Pour s'affirmer, il y'a parfois besoin de trahisons. Pensait Talleyrand. Manuel Valls en est la parfaite illustration!
On est même tenté de lui fredonner la Chanson de Roland, mise en forme à la fin du XIe siècle, raconte comment Ganelon, cet odieux personnage, compagnon de Charlemagne, s'est acoquiné avec Marsile, roi des Sarrasins, pour prendre au piège, à Roncevaux, le pur héros Roland, dont il était pourtant le proche parent.
Valls serait le Monsieur Caillaux de Clémenceau, se trouvant « fatalement au carrefour où se croisent tous les chemins de la trahison. » ?
Les trois bifurcations en fatwas de Monsieur Valls
Valls et la gauche : les fatwas libérales
Ce qui est frappant, c’est cette volonté très complaisante de rattacher à tout prix Manuel Valls à une tradition de gauche, et plus précisément socialiste.
On ne voit pas ce qui le relie à une tradition de gauche, socialiste, française. Ni même à la social-démocratie. Dans sa forme traditionnelle, la social-démocratie n’était certes pas pour le dépassement du capitalisme, mais pour une économie mixte, son fonds de commerce était la redistribution et les politiques égalitaires. Manuel Valls manifeste, lui, un désintérêt pour les questions d’inégalités économiques, il ne parle ni des ouvriers ni des problèmes des classes populaires et moyennes frappées par la crise.
Ses références à Moch et Clémenceau ne sont pas surprenantes. Ce sont deux républicains, dont un socialiste, qui étaient, comme Valls, très insensibles à la question sociale. Des ministres qui, rappelons-le, ont fait tirer sur les ouvriers en grève. Manuel Valls est un républicain dont la lecture de la République n’est pas celle de gauche, sociale, déclinée par exemple par Jean Jaurès, mais une lecture de droite, portée excessivement sur les questions d’ordre et de défense des biens et des personnes, qui laisse de côté la question sociale. C’est donc une grande surprise d’entendre dire qu’il « renouvelle » la social-démocratie.
Sans vilain jeu de mots, Manuel Valls c’est « la gauche affranchie », c’est la gauche « affranchie » de la gauche, et donc ce n’est plus une gauche. La République, en France en 2017, c’est le respect des institutions, vision totalement conservatrice. Il n’y a aucun discours critique sur ces institutions. Bien au contraire, son activisme pour la réforme constitutionnelle pour y intégrer la déchéance de la nationalité pour la binationale montre son intérêt à l'ordre même en contredisant la chaîne des valeurs République-Constitution. Le discours se focalise sur le besoin d’ordre et de sécurité physique.
Il voudrait se refaire une virginité politique de gauche dans son propre camp où il peine à s’affirmer et atteindre son ultime objectif : d'être le chef de tous, le chef de nous, le Roi à la place du Roi.
En attendant, il se livre au mensonge éhonté. Il fait preuve, une fois de plus de sa nature morale corrompue. Kant en parlait en écrivant : "le mensonge est le véritable lieu de corruption de la nature humaine."
Valls pourfendeur du gouvernement Ayrault : les fatwas politiques
Manuel Valls, aidé d'Arnaud Montebourg et Emmanuel Macron, étaient devenus alliés de circonstance pour renverser Jean-Marc Ayrault au printemps 2014.
Entre eux, le mariage de raison a duré cinq mois, le temps d'un bail commun au gouvernement entre avril et août 2014 sous la férule de Manuel Valls.
Le temps de leur union - ou plutôt conspiration -, le trio avait manœuvré pour évincer de Matignon Jean-Marc Ayrault, Premier ministre de François Hollande lors des deux premières années du quinquennat, jugé incapable d'animer l'équipe gouvernementale.
Une intrigue amorcée dès l'automne 2013 certes par Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif, et Manuel Valls, influent Ministre de l'Intérieur, par l'entremise d'Aquilino Morelle, à l'époque conseiller politique de François Hollande.
Enjeu de l'accord, M. Valls, tenant de l'aile droite du PS, accéderait ainsi à Matignon, et M. Montebourg obtiendrait en contre-partie une réorientation de la politique économique. Benoît Hamon, non exempt dans cet épisode mais qui valait le coup, alors ministre délégué à l'Économie sociale et solidaire, apporte la caution de l'aile gauche à la manigance qui aboutit le 30 mars 2014, soir de déroute pour le gouvernement aux élections municipales. Les maroquins tournent: Arnaud Montebourg voit ses prérogatives élargies à l'Économie, Benoît Hamon est promu à l'Éducation nationale.
Cette entente un peu contre-nature fait long feu et vole en éclats le 24 août 2014 lors de la Fête de la rose de Frangy-en-Bresse, fief de Saône-et-Loire d'Arnaud Montebourg. Une offensive coordonnée dans la presse de MM. Montebourg et Hamon la veille avait donné le ton : il faut cette fois une inflexion majeure de la politique économique. Devant ses partisans, aux côtés de M. Hamon, M. Montebourg insiste, moque devant les caméras François Hollande à qui il promet « une cuvée du redressement ».
Valls et le renoncement au dialogue : les fatwas sociales
La séquence "Loi travail" et son passage en force par un sur-usage du 49.3 qu'il a proposé de le supprimer, ne manque cependant pas de sel. En tant que Premier ministre, Manuel Valls aura eu recours au litigieux dispositif un total de six fois. D'abord pour la loi Macron, dite "loi Croissance et activité", que le chef du gouvernement a fait passer en force face à une majorité très récalcitrante. Au grand dam d'Emmanuel Macron, à l'époque nouvelle star de l'Exécutif, Manuel Valls a fait usage de l'article lors des trois phases de lecture parlementaire du texte. Rebelote en 2016, à l'occasion de la loi Travail présentée par Myriam El Khomri.
Son histoire de le supprimer si tant est qu'il s'y tienne est juste une autre manière de nous expliquer qu'il gouvernera comme il en rêve par ordonnances. Du Fillon dans le texte.
Valls n'aime que l'ordre et n'aime pas la chienlit des institutions. Le recours au mécanisme de l'engagement de la responsabilité personnelle fait partie de son ADN.
Les temps sont durs et le seront encore plus !
Le peuple veut un travail de renouvellement des politiques et de la classe gouvernante.
Ne pas prendre compte ce voeux, c'est ouvrir les portes à "un balai électoral" en 2017.
Je lui recommanderai de regarder la série Borgen. Il y trouvera sûrement des réponses aux interrogations de tout politicien amer ou corrompu, dépassé par le rejet grandissant des citoyens.
Il devrait remédier à sa mauvaise conscience pour ne pas sombrer dans le marécage des "tous pourri" dans lequel les électeurs l'ont mis.
Car au final, Il s’agit de rendre la politique intéressante pour la majorité en répondant à leurs attentes et en respectant les engagements.
Le pouvoir qui se joue entre quatre murs, les citoyens n'en veulent plus.
Nous vivons une époque politique où la crise financière nous force collectivement à essayer de comprendre ce que nous avons mal fait. La politique n’est plus désincarnée. Elle est incarnée par ces lames de fond citoyennes dont les insoumissions, #NuitDebout, France Insoumise et bien d’autres, ne sont qu'une des manifestations qui auront tout pour s’inscrire dans la durée.
Manuel Valls : un candidat de la déchéance présidentielle
« Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime, il est complice ». George Orwell
Complice, oui. Car il en veut encore de celui qui l’a trahi, qui lui a infligé les pires des coups, il a une occasion en or massif de le sanctionner et il ne le fera peut-être pas !
Celui qui veut être le chef de nous est associé à l’échec, à la déchéance et au passage en force et au gouvernement des fatwas institutionnelles.
La déchéance est tombée. Et c'était inéluctable. Elle est tombée et l'échec est retentissant!
La rigueur et l'esprit de la République voudraient que le porteur de cette réforme, à savoir Manuel Valls, tombe et ne bénéficie d’aucun plébiscite! Le contraire est de la responsabilité de l’électeur. Et l’électeur est le peuple souverain lui-même.
La rigueur et l'esprit démocratique voudraient qu'ils s'expliquent devant leurs électeurs sur cet échec dû à de mauvais choix sans concertation aucune.
Sans cela les électeurs le leur exigeront en 2017 et ça sera déjà trop tard !
Comment songer encore élire celui pour qui les mots "peuple", "solidarité", "parler vrai", ne veulent plus rien dire, tant ils ont été vidés de leurs sens par les désengagements dont il est l’artisan (ou le principal promoteur) ?
Ces mots sont au coeur de la relation avec le peuple.
Le peuple de gauche a besoin de maîtriser son existence, et d'instaurer une relation positive avec la vie politique. Il a souffert depuis 2002 du "Parler faux", du "Parler creux". Il a perdu cette confiance qui le lie à l'engagement et à la politique.
Le peuple de gauche aspire à une société qui délibère pour un projet commun.
Le peuple de gauche veut un travail de renouvellement des politiques et de la classe gouvernante. Ne pas prendre en compte ce voeu, c'est ouvrir les portes à "un coup de balai électoral" en 2017.
Or que peut faire un balai, sinon balayer ?

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