Le point de départ est #OnVautMieuxQueÇa
Au début il y a le cri, pas la parole. Face à la mutilation des vies humaines par le système dominant du capitalisme, un cri de tristesse, un cri d’horreur, un cri de rage, un cri de négation :
Ça Suffit !
La pensée, pour dire la vérité du cri, doit être dénonciatrice. Nous ne voulons plus comprendre le système mais le nier. Notre expression libre est un moment de la pratique, comme une partie de la lutte pour changer le monde, pour en faire un lieu digne de l’humanité.
Mais, après tout ce qui s’est passé, comment pouvons-nous ne serait-ce que commencer à songer changer le monde ?
Un monde digne ne peut pas être créé par la seule action des dominants.
Durant des décennies, les efforts pour créer un monde digne de l’humanité ont été centrés sur l’État et l’idée de conquérir le pouvoir étatique.
Les principales pensées passaient leur temps à vouloir accéder au pouvoir étatique, par la voie parlementaire. L’histoire du XX° siècle porte à penser que la question des moyens de conquête du pouvoir n’était pas si cruciale.
Quelle qu’en soit la forme, la conquête du pouvoir n’a pas permis de réaliser les changements espérés par l'écrasante majorité. les gouvernements de gauche, ni les gouvernements de droite n’ont réussi à changer le monde de façon significative.
Le fait qu’il y ait eu tant de trahisons suggère que l’échec des gouvernements de gauche a des racines plus profondes. La raison incombe sûrement à la nature même de l'Etat identifié par la VÈme République. Est-il possible de se servir de l’État pour mener à bien un changement radical dans la société quand l’État est lui-même est une forme de rapport social qui s’inscrit dans la totalité des rapports sociaux capitalistes ?
La façon la plus pragmatique pour concevoir un changement aujourd’hui ne relève pas de la conquête du pouvoir mais de la dissolution du pouvoir ou la reprise en main par les citoyens.
Pour commencer à penser, à changer le monde sans prendre le pouvoir, il faut opérer une distinction entre le pouvoir d'agir et le pouvoir de dominer.
Le pouvoir d'action est toujours social, il émane toujours du flux social de l'implication concrète.
Ceux qui exercent le pouvoir dominant ne s'interessent pas aux actions citoyennes. Et quand ils se trouvent contraints de se l’approprier c'est pour s'en servir électoralement. Le flux social de l'action se trouve rompu. Le contrôle sur les citoyens devient la règle.
La rupture dans l'action des citoyens est la rupture de chacune des prérogatives de la société, et au final une rupture de notre pouvoir de contrôler notre vie par nous-mêmes.
Nous participons à la construction de notre propre subordination comme acteurs.
Comme travailleurs, nous produisons le capital qui nous domine. Comme enseignants, nous jouons un rôle actif dans la perception de la société comme identité, dans la transformation de notre modèle social.
Il est facile de tirer des conclusions très pessimistes sur la société actuelle. Les injustices et la violence et l’exploitation hurlent à nos oreilles, mais il semble pourtant qu’il n’y ait pas d’issue possible.
Le système en place pénètre chaque aspect de nos existences profondément.
Le cri initial de rage face aux horreurs de notre soumission ne nous quitte pas mais nous apprenons à vivre avec lui. Nous devenons des promoteurs inconscients de l'ordre établi, même si nous reconnaissons que nous ne pouvons rien faire. La désillusion conduit à accepter que ce qui est comme une fatalité.
A participer donc à la sédentarisation des dominants.
Quoi qu’il en soit, la fuite des dominants face aux acteurs que nous sommes est vaine. Leur pouvoir ne peut pas être autre chose que la métamorphose du pouvoir du peuple. Ils ne peuvent en aucun cas s’émanciper de leur dépendance vis-à-vis des dominés que nous sommes. Si tu peux simplifier encore cette phrase
La certitude se trouve dans l’homogénéisation du temps, dans la transformation de l'action en pouvoir écrit John Holloway.
La mort des vieilles certitudes est une libération.
De question en question nous nous frayons un chemin.
Et à la fin, un jour, un éclair !