, au comportement grossier, aux mœurs douteuses et sans moralité ou des personnes vicieuses, souvent violentes, sans foi ni loi… Il s'agit alors d'une forme de régime où la criminalité, les malversations, la violation de la constitution et des lois prévalent au détriment de l’équité, de l’harmonie et de l'intérêt général. Ainsi, la voyoucratie s'illustre et s'illumine par diverses caractéristiques et manifestations, particulièrement par :
- l'exercice du pouvoir par la force et l'intimidation. Au lieu de s'appuyer sur des institutions légitimées, légales et des procédures démocratiques, la voyoucratie utilise la violence, les menaces et la coercition pour asseoir son autorité et atteindre ses objectifs ;
- la corruption généralisée. La corruption et le détournement des deniers publics sont des piliers de la voyoucratie. Les personnes au pouvoir détournent les fonds publics, acceptent des pots-de-vin, exigent des rétro-commissions pour des actes et traités publics et utilisent leur position pour s'enrichir personnellement ou favoriser leurs proches, sans se soucier des conséquences pour la société ;
- le non-respect de l'État de droit. La constitution est constamment violée, les lois sont bafouées, les institutions et directives judiciaires affaiblies ou instrumentalisées au profit des barons du régime et l'impunité règne à l’avantage des instigateurs de la voyoucratie. La justice est sélective et soumise aux caprices des dirigeants ;
- l'absence d’équité, de transparence et de reddition de comptes. Les décisions sont prises dans l'opacité, et il n'y a pas de mécanismes efficaces pour demander des comptes aux dirigeants. Cela favorise les abus et empêche toute forme de contrôle public ou citoyen ;
- l'infiltration des institutions. La voyoucratie peut s'immiscer dans différentes sphères de la société, y compris la politique, l'économie, la justice, les services de renseignement ou même les forces de l'ordre, pour étendre son influence et disculper ses actions illicites ;
- la dégradation du tissu social. En sapant la confiance dans les institutions et en favorisant la loi du plus fort, la voyoucratie contribue à une dégradation des valeurs morales et civiques, et peut entraîner une augmentation de la criminalité et du désordre…
La voyoucratie, en somme, désigne un régime où l’autorité et la gestion des affaires publiques sont accaparées par des acteurs dont les pratiques relèvent davantage de la criminalité que de l’intérêt général. Dans ce type de régime, la légitimité ne s’appuie plus sur la loi, le mérite ou la volonté collective, mais sur la capacité à imposer ses vues par la force, la fraude ou l’intimidation. Les normes civiques et démocratiques sont progressivement supplantées par des logiques de réseaux occultes, de favoritisme et d’enrichissement illicite. Ainsi, la voyoucratie s’oppose fondamentalement à l’idéal d’un État de droit, puisqu’elle transforme les institutions en instruments au service de groupes restreints ou de personnes, au détriment de la majorité. Budimbu et son ministère des Sports en sont une illustration quasiment caricaturale ; en voici les faits.
Infrastructures de base en ruine et impraticables dans tout le pays
La situation du Ministère des Sports et Loisirs de la République à démocratiser du Congo (RDC), qui conclut à tour des bras des partenariats commerciaux ahurissants avec des clubs européens alors que le Congo lui-même est, non seulement un état failli, aussi le prototype d’un pays en ruine ; qui a subi des dommages importants à la suite des guerres récurrentes, qui reste plongé dans des crises économiques itératives en raison de la mal gouvernance endémique, sans oublier la conjugaison de ces calamiteux facteurs à la résurgence fréquente des épidémies. Tout cela combiné a dégénéré dans une dégradation très sévère et généralisée des infrastructures, de l'économie, des institutions sociales et même de l'environnement. Le Congo est ainsi plongé dans une spirale des problèmes de mauvaise gestion et de corruption. Bien loin d’être isolés, ils sont plutôt profondément enracinés dans toute la société et sont même une marque structurelle de son système de gouvernance.
