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Billet de blog 2 mai 2014

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Les déclarations de Michel Platini sur les brésilens sont tout sauf exemplaires

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« Ne dites pas à Michel Platini que des SDF ont affronté des policiers hier à San Paolo »

"S'ils peuvent attendre un mois avant de faire des éclats un peu sociaux". C’est la dernière sortie de l’enfant de Jeuf, figure de cette équipe de France de football devenu Président de l’Union Européenne des Associations de Football (UEFA).

Quelle mouche a piqué Michel Platini à conseiller aux Brésiliens de mettre leurs problèmes sociaux de côté pendant le Mondial 2014, alors qu'au moins une personne est morte au cours de violentes émeutes qui ont éclaté mardi soir à Rio dans une favela du quartier touristique de Copacabana, des pneus brûlés pour ériger des barricades, coups de feu et casse : les troubles ont commencé vers 17 h 30 locales après que le corps d'un danseur et DJ de la favela Pavao-Pavaozinho, Douglas Rafael da Silva Pereira, 25 ans, a été retrouvé mort dans une crèche locale.

  • Pourquoi les brésiliens protestent ?

L’augmentation des tarifs des transports déclenche la vague de contestation nationale dans la plupart des grandes villes hôtes qui devraient accueillir les rencontres de la prochaine Coupe du monde de football en 2014.

Une cascade de revendications autour de la santé, de l’éducation, contre les privatisations, contre la répression, globalement pour la défense des services publics, tous remis en cause par le gouvernement de Dilma Rousseff et le Parti des travailleurs (PT).

L’«océan de roses» sur lequel croyait naviguer Lula s’est transformé en une immense masse d’épines.

  • Impérialisme du Football

Le rôle politique du football en tant que phénomène d’écrasement des consciences, la puissance néfaste des stades en tant que lieu de dépolitisation massif, l’urbanisation sportive des villes comme nouvel environnement, enfin la stratégie dictatoriale de la FIFA sous la houlette d’une bureaucratie qui impose ses diktats.

En 2012, après une longue bataille parlementaire, l’État brésilien a fini par accepter la « Lei Geral da Copa » mise en œuvre par la FIFA.

Cette « Loi générale de la Coupe » impose des jours fériés aux villes hôtes lors des matchs de l’équipe du Brésil, diminue le nombre de places et augmente leur prix pour le public populaire, et autorise les boissons alcoolisées dans les stades.

L’interdiction légale de vente dans les enceintes brésiliennes est levée pour préserver le juteux contrat de la Fédération internationale avec la multinationale Anheuser-Busch, fabricant de la bière Budweiser, l’un des principaux sponsors de la compétition.

La « loi générale » exempte également d’impôts et de charges fiscales les entreprises travaillant pour la Coupe (dont celles qui rénovent ou construisent les stades), interdit (article 11) la vente de toute marchandise dans les « lieux de compétition officielle, dans leur entourage immédiat et leurs voies d’accès principales » et pénalise (article 23) les bars qui tentent de retransmettre les matchs ou qui font la promotion de certaines marques.

Elle considère enfin comme crime fédéral toute atteinte à l’image de la FIFA ou à ses sponsors ainsi que les publicités dites « d’embuscade » ou « d’intrusion » qui utiliseraient sans autorisation toute image reliée à la compétition et au football en général.

Afin d’appliquer le plus rapidement possible les sanctions – de la simple amende à des peines de deux ans de prison – la FIFA souhaite imposer des tribunaux d’exception pendant la Coupe du Monde.

Or, ce type de mesures est contraire à la Constitution brésilienne de 1988. Celle-ci stipule en effet, comme dans la majorité des pays développés, qu’il ne peut pas exister de justice et de tribunaux d’exception et que la justice doit être la même pour tous.

L’inconstitutionnalité de ces propositions ne semble pourtant pas paralyser la FIFA qui entend réitérer ce qu’elle avait mis en place durant la Coupe du Monde sud-africaine de 2010, à savoir la création de 56 « tribunaux de Coupe ».

La FIFA entend avoir une impunité complète pour tous les préjudices causés aux individus, aux entreprises et institutions durant la compétition.

L’État fédéral brésilien aurait donc la responsabilité pour « tous les types de dommages résultant de tout type d’incident et accident de sécurité en relation avec les événements ».

Ainsi, il pourrait être amené à rembourser la FIFA et ses partenaires commerciaux en cas d’attentats, d’accidents résultant du crime organisé, catastrophes naturelles, etc.

Par le biais de cette loi générale de la Coupe, la FIFA, comme le CIO (Comité International Olympique) d’ailleurs, est donc capable d’imposer sa loi inique au pays qui accueille les manifestations sportives.

La FIFA ne cesse de rappeler qu’elle n’est pas demandeuse mais que c’est bien le Brésil qui s’est proposé à la compétition mondiale accentuant d’autant la pression.

Le Droit des fédérations sportives s’impose ainsi aux Droits nationaux sans soulever l’indignation des responsables politiques!

