L’élection de Donald Trump est à prendre comme un pied de nez, au moins provisoire, à deux phénomènes devenus destructeurs de la souveraineté des peuples : l’endogamie des élites au pouvoir et la vigueur de l’antisystème.
L’endogamie des élites au pouvoir
Une participation à ces modes de choix de candidats devrait rompre le recyclage les vieilles grilles d’analyse qui font du candidat qui se conforme aux normes de l’impératif médiatique le favori de l’élection. La caste politique, dont le Parti Socialiste est un digne représentant, devra enfin admettre que l’écriture automatique des programmes qu’elle tient plus, ne correspond plus aux attentes des citoyens devenus exigeants en terme de respect des engagements politiques, qui vivent en direct les mutations mondiales et qui ne trouvent, face à eux, qu’une classe préoccupée de se reproduire au pouvoir et de maintenir son étroite endogamie. Président battu et rejeté qui se représente, des cumulards multi-mandats et des années-mandats astronomiques.
Encore heureux que nous n’ayant pas encore des présidents passés qui envoient leur fils ou leur compagne se faire élire à leur place comme c’est déjà le cas de certains mandats locaux ou chez le FN et LR au moins !
La vigueur de l’antisystème
De ces spectacles irréalistes, le populisme sort vainqueur, dans sa vigueur antisystème. Il gagne en jouant précisément sur une mondialisation trop facilement reconvertie en une machine capable de renouer avec l’égocentrisme national. Peu importe qu’en procédant de la sorte, il mente, simplifie, se complaise paresseusement dans le recyclage d’un nationalisme aussi périmé qu’inadapté.
Le mensonge aide à armer la contestation, mais le populisme est précisément en train de sortir de la contestation pour devenir un acteur du pouvoir. Tout le drame est là.
On peut raisonnablement penser qu’il n’ira pas plus loin, car il n’en a probablement pas les moyens : d’acteur de pouvoir, il n’est pas dit qu’il deviendra acteur de gouvernement tant ses « solutions » sont éloignées de la réalité de la gouvernance régionale ou mondiale qui, semble-t-il, devrait le banaliser dans sa stérilité.
Dégonflés comme des baudruches, les Boris Johnson, les Trump, les Erdogan ou les Orban, n’auront dans leur absence de pensée, qu’à s’aligner sur la médiocrité de ceux qu’ils dénonçaient encore hier.
Il reste qu’on ne soigne jamais bien le mal par le pire. Ces parcours populistes, en Grande-Bretagne hier, aux États-Unis aujourd’hui, en France au printemps prochain distillent, pour gagner, les poisons mortifères : identitarisme, haine du migrant, détestation de l’autre, dans sa religion, sa couleur ou sa nationalité, procès en sorcellerie faits à l’islam ou à tout ce qui ne vous ressemble pas.
La politique d’aujourd’hui se construit sur l’emballement de comportements sociaux qui ne bénéficient de l’appoint d’aucun visionnaire. Et ceux qui, dans la classe politique, sont privés de cette vertu viennent au contraire en tirer parti. Sans cela, les portes sont grandes ouvertes aux populistes de chez-nous !