En RDC, la mal gouvernance est soutenue par plusieurs et variés facteurs interdépendants ; notamment par la précarité de la population et corrélativement la difficulté à en soutirer l’essentiel de son potentiel, la fragilité de l'autorité étatique, la corruption, l'insécurité, et la mauvaise gestion des ressources disponibles. Ces éléments s’entremêlent et se renforcent mutuellement, créant un cercle vicieux qui précarise davantage la population et entrave le décollage et le développement du pays. Malheureusement, une mal gouvernance profondément et notoirement estampillée par de scandaleuses et massives escroqueries institutionnelles largement avérées et articulées autour des rétro-commissions exorbitantes. Une véritable mal gouvernance caractérisée et illustrée par le tribalisme et le clientélisme exacerbants, la luxure, l’incurie, la prévarication, les détournements systématiques des fonds ainsi qu’une allocation inefficace des ressources publiques. Voici une ventilation des éléments effectifs qui soutiennent ces allégations :
- corruption et détournement de fonds. Les démonstrations de rétro-commissions exorbitantes sont nombreuses au cœur d’une corruption systémique et vulgarisée. Cela signifie que des fonds publics, censés servir l'intérêt général, sont détournés à des fins personnelles par de hauts fonctionnaires de l’Etat, pourtant présumés en garantir le bon usage. De la Présidence de la République à l’administration du patrimoine public, les scandales sont légion et l’impunité la règle ; même lorsqu’il y a des procès judiciaires avec des renforts médiatiques exorbitants. Néfaste fléau, la corruption draine les ressources et bloque l’essor du pays ;
- incurie et négligence des besoins fondamentaux. Le fait que les infrastructures de base soient en état de total délabrement et les besoins fondamentaux des citoyens largement insatisfaits ne provoque pas seulement des goulots d'étranglement, il entretient également une précarité suffisamment généralisée et à même de tout faire basculer. Les animateurs des institutions publiques s’adonnent tellement à la politique du ventre qu’ils négligent des investissements indispensables aux fondations mêmes du pays ;
- priorités mal définies et opacité. Notamment dans les domaines des finances publiques et de la gestion des ressources naturelles. Ce qui entraîne une mauvaise allocation des fonds, une corruption généralisée et un manque de transparence, entravant le développement du pays et l'amélioration des conditions de vie de la population. Pour améliorer la gouvernance en RDC, il est crucial de mettre en place des mécanismes de transparence et de reddition de comptes, de lutter contre la corruption, de renforcer les institutions et de donner la priorité aux besoins de la population ;
- clientélisme et enrichissement personnel. Les preuves en sont données par de scandaleuses escroqueries institutionnelles. Cela suppose un système où les contrats et partenariats publics ne sont pas conclus pour des motifs légitimes et l’intérêt général ; mais, plutôt, pour permettre à des prévaricateurs de s'enrichir sur le dos de l’Etat, illicitement ; créant ainsi un système de clientélisme où les décisions sont prises en fonction d'intérêts égoïstes privés au détriment des services publics et du bien-être commun …
« Depuis 2019, les affaires de détournement de fonds publics se sont enchaînées autour du programme présidentiel des « 100 jours », des 15 millions de dollars destinés aux compagnies pétrolières et disparus dans la nature, ou de la très contestée taxe téléphonique RAM, dont la Commission économique parlementaire n’arrive pas à en trouver trace dans les comptes publics. Tout cela entache fortement l’image de chantre de l’anti-corruption qu’a voulu se forger Félix Tshisekedi à son arrivée à la tête de la RDC. Cela laisse enfin l’étrange impression qu’à la place du changement de système promis par le chef de l’Etat, une nouvelle élite corrompue a pris la place de la précédente, laissant la majorité des Congolais à leur triste sort. »[i]
Structures sportives nationales calamiteuses et en état de délabrement avancé
Illustration exaspérante de la mal gouvernance endémique du pays, ce qui se passe réellement ministère des Sports et Loisirs de la RDC agace plus d’un. Plusieurs journalistes sportifs étrangers se sont même sentis autorisés à parler du gangstérisme d'État. Effectivement, ils relèvent des actions illégales et moralement répréhensibles menées par un si haut commis de l'État, juste dans le but de servir des intérêts particuliers et de maintenir un régime hédoniste. Il ne s'agit des comportements qui s'apparentent à ceux des organisations criminelles, mais qui sont commis par des institutions étatiques et leurs représentants. La situation met en lumière un contraste saisissant. En effet, alors que les infrastructures sportives en RDC sont dans un état de délabrement très avancé et que les championnats nationaux souffrent gravement d’un manque criant d’équipement et de ressources, le ministère des Sports et Loisirs engage d’importantes sommes d’espèces sonnantes et trébuchantes dans des partenariats commerciaux avec de riches clubs européens sans contrepartie judicieusement défendable. Ces initiatives, présentées comme des efforts de promotion internationale, sont perçues par certains observateurs et enquêteurs comme potentiellement symptomatiques de pratiques de gestion problématiques, notamment lorsqu’il est question de rétro-commissions et de gestion opaque.
Les informations récentes, issues de diverses recherches approfondies, confirment et développent un tableau franchement apocalyptique :
- partenariats coûteux, superfétatoires et controversés. La RDC a effectivement signé des accords de partenariat avec de riches clubs européens très médiatiques comme l'AS Monaco, l'AC Milan et le FC Barcelone. Des montants importants sont évoqués, par exemple plus de 90 millions d'euros pour le sponsoring à l'international, ou 43 millions d'euros pour le partenariat avec le FC Barcelone ;
- indignation et contestation publique. Ces partenariats ont suscité une vive colère au sein de la population congolaise, dans les médias et au cœur de la société civile. Des jeunes sont descendus dans les rues de Kinshasa et d'autres villes pour exprimer leur contrariété, avec des messages clairs et piquants tels que « Le peuple attend des routes, des hôpitaux et des infrastructures sportives ; Le Barça peut afficher 'RDC cœur de l'Afrique', alors que le vrai cœur saigne» ;
- critiques idoines et justifiées sur l'utilité et la transparence. Des experts et observateurs remettent effectivement en question la pertinence de ces investissements dans le contexte actuel de la RDC. Ils soulignent le manque d'infrastructures sportives (stades délabrés, pelouses dégradées, vestiaires insalubres) et le fait que même des enceintes mythiques comme le stade des Martyrs de Kinshasa nécessitent des rénovations lourdes pour répondre aux normes internationales. La FIFA et la CAF ont d'ailleurs alerté à plusieurs reprises sur l'état inconvenant des équipements ;
- justifications misérables du ministère et contre-arguments. Le ministère des Sports et Loisirs, par l'intermédiaire de ses représentants, défend ces partenariats en invoquant la promotion de l'image de la RDC, le transfert de compétences (formation d'encadreurs, entraîneurs, managers sportifs, agents de joueurs, personnels médicaux etc…) et la professionnalisation du football congolais. Ils évoquent également l'objectif d'organiser la Coupe d'Afrique des Nations en 2029, pour lequel un plan de près de deux milliard de dollars ($ 1,8) est en discussion. Cependant, ces arguments sont perçus comme minables face à l’ampleur et à l'urgence des besoins locaux primordiaux et aux montants engagés. Les critiques insistent sur le fait que l'argent devrait d'abord servir à la construction et la réhabilitation des infrastructures locales et au développement des championnats nationaux, plutôt qu'à des opérations de « nation branding » ; dont les retombées concrètes pour le sport congolais sont peu lisibles ou lointaines ;
- problème endémique de corruption en RDC. Le problème de la corruption est structurel en RDC. Des cas de détournements de fonds publics sont fréquemment rapportés, et des accusations de corruption touchent régulièrement des acteurs politiques de premier plan. Bien que les dossiers spécifiques au ministère des Sports ne soient pas toujours médiatisés en détail, le contexte général de corruption dans le pays alimente les soupçons autour de ces faramineux partenariats en termes de rétro-commissions…
En résumé, la gouvernance du ministère des Sports et Loisirs du Congo, telle que décrite et corroborée par les informations disponibles, semble être un exemple criant de cette mal gouvernance systémique ; où des intérêts particuliers et la recherche de gains illicites prévalent sur le développement authentique et durable du sport national, au détriment des infrastructures, des championnats et des talents locaux.
Championnats nationaux et provinciaux en situation critique et à l’arrêt
Les Championnats nationaux et provinciaux congolais sont en situation critique, voire à l'arrêt, en raison de problèmes financiers, de logistiques, de l'insécurité généralisée et d'un manque de soutien institutionnel. Ces facteurs combinés entravent l'organisation et la tenue régulière des compétitions, affectant ainsi le développement sportif du pays. éléments concrets corroborant cette situation :
- difficultés financières. Les clubs et les fédérations manquent de fonds indispensables pour couvrir les frais de base pour le déplacement, l'hébergement, l'équipement et l'arbitrage. Dès lors, même l'organisation locale de compétitions devient inenvisageable. Le manque de financement est un problème récurrent qui touche l'ensemble du secteur sportif congolais ;
- fondamentaux logistiques précaires et problématiques. Les infrastructures sportives, notamment les stades et les terrains d'entraînement, sont généralement, tous, en mauvais état, voire inexistantes. Aucun moyen de transport viable dans tout le pays ; le réseau routier dégradé rend les déplacements difficiles et coûteux surtout. Ce qui complique l'organisation de compétitions interprovinciales ou nationales ;
- manque de soutien institutionnel. Obsédé par la quête des rétro-commission avec des partenariats juteux à l’étranger, le ministre ne préoccupe guère d'une politique sportive cohérente et d'un soutien financier adéquat aux structures. S’il intervient, c’est entraver l’envol des championnats. La décentralisation, censée permettre un meilleur développement du sport au niveau local, n'a pas été mise en œuvre de manière efficace, laissant les provinces à leur sort ;
- insécurité. La constance des guerres dans certaines provinces rend dangereuse la circulation des sportifs et des équipes, et empêche l'organisation de compétitions dans ces zones. L'Est du pays est particulièrement touché, avec des combats entre forces gouvernementales et groupes rebelles, causant des pertes humaines et l’errance sempiternelle et massive des populations. La sécurité étant l’une des principales tâches régaliennes de tout gouvernement, le Congo est-il gouverné ?
- interruption effective des compétitions. Des témoignages de sportifs, d'entraîneurs de dirigeants sportifs ainsi que des rapports des ONG ou des reportages font état d'interruptions fréquentes des championnats, voire de leur arrêt pur et simple, en raison des problèmes mentionnés ci-dessus…
Plus succinctement, l'ensemble de ces facteurs, ci-dessus, créent un cercle vicieux qui empêche le développement du sport en RDC et met en péril les championnats nationaux et provinciaux. À jamais, l’un des flux de revenus et d’entrée de devises les plus prolifiques, le sport ne peut cependant pas profiter au Congo et à sa luxuriante population, où pullulent des talents, à cause de la mal gouvernance…
De la résignation à la fatigue citoyenne, hypothèse de la passivité des Congolais
Comment interpréter la torpeur des Congolais face à la mal gouvernance de cette cleptocratie hédoniste de Tshilombo conduisant manifestement le pays à une faillite programmée ? En effet, force est d’observer que la passivité des Congolais face à la mal gouvernance d’un régime au comble de la prévarication, du tribalisme et du clientélisme aussi choquants, tel que les pratique Tshilombo, intrigue autant qu’elle inquiète. Pourquoi la société congolaise, principale victime des dérives institutionnelles, des choix politiques contestés et d’un manque criant de transparence, ne manifeste-t-elle pas une résistance plus vigoureuse ? Pour cerner cette attitude, il convient d’explorer les causes systémiques, historiques et psychologiques qui alimentent, voire entretiennent, ce phénomène :
- le poids de la répression et la faiblesse de l’État de droit
La crainte de représailles demeure un obstacle majeur à une résistance plus vigoureuse de la part d’une population sciemment compartimentée par le régime. Dans un environnement où la justice souffre d’un manque criant d’indépendance, où la police et l’armée des leviers du régime et sont constamment utilisées pour réprimer toute dissidence, beaucoup hésitent à s’exposer. Amnesty International a d'ailleurs appelé à ce que l’usurpateur Tshilombo soit tenu responsable des violations des droits de l'homme. L’appelant à faire respecter les droits humains, à lutter contre l’impunité et à remédie aux injustices socio-économiques profondément ancrées dans sa gouvernance. L’incertitude face à l’issue d’une contestation, associée à l’histoire récente de violences envers les manifestants, contribue à l’auto-censure et au silence ;
- l’émiettement social et l’absence de leadership unificateur
L’ethnocratie, la corruption et le clientélisme de Tshilombo ont bien réussi à fractionner l’espace politique et social congolais. Désuni et fortement compartimenté par régionalisme, clivages ethniques, rivalités politiques et par opportunisme ambiant, la société congolaise peine à faire émerger des leaders charismatiques porteurs d’un projet rassembleur à même de forger l’émergence d’un mouvement national cohérent défenseur du pays et de l’intérêt général. Cette fragmentation permet au pouvoir en place de diviser pour mieux régner ; limitant ainsi la portée des contestations ;
- la normalisation de la mal gouvernance et la fatigue citoyenne
Lorsque la mauvaise gestion devient la norme, que les scandales se succèdent sans conséquences notables pour les responsables, une forme de « fatigue démocratique » s’installe. Beaucoup finissent par considérer la corruption, la gabegie et l’opacité comme des fatalités inévitables, cultivant ainsi une tolérance résignée à l’égard de la situation. Ce fatalisme s’installe progressivement dans la société, renforce la passivité et affaiblit les dynamiques de changement ;
- facteurs socio-économiques : la survie avant tout
Dans un pays où la majorité de la population vit dans des conditions très précaires, la priorité de chacun reste d’abord la survie, la satisfaction des besoins de base. Le quotidien est rythmé par la recherche de moyens de subsistance dans un contexte de chômage massif, de services publics défaillants et d’infrastructures délabrées. Cette précarité réduit la disponibilité, l’énergie et parfois même la volonté d’engagement politique ou citoyen. Nombreux sont celles et ceux qui, absorbés par le souci de survie, ont peu de ressources à consacrer à des luttes collectives, d’autant plus que celles-ci ont rarement porté leurs fruits par le passé ;
- facteurs historiques et héritage de la mal gouvernance
L’histoire politique de la RDC est jalonnée de crises prolongées, de conflits armés et de régimes autoritaires successifs. L’issue surprise sur un impassible autocrate de trempe de Tshilombo, après des décennies de contestation réprimée dans le sang par l’imposteur Kanambe a porté un coup fatal à la résistance. Face à des cycles répétés de promesses non tenues et de détérioration continue des conditions de vie, une partie de la population a fini par développer un sentiment de désespoir et de fatalisme. L'idée que « rien ne changera » a conduit à une forme d'apathie. Voilà l’héritage qui a contribué à façonner une société marquée par un sentiment d’impuissance face à l’État. Les répressions passées, la violence politique et l’absence de perspective démocratique solide ont forgé, chez beaucoup, un réflexe de repli et de prudence. Face à la répétition des déceptions, une forme de résignation collective s’est installée, où l’on s’habitue à subir, craignant que toute contestation ouverte n’entraîne davantage de répression sans moindre gain ;
- la défiance envers les institutions et la société civile
Beaucoup de Congolais expriment une grande méfiance à l’égard des institutions étatiques, jugées inefficaces et corrompues. Même les initiatives de la société civile et des mouvements citoyens peinent à fédérer largement, tant la désillusion est profonde. Du reste, beaucoup d’animateurs des ONG ou de la société civile et de l'opposition ont été cooptés par la cleptocratie régnante à dessein de saper l’action et la crédibilité des mouvements de contestation. L’absence d’instances de contrôle solides et de mécanismes de reddition des comptes creuse le fossé entre gouvernants et gouvernés. Cet état de fait alimente l’idée que les efforts individuels ou collectifs sont voués à l’échec, et nourrit la passivité ;
- perspectives et voies de sursaut
Pourtant, la situation n’est ni figée ni sans espoir. Les mouvements citoyens, la jeunesse urbaine connectée et certains segments de la diaspora continuent de porter une voix critique et de réclamer plus de justice et de transparence. Le recours aux médias sociaux, l’accès à l’information et la pression internationale offrent des leviers pour sensibiliser, mobiliser et, à terme, provoquer un sursaut collectif. Cependant, pour que cela prenne corps, il faut que, par réseautage méthodique et rigoureux, un noyau de lancement se forme…
Ainsi, la passivité relative des Congolais face à la mal gouvernance du régime actuel est le fruit d’un ensemble complexe de facteurs historiques, sociaux, économiques et psychologiques. Comprendre cette situation nécessite de dépasser le jugement moral pour en saisir les ressorts profonds. L’avenir du pays dépendra largement de la capacité de la société civile à se renouveler, à se fédérer et à générer une nouvelle culture politique portée par l’exigence de redevabilité et de justice. C’est ici qu’on saisit à quelle portée la torpeur des « élites »[ii] congolaises est préjudiciable, néfaste…
En somme, cette passivité n'est pas nécessairement un manque d'intérêt ou d'indignation, mais plutôt le résultat d'un ensemble de contraintes structurelles, de peurs légitimes et d'une désillusion profonde ; qui rendent aussitôt l'action collective et la contestation directe difficiles et risquées pour la population congolaise.
Qui se ressemble, s’assemble …
Pourquoi l’impénitent frappeur Budimbu s’autorise à aller si loin dans ses turpitudes ? à atteindre le paroxysme de la prévarication sans état d’âme ? L’affligeant concussionnaire semble se comporter en un intouchable assuré. Persuadé qu’il ne peut faire objet d'aucun blâme, d'aucune sanction, il affiche l’assurance d’un juste initié. Les informations publiques disponibles, sur ce qui se passe au ministère des Sports et Loisirs en RDC, indiquent que le secteur sportif en RDC fait face à de nombreuses difficultés, liées notamment au manque d’entretien et renouvellement des matériels et infrastructures, à de grouillantes carences dramatiques et chroniques dans la structuration des championnats nationaux, à l’absence de transparence et à la mauvaise affectation des ressources disponibles ainsi qu’à la négligence persistante des infrastructures et équipements sportifs. Les médias et certaines ONG, aussi bien locaux qu’internationaux, ont régulièrement soulevé des interrogations sur la gestion des fonds publics et la pertinence des accords internationaux signés par le ministère…
Cependant, il est important de noter qu’en l’absence de rapports officiels détaillés ou de résultats d’enquêtes judiciaires rendus publics, il n’est pas possible d’affirmer de manière certaine l’existence de pratiques illégales ou de corruption institutionnelle au sein du ministère concerné. À l’heure où la justice congolaise est considérée comme étant en profonde crise - marquée notamment par un déficit criant de transparence, une dépendance systémique à la politique et des moyens restreints, il n’y a pas d’espoir d’avoir des données fiables. Néanmoins, les allégations de scandales ou de rétro-commissions, relevant souvent du registre de la suspicion, finissent par être corroborées et relayées par des journalistes d’investigation ou des acteurs de la société civile.
Dans un pays sans infrastructures de base, où l’immense majorité de la population est confrontée à des conditions de vie infrahumaines, avec leur corrélat des tragiques conséquences sur la santé physique et mentale, les sommes évoquées, qu’il s’agisse pour ces contrats d’apparat ou des rétro-commissions perçues par des fonctionnaires indélicats, donnent des vertiges à quiconque a le sens d’humanité et de responsabilité. Pourtant, magister du droit et défenseur des droits par vocation, « Maître » Budimbu, bien que Ministre de l’Etat, fait là une démonstration au point culminant, d'intensité maximale, de comble de transgression des devoirs de sa charge. Ses actions sont d’autant plus flagrantes et plus dommageables, qu’elles pénalisent, non seulement l'institution qu'il représente, mais aussi toute la société congolaise. Il est de ceux qui, dans cette cleptocratie hédoniste, ont atteint le paroxysme de la prévarication.
Eclairage,
Chronique de Lwakale Mubengay Bafwa
[i]. « La RDC de Tshisekedi toujours rongée par la mal gouvernance », sur Afrikarabia par Christophe Rigaud, Journaliste, directeur du site Afrikarabia consacré à l'actualité en République démocratique du Congo (RDC) et en Afrique centrale 08 Jan 2022
[ii]. Dans une communauté donnée, l’élite est ce qu'il y a de meilleur ; donc, ses membres les plus intelligents, les plus talentueux, les plus vertueux qui, par ces particularités, sont destinés à prendre conscience que c’est à eux qu’il revient l’assignation de guider, de gouverner l'ensemble de la communauté. Ainsi, alors qu’ailleurs les élites s’engagent et se mobilisent au maximum et au risque de leur vie pour jouer les premiers rôles dans la gouvernance de leurs communautés, ce sont les envahisseurs et les impérialistes étrangers qui recrutent et imposent des médiocres, des traîtres et des jouisseurs à la tête du Congo.