Face au rouleau compresseur de la FIFA, les reportages télévisés ne peuvent éviter de montrer nombre de manifestants hostiles à la Coupe du monde de football: « Ne venez pas voir la Coupe » est l’un des slogans le plus souvent repris par les manifestants qui remettent en cause la Coupe du monde de football parce qu’ils comprennent qu’elle engendre une immense spéculation (les entreprises du BTP réclament en permanence des augmentations à l’État), qu’elle entraîne l’expulsion de milliers de familles, qu’elle rase des maisons et des quartiers d’habitation – et pas seulement des favelas – pour assurer le passage d’autoroutes reliant l’aéroport au nouveau stade (Castelao). Il s’agit ni plus ni moins d’un véritable nettoyage social et urbain au nom de la réussite de la Coupe.

Le président de la FIFA, Sepp Blatter (membre également du CIO), n’est pas resté sur la touche et a appuyé les propos de son secrétaire général, puisqu’il a affirmé, quant à lui, que la Coupe du monde 1978 en Argentine, était « une forme de réconciliation du public, du peuple argentin, avec le système, le système politique, qui était à l’époque un système militaire », tout en se félicitant de la réussite de son organisation.

Il faut rappeler que la compétition avait eu lieu malgré de nombreux appels au boycott par exemple en France, alors que le pays vivait sous le joug du régime sanguinaire du Général Videla, tout récemment disparu.

Les membres des organisations syndicales et de partis de gauche qui se faisaient découper à la scie à quelques centaines de mètres du stade, à la sinistre École supérieure de mécanique de la Marine, sauront apprécier – si certains vivent encore – les paroles du Président Blatter.

  • Les maux de l’UEFA  et de son Président

« C'est un ordre. Souriez, dansez, chantez. La Fifa vous regarde. », Déclare Pascal Praud :

« Michel Platini a raison. Qui sont ces gueux qui menacent la compétition ? Qu'ils retournent dans leur bidonville ! Et s'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche. Rio vaut bien une messe. Qui sont ces va-nu-pieds qui dénoncent les investissements du foot ? Rien n'est plus important qu'un ballon qui roule. Le Brésil, c'est le folklore, Copacabana, une carte postale, un monde magique, des plages et des filles. S'il vous plaît, rangez vos pancartes et faites la fête. On vous a choisis pour ça. C'est un ordre. Souriez, dansez, chantez. La Fifa vous regarde. » Continue Praud.

Le journaliste a aussi pointé du doigt le silence des médias français qui semblent protéger Platini: « Pas un mot dans la presse ce samedi pour commenter son hallucinante sortie. Les médias français ont canonisé saint Michel. Son passé de footballeur justifie cette clémence, mais pas seulement. Platini est craint. Peur des représailles. (…) Il n'oublie rien. Il est puissant. On le dit rancunier. Autant de raisons de faire profil bas. La bien-pensance a des indignations sélectives. »

Rien sur la présomption de tentative de corruption sur des haut-fonctionnaires du gouvernement européen du football que dirige Michel Platini, mettant en cause les conditions dans lesquelles l'Euro 2012 a été attribué à la Pologne et à l'Ukraine.

Pas grande chose sur les matchs truqués, signalés par informations d’Europol à l’UEFA que préside Platini,

Le milieu du sport est gangréné par les  affaires autour des transferts (Neymar, Bayle, Messi), et Michel Platini demande a des pauvres de dissimuler momentanément leur pauvreté.

« Soyer pauvres, très pauvres avant l’événement, après l’événement vous pouvez même crevez après mais pas pendant ». Voilà ce que veut le saint Michel Platini

Les attributions d’événements sportifs, se font par achats de voix, par de gros dessous de table, (La Pologne-Ukraine, pour l’Euro 2012 le Qatar pour la coupe du mode 2022, Sotchi  pour les jeux d’Hiver.)

Michel Platini, cet enfant de Jeuf, élu président de l’UEFA en 2007 et réélu, entre autre, pour le fair-play financier, l'arbitrageet la lutte contre la corruption. En sommes des chantiers qui assainissent le foot. Mais Platoche oublie le peuple qui fait vivre le foot après les investisseurs qu’il n’oublie jamais.

Michel Platini qui candidat veut la Lutte contre les fléaux du football : une volonté de combattre « le racisme, la xénophobie, les transactions financières douteuses, les paris clandestins, les dérives de la profession d'agent, le dopage ».

Ce Michel Platini demande aux brésiliens de se calmer un mois pour que les forces de l’argent se fassent u  festin avec les cariocas sans le polluer avec les manifestations des sans grades.

Honteux !

  • On peut être sportifs et citoyens

Comme le disait, à juste titre, l’ethnologue Marcel Mauss, le sport est un « fait social total », impliquant les dimensions politiques, idéologiques, culturelles, économiques et sociales de notre société. À ce titre, le sportif s’avance comme le porte-parole du sport, que l’on retrouve dans toutes les branches de la vie quotidienne. Lorsque ce dernier intègre le monde professionnel, il se voit jeter dans une sphère médiatiquement très exposée. Il peut alors devenir un modèle, ou non. Le sportif professionnel Michel Platini doit-il être un citoyen exemplaire ?

Oui !!

La surexposition médiatique de Platini en fait une personne, socialement et de façon non intentionnelle, haut placée, où ses gestes et paroles seront scrutés. Si le cadre familial ou scolaire n’est pas source d’exemple, les médias, et donc de façon indirecte les sportifs, amènent cette exemplarité. Tel est le rôle d’un citoyen exemplaire : montrer la bonne marche à suivre.

Les déclarations de Michel Platini sont tout sauf exemplaire !